email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2022 Un Certain Regard

Critique : Tirailleurs

par 

- CANNES 2022 : Mathieu Vadepied plonge Omar Sy dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, en père tentant par tous les moyens d’en extraire son fils enrôlé de force au Sénégal

Critique : Tirailleurs
Omar Sy dans Tirailleurs

"Quoi qu’il arrive, on ne se sépare pas." Que valent de tels mots sur le point de devoir se jeter sous la mitraille dans un no man’s land qui ne cesse de se gorger de morts sous le feu aléatoire des obus qui s’abattent ? Que vaut cette promesse d’un père à son fils quand ils sont pris au piège de la folie de la guerre qui est venue les happer en 1917 jusqu’au fin fond de leur Sénégal natal ? Revisitant, sous un tout autre angle et durant un autre conflit mondial, le sujet des Africains des colonies incorporés dans l’armée française abordé par Indigènes [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Jean Bréhat
interview : Rachid Bouchareb
fiche film
]
en 2006, Mathieu Vadepied a ouvert avec Tirailleurs [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
le programme Un Certain Regard du 75e Festival de Cannes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

"On va s’en sortir". Bakary Diallo (Omar Sy sobre et impeccable) en est à son second échec pour tirer son fils des griffes de l’incorporation de force dans les troupes françaises qui raflent les jeunes hommes dans les villages aux confins des terres coloniales pour s’en servir comme chair à canon dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Tenter de le cachera échoué, alors Bakary s’est engagé sous une fausse identité, masquant son lien familial avec Thierno (Alassane Diong) et, avant que les néo-soldats n’embarquent pour la France, c’est une évasion manquée qui envoie directement le père et le fils au trou, dans une cage prémonitoire sous terre.

Une fois au front, non loin d’une colline que Français et Allemands ne cessent de se reprendre au rythme des décisions de leurs états-majors respectifs et au prix de pertes humaines innombrables, Bakary (qui ne comprend que le peul) continue à échafauder des plans pour s’enfuir. Mais Thierno (qui a appris le français à "l’école des blanc") tombe sous l’emprise du lieutenant Chambreau (Jonas Bloquet) qui vise un exploit militaire pour attirer l’attention de son général de père. Montant en grade, Thierno doit maintenant donner des ordres à Bakary et, se sentant devenir un homme, refuse d’écouter son père et tourne peu à peu le dos à sa culture d’origine. Qui protège qui désormais ? Et jusqu’où ira Bakary pour sauver Thierno contre son gré ?

"Plus vite, plus vite", le scénario concocté par Mathieu Vadepied et Olivier Demangel avance tambour battant, resserré autour des deux personnages principaux et de deux figures secondaires plus croquées qu’approfondies. Film à message sur le sacrifice (d’un père pour son fils, des Africains pour la France), Tirailleurs ne s’embarrasse pas de nuances, faisant primer une efficacité narrative et visuelle qui fait la part belle à Omar Sy. Tout à fait respectable, le long métrage occupe néanmoins une place assez étonnante (on l’aurait mieux vu hors compétition) dans la sélection Un Certain Regard dont la ligne artistique est à priori nettement plus exigeante. Le positionner en plus en ouverture est donc en soi-même un message du Festival de Cannes, d’une part à la mémoire des Africains tombés pour la France et d’autre part en l’honneur de la célébrité mondiale française contemporaine qu’est devenu Omar Sy.

Produit par Unité et Korokoro, Tirailleurs a été coproduit par Gaumont (qui pilote également les ventes internationales), France 3 Cinéma, Mille Soleils et la société sénégalaise Sypossible Africa.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Galerie de photo 19/05/2022 : Cannes 2022 - Tirailleurs

31 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Mathieu Vadepied, Omar Sy, Alassane Diong
© 2022 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy