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KARLOVY VARY 2022 Compétition

Critique : Silence 6-9

par 

- Le premier long-métrage de fiction de Christos Passalis est un ajout intéressant à la liste des films relevant de la "nouvelle vague grecque", caractérisée par une certaine étrangeté

Critique : Silence 6-9
Angeliki Papoulia et Christos Passalis dans Silence 6-9

Cette année, la nouvelle vague grecque, connue pour son étrangeté, a ajouté un autre nom à sa liste de réalisateurs. Christos Passalis, jusqu'ici reconnu pour son travail d’acteur (il a joué le rôle du fils dans Canine [+lire aussi :
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et celui de Manolis dans The Miracle of the Sargasso Sea [+lire aussi :
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), s'est tourné vers la mise en scène, d’abord avec un essai documentaire expérimental dévoilé à Berlin, The City and the City [+lire aussi :
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, qu’il a co-réalisé avec Syllas Tzoumerkas, à présent avec un film de fiction, Silence 6-9 [+lire aussi :
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, que Passalis a réalisé seul. La compétition pour le Globe de cristal de Karlovy Vary pourrait s’avérer le parfait tremplin pour une histoire d’amour cryptique, onirique et rétro-futuriste comme celle-ci.

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Le titre vient d’une règle d’or en vigueur dans la ville anti-utopique largement abandonnée dans laquelle arrive le héros, Aris (incarné par Passalis lui-même) : les habitants doivent rester complètement silencieux entre 6h et 9h du matin, de manière à ce que les antennes qui entourent la cité puissent enregistrer. Et qu’est-ce qu’elles enregistrent ? Tout ce qui se rapporte aux habitants de la ville qui ont disparu, et qu’on n'a jamais pu retrouver. Avant de disparaître, ils ont toutefois enregistré chacun sa cassette, pour que les autres, ceux qui sont restés, puissent se souvenir d'eux.

Un peu comme au début de Dead Man de Jim Jarmusch, on a ici un étranger qui arrive dans une ville étrange pour faire un travail étrange pour un homme étrange, qui s’appelle "Le Manager". Ce nouveau poste ne lui est pas encore totalement acquis : il doit attendre la confirmation du Manager, qui pourrait avoir perdu la tête. En attendant, il loge dans un hôtel avec Anna (interprétée par Angeliki Papoulia, déjà aux côtés de Passalis dans Canine et The Miracle of the Sargasso Sea) une femme dont dans le métier est de jouer dans un spectacle conçu à partir des cassettes enregistrées par les gens disparus. Comme ils ont beaucoup de temps à perdre dans cette ville désolée, ils se rapprochent l'un de l'autre et finissent par tomber amoureux. Ou n'est-ce qu'un rêve partagé par deux personnes qui ne se connaissent pas et sont dans le coma à l’hôpital, peut-être en référence à Inception de Christopher Nolan ?

Les histoires qui se passent dans des mondes déformés, par exemple dans des futurs ou des présents dystopiques, demandent qu'une attention toute spéciale soit accordée aux détails qui vont permettre de créer cet univers, ce qu'il est généralement difficile de réussir à faire dans un format court de 80 minutes seulement. À cet égard, le travail de Passalis est fort louable, dans les trois rôles qu’il endosse ici : acteur principal, réalisateur et co-scénariste. Son film est si bien écrit qu’il intrigue le spectateur sur toute sa durée, tout en dévoilant au compte-gouttes les informations nécessaires. Il est aussi parfaitement exécuté sur le plan visuel, un peu dans la lignée des classiques de la nouvelle vague grecque : les plans, méticuleusement composés et extrêmement symétriques, principalement statiques, montrent un paysage aride dont les couleurs ont été délavées par le soleil (filmé par Giorgos Karvelas). Les décors de Márton Ágh, qui ne comprennent aucun objet postérieur à la moitié des années 1990 (au-delà des antennes), sont aussi un des points forts du film, et l’histoire d’amour est convaincante, grâce à l’alchimie entre les deux acteurs principaux.

Le seul petit problème potentiel avec Silence 6-9 est sa nature cryptique. Un film de ce type est clairement la métaphore de quelque chose, ou de plusieurs choses, et la réponse à la question du sujet central dont traite ce film ne va pas plaire à certains spectateurs, surtout vu la signification possible des manifestations anti-cassettes et anti-silence, et du nouveau gouvernement qui les mène. Il n’en reste pas moins que Silence 6-9 est un mélange habile de style, de substance, d’émotion et de provocation qui laisse au spectateur beaucoup de choses à ruminer.

Silence 6-9 a été produit par la société grecque Homemade Films.

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(Traduit de l'anglais)

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