04/09/2007

Le documentaire le plus atypique de la Mostra vient d'être présenté sur le Lido : il s'agit de Staub, de l'Allemand Hartmut Bitomsky, titre qui s'écarte fortement des genres traditionnels de la non-fiction, souvent déclinée (même à Venise) sous les formes classiques de la biographie ou du film choral.

Le défi que se propose ce film est de raconter l'infiniment grand (guerre, pollution, économie) à travers l'infiniment petit. Avec son diamètre de 0,1 millimètre, la poussière est à la limite ultime de ce qui se voit à l'oeil nu : Staub en fait son héroïne et une guide d'exception dans les contradictions de notre temps, non sans rappeler avant tout chose qu'un film, comme la poussière, se compose de grains et que, donc, chaque film est fait d'une "poussière qui resplendit dans l'obscurité des salles".

Pour juger du talent de Hartmut Bitomsky,il suffit de remarquer les mouvements de caméra, la précision des cadrages, et la subtilité psychologique du film : chaque semaine, une femme démonte son téléviseur pour le nettoyer dans la baignoire, défi titanesque qui plairait à Werner Herzog, parce que c'est un combat voué à l'échec, dans la mesure où, comme l'a écrit Raymond Queneau, quels que soient nos efforts, la poussière laisse toujours un résidu. Et des conséquences.

Les soldats américains le savent bien : la poussière des missiles à l'uranium appauvri provoque chez leurs enfants des malformations qu'on voit dans le film, images terribles qui sont le pendant tragique de la quotidienneté de nos existences, empoussiérées mais vivables.

En produisant le film de Hartmut Bitomsky, qui est le meilleur antidote à la platitude télévisuelle de bien des documentaires récents, Ma.ja.de. confirme sa position de chantre de l'excellence du documentaire européen. Les ventes internationales du film (coproduit par Big Sky Film, WDR et la société suisse Dschoint Ventschr Filmproduktion) ont été confiées à Deckert Distribution.

(Traduit de l'italien)