email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SÉRIES / CRITIQUES Italie

Critique série : Bang Bang Baby

par 

- La nouvelle série originale italienne Amazon est une histoire d'ados sauce thriller dont l’héroïne est une jeune fille qui se jette dans l’univers criminel par amour pour son père

Critique série : Bang Bang Baby
Arianna Becheroni dans Bang Bang Baby

C’est sur un spot publicitaire iconique pour Big Babol dont tous ceux qui étaient enfants il y a quarante ans se souviendront bien (une petite cowgirl y fait de grosses bulles de chewing-gum roses qui finissent par exploser) que s'ouvre la nouvelle série originale italienne estampillée Amazon Studios, Bang Bang Baby. Le ton est ainsi établi d'entrée de jeu. Imprégné de culture pop des années 80, cet objet audiovisuel singulier né de l’esprit d’Andrea Di Stefano, qui l'a scénarisé avec Valentina Gaddi et Sebastiano Melloni et réalisé sous la supervision artistique de Michele Alhaique (qui a aussi réalisé six de ses dix épisodes, les quatre autres ayant été confiés en alternance à Margherita Ferri et Giuseppe Bonito), est un audacieux medley de genres (crime, récit d’apprentissage et comédie noire) avec un habillage visuel captivant et une atmosphère onirique, sombre et bariolée à la fois, qui tente, entre ironie et ton inquiétant, de restituer le point de vue d’une adolescente tourmentée qui se retrouve à descendre dans l’enfer du crime organisé en échange de l’amour de son père.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Bang Bang Baby, librement inspiré d’une histoire vraie (racontée dans le livre  “L’intoccabile” de Marisa Merico), a pour personnage central Alice (Arianna Becheroni), une jeune fille de 16 ans introvertie qui vit avec sa mère ouvrière dans une petite ville du nord de l’Italie. Nous sommes en 1986 et la télévision renvoie les images papier glacé des publicités et des sitcoms, où tout le monde s'aime bien et où tout le monde est heureux. Alice ne l’est pas tant que ça, car elle a un gros poids sur le cœur : son père Santo (Adriano Giannini) est mort dix ans plus tôt, tué sous ses yeux alors qu'elle faisait un tour de manège dans un parc d'attraction avec sa mère Gabriella (Lucia Mascino). Un jour, cependant, des pages du journal dédiées aux faits divers surgit un visage qui lui est familier : son père n’est pas mort, comme sa mère le lui a fait croire toutes ces années.

Alice veut comprendre pourquoi on lui a caché la vérité, et donc elle part pour Milan pour aller y trouver sa grand-mère paternelle. Nonna Lina (Dora Romano) l’accueille à bras ouverts, de même que toute sa pittoresque famille calabraise. Mais derrière ce sourire affectueux se cache une impitoyable cheffe de clan de la ‘Ndrangheta. À travers sa grand-mère, Alice retrouve son père Santo, à présent en prison. Santo, séducteur et manipulateur, est un criminel. Il a de gros soucis et seule sa "princesse" à peine retrouvée peut l’aider. "J’ai toujours voulu avoir un père avec qui regarder Happy Days”, lui dit Alice, prête à tout pour avoir de nouveau son père à ses côtés. Ils font donc un pacte : "Si je fais ce que tu me dis, tu seras de nouveau mon père ?". Pour Alice, cette entente représente la perte de l’innocence et le début d’une éducation criminelle féroce, parce que l’amour (dit sa voix hors-champ) "nous fait faire des choses qui vont contre la logique et contre nous-mêmes, juste pour être aimés, mais il suffit d'un instant pour que le rêve tourne au cauchemar".

Le cauchemar est vu à travers le regard d’une adolescente des années 1980 et son imaginaire pop (composé des musiques, des téléfilms, des pubs et des jeux vidéo de l’époque) devient un moyen pour filtrer ses émotions et pour affronter les situations choquantes qui se présentent à elle. Un voyage façon "Alice au pays (pas du tout) des merveilles", comme le décrit Alhaique,  où la caméra se meut à des rythmes différents, entre vues panoramiques, zooms, grands angles et lumières au néon, pour ensuite se coller aux visages et aux souffles, en particulier ceux de l’héroïne et de son père, mais aussi ceux de Lina la grand-mère, qui se démarque parmi tous les personnages (tous dotés de multiples facettes) pour son double visage, entre mamie du sud aimante et femme capable d’une cruauté impensable. La troupe comprend aussi Antonio Gerardi dans le rôle d’une sorte d'"idiot du village" dont les attaques de colère impromptues ne peuvent être calmées que par une chose : les chansons de George Michael.

Bang Bang Baby est produit par The Apartment et Wildside en coproduction avec Enormous Films. Les cinq premiers épisodes sont disponibles sur Prime Video à partir du 28 avril ; pour les cinq autres, il faudra attendre le 19 mai.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy