email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2005 Horizons

East of Paradise : héros et victimes

par 

Une grande audace sur le front des documentaires présentés dans la section Horizons caractérise cette année la Mostra vénitienne. Et le travail expérimental East of Paradise, production majoritaire française d’Agat Films signée par le cinéaste américain d’origine polonaise Lech Kowalski en est l’éclatante démonstration. Figure du cinéma underground, le réalisateur spécialiste de la marginalité sous toutes ses formes (drogue, quotidien des sans-abris, groupes de musique destroy...) boucle avec son nouveau film une trilogie consacrée aux pays de l’Est et soutenue par la chaîne de télévision franco-allemande Arte. Entamée en 2000 par The Boot Factory et son atelier de chaussures à Cracovie géré par des punks, poursuivie en 2002 avec le road movie On Hitler’s Highway (autoroute construite vers l’Est par le Reich), la série se conclut avec East of Paradise, stupéfiante mise en parallèle de la vie de la mère du cinéaste durant dans la 2e Guerre Mondiale et de celle de Lech Kowalski lui-même dans l’underground new-yorkais.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Très charismatique, la mère du réalisateur se raconte durant une heure, filmée dans une pièce quasi vide. Mais l’intensité extraordinaire de son histoire nourrie de détails et d’émotions saisies avec pudeur par des plans extrêmement sobres captive l’attention. Le récit qui démarre en Pologne en septembre 1939 avec la double invasion allemande et soviétique retrace une errance effroyable: rafles, déportation, goulag, la famine où l’on mange des poux et des pelures de pommes de terre pour survivre. Une odyssée traversée par la mort, le travail forcé, les interrogatoires absurdes du NKGB et des rencontres fugitives pleines d’humanité. Ce tableau de la lutte pour la survie est alors interrompu par des larmes avant qu’East of Paradise ne bascule brusquement au début des années 80, dans le sillage d’un skate-boarder junkie et borgne. Sur des musiques de Charlie Mingus, Marvin Gaye et James Brown, Lech Kowalski revient sur son apprentissage du cinéma et son attrait pour l’anarchie. Rythmé par des images de ses premiers documentaires dans une dangereuse New York nocturne et par son film sur la tournée américaine des Sex Pistols, le cinéaste établit un lien inattendu entre les bas-fonds de la société moderne et les déplacés de la seconde guerre mondiale, tous à la fois héros de leur survie et victimes de pouvoirs totalitaires, qu’ils soient soviétiques ou ultra-capitalistes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy