email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2022 Quinzaine des Réalisateurs

Critique : El agua

par 

- CANNES 2022 : Elena López Riera se lance dans le long avec un film fluide qui s’infiltre tout naturellement sur le terrain du documentaire comme sur celui de la légende et du mystère

Critique : El agua
Luna Pamies dans El agua

Le cinéma espagnol tend actuellement à tourner son regard vers la campagne, ses villages et la ruralité en général. À des travaux encensés à Sundance (Cerdita [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Carlota Pereda
fiche film
]
, un film à suspense de Carlota Martínez Pereda qui se passe en Estrémadure) et Berlin (Alcarràs [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Carla Simón
interview : Carla Simón
interview : Giovanni Pompili
fiche film
]
de Carla Simón, un film situé en Catalogne qui a ressuscité le box-office du pays) viennent s'ajouter deux titres du programme du 75e Festival de Cannes dont l'action se déroule très loin de la ville : As bestas [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Rodrigo Sorogoyen et Isabe…
fiche film
]
de Rodrigo Sorogoyen (dont l’action se passe en Galice) et El agua [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Elena Lopez Riera
fiche film
]
, un premier long-métrage tourné dans le Levant espagnol par la réalisatrice maintes fois disinguée pour ses courts-métrages Elena Lopez Riera, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs après avoir participé à la Cinéfondation de Cannes, où il a obtenu le Prix du CNC du meilleur projet.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Lopez Riera, qui vit en France et dont la réputation artistique s'ancre dans l’expérimentation, l'avant-gardisme et la modernité, avait déjà laissé pressentir ce que donnerait son premier long à travers les images et les sons de son travail antérieur, le court-métrage Los que desean, qui s'est illustré dans les festivals partout dans le monde et s’est retrouvé finaliste dans cette catégorie aux EFA.

C'est que la cérémonie des colombes peintes de toutes les couleurs qui était au coeur du court réapparaît dans une scène d'El agua, un film porté par une écriture d’une précision de pointilliste, extrêmement riche en symbolismes, en sous-entendus et en métaphores, avec l’élément liquide comme axe et thème central, mais aussi de nombreux courants souterrains parcourant son sous-sol, qui peuvent représenter tant la passion amoureuse que la pulsion de la croissance ou la nécessité impérieuse et vitale de se mettre à voler de ses propres ailes, abandonnant les nids et étroitesses sociales.

Le film a été tourné à Orihuela, la commune natale de la réalisatrice, qui l'a laissé derrière elle depuis longtemps pour aller explorer de nouveaux horizons vitaux et créatifs, une veine autobiographique qu'on perçoit dans sa trame pendant qu'une autre, mystérieuse, électrique et tragique (la région où se passe le film est tristement célèbre pour des crimes affreux commis sur des adolescentes) palpite sous sa surface.

Les malédictions, l'ésotérisme, la tradition et un lourd héritage familial flottent également (et parfois sombrent) dans ce calme tendu qui précède l’éclatement de la furieuse tempête, qui voit les trois femmes au centre du film (une fille, sa mère et sa grand-mère, interprétées respectivement par la débutante Luna Pamies, Bárbara Lennie et une Nieve de Medina qui nous manquait beaucoup sur le grand écran) confrontées à un environnement social fait de répression.

Dans le même temps, une légende insuffle du mystère (et un certain lyrisme) à ce film (illustré par de vieux documents visuels) que certaines voisines du village narrent à travers de courts plans fixes en forme d'interludes face caméra, ce qui démontre de nouveau que Lopez Riera nage harmonieusement et sans crainte dans tous les genres cinématographiques.

El agua est une coproduction entre la Suisse, l’Espagne et la France qui a réuni les efforts de Alina Film, Suica Films et Les Films du Worso. En Espagne, le film sera distribué par Filmin avec Elastica. Les ventes internationales du film sont gérées par Elle Driver.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy