email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

KARLOVY VARY 2022 Compétition

Critique : Borders of Love

par 

- Les choses se compliquent dans le film de Tomasz Wiński en lice pour le Globe de cristal de Karlovy Vary : un couple veut plus, et se retrouve avec moins

Critique : Borders of Love
Hana Vagnerová et Matyáš Řezníček dans Borders of Love

Borders of Love [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Tomasz Wiński
fiche film
]
de Tomasz Wiński, qui vient de recevoir le Prix FIPRESCI au Festival international du film de Karlovy Vary (lire l'article), est un successeur intéressant à la vague des films érotisants cheap, extrêmement populaires, qui soulèvent quelques polémiques mais s'en tiennent à vrai dire à des valeurs risiblement traditionnelles. Cependant, ceci n'est pas un nouveau Cinquante nuances, ni (dieu merci !) un nouveau 365 jours [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, car ici, la vie dans toute sa laideur trouve sa place dans les aventures sexuelles dépeintes, qui compliquent tout et vont aboutir à des cœurs brisés ou des révélations personnelles, ou les deux.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

L’histoire, co-écrite par l’actrice Hana Vagnerová, est au début tellement douceâtre qu'on souffre un peu. Petr et Hana (Matyáš Řezníček et Vagnerová), sont jeunes, toujours amoureux et toujours pleins de désir l'un pour l'autre – ou du moins c’est ce qu’il semble, mais leur manie de se filmer l'un l’autre met d'emblée la puce à l'oreille. Un certain ennui commence déjà à s'insinuer dans leur relation, et comme ils ne veulent pas spécialement se séparer, ils se mettent à explorer. Les choses commencent de manière assez innocente dans un bar, par un petit pari qui aboutit à ce qu’ils invitent une personne inconnue dans leur vie pour une nuit. Ce qui est intéressant, et à vrai dire assez crédible, c'est que personne n'ose reculer, même s'il est difficile de savoir si les personnages veulent vraiment ça ou pas.

L’excitation initiale passée, il devient clair qu’ils ont une idée très différente de la manière dont ils devraient aborder la suite. Il se lasse et devient un peu jaloux tandis qu’elle développe des sentiments forts pour une tierce personne. "On appelle ça 'l'héroïne'", dit à Petr un ami plus expérimenté au sujet de la passion naissante de Hana. Sur la dynamique de la relation "ouverte", il lui promet qu’au bout d'un moment, "les sentiments de malaise s'en vont et il ne te reste que le plaisir".

Apparemment pas à tous les coups –ce qui fonctionne pour une personne ne fonctionne pas nécessairement pour un autre couple. Cependant, ils continuent, même si leur vie sexuelle à deux commence à en souffrir. L’intimité qu'on voit au tout début (dans une scène où la caméra se rapproche tellement des personnages qu’on peut compter chaque tache de rousseur) s'est envolée, et ce qui était censé les amener au niveau supérieur a l'effet inverse.

Il y a quelque chose de prévisible (un constat qui ne va pas sans une certaine mélancolie) dans la manière dont cette histoire va se déployer : il semble qu'à chaque fois qu'un film parle d'un couple qui explore ses limites sexuelles, quelqu’un va souffrir ou en porter la faute aux yeux de l'autre – Kubrick ne le savait que trop. Ce qui donne un peu de fraîcheur à cette histoire en particulier est la décision de Wiński de montrer les coulisses du fantasme, à savoir toutes les situations gênantes, tous les rendez-vous qu'il faut avoir avant qu'un plan à trois ne puisse se produire.

Tout cela est très drôle, et inconfortable. Clairement, toutes les idées qu'on peut avoir sur ce genre de rencontres libérées paraissent soudain bien moins attrayantes quand le sexe est interrompu par un bébé qui pleure ou qu’on est forcé d'échanger des banalités avec un mari qui était juste là pour regarder : "Elle va revenir dans une minute", assure-t-il poliment. À travers ce genre de scène, Borders of Love montre comme il peut être compliqué, triste et déplaisant de mettre ses fantasmes en pratique – ou comme cela peut être hilarant, selon votre degré personnel de résistance à la douleur.

Borders of Love a été produit en République tchèque par Endorfilm et One Way Ticket Films, en coproduction avec la société tchèque PINK, la Télévision tchèque et la maison polonaise Lava Films. Les ventes internationales du film sont gérées par Loco Films.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy