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NIGHT VISIONS 2022

Critique : Mandrake

par 

- Dans le premier long-métrage de Lynne Davison, le mystère prime sans conteste

Critique : Mandrake
Deirdre Mullins dans Mandrake

Un des aspects intéressants du premier long-métrage de Lynne Davison, Mandrake [+lire aussi :
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, c’est qu’on a beau être attentif pendant la séance, on ne sait pas exactement, en quittant la salle, ce qui s’est passé. Et franchement, ce n'est pas déplaisant. Tant de films d’horreur se plantent quand vient le moment de tout expliquer et désigner les coupables. Ici, c’est le mystère qui prime.

Mandrake, projeté dans la section Folk Horror de Night Visions, mélange la figure bien connue du "il y a quelque chose là-bas dans les bois" avec ce qui fait l’effet d’une dose de réalisme social à la Ken Loach, principalement du fait du personnage central (Deirdre Mullins), dont le métier est d'aider d'anciens détenus à se réinsérer dans une société qui ne les veut pas et n'a pas besoin d'eux. Cet ingrédient, qui se présente initialement comme une grosse part du film mais s'avère juste un motif parmi d'autres, permet cela dit de poser nettement certains de ses enjeux : les questions de la culpabilité et du pardon, et la possibilité ou pas pour quelqu'un de vraiment reprendre sa vie à zéro au lieu de retomber dans les vieilles habitudes – si tant est qu'on ait le choix.

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Cathy, contrôleuse judiciaire, semble avoir un peu plus d’espoir que la plupart des locaux autour d’elle, ou peut-être qu'elle est juste habituée à son travail – après tout le film n’a pas commencé depuis quelques minutes qu'elle se fait déjà agresser, de sorte qu'elle ne risque pas de prêcher l'idée que tout le monde est, fondamentalement, quelqu'un de bien. Elle a tout vu, entendu toutes les excuses et à vrai dire, elle a l'air un peu lessivée. Son propre petit garçon (Jude Hill, de Belfast [+lire aussi :
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) se sent plus à l'aise avec la nouvelle partenaire de son mari, une figure bien plus "maternelle" (et enceinte elle-même), mais Cathy poursuit sa vie sans ciller et ne voit pas d'inconvénient à aller rendre visite à une certaine “Bloody” Mary Laidlaw (Derbhle Crotty) qui vient, après des années en prison, d’être relâchée dans une communauté qui n’a pas oublié ses actes.

C’est une figure suspecte, un peu déchaînée, mais Davison rend difficile pour le spectateur de détester activement quiconque dans son film. Mary a tué son époux il y a des décennies, mais il lui faisait vivre un enfer. Est-elle une sorcière, une psychopathe ou juste une femme solitaire rejetée par ses voisins ? Essayer de le déterminer fait sans doute partie de l’amusement, et ce même avant que le mythe de la mandragore entre en scène. Cela invoque le plaisant souvenir du Labyrinthe de Pan [+lire aussi :
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de Guillermo Del Toro, par exemple, et celui des cris peu naturels qu'on y entendait, dont on a encore du mal à se défaire.

Même si on décide d’accepter l'opacité de Mandrake, le film aurait sans doute mérité de ralentir un peu dans sa seconde moitié et (même ça fait bizarre de dire ça) de durer un peu plus longtemps. On aurait aussi apprécié plus d’éclairage. C’est tellement sombre là-dedans que c’en est presque drôle, parfois : regarder ce film reflète vraiment l’expérience de se promener en forêt la nuit, de se cogner à des choses et d'essayer de distinguer des formes étranges au loin. Est-ce que c’est un arbre ? Est-ce que c’est une personne ? Va savoir.

Incontestablement, The Blair Witch Project et consorts ont usé pour toujours certaines idées (le bonhomme en brindilles, par exemple), et pourtant les personnages de Davison semblent les derniers au monde à être encore surpris qu'ils aillent de pair avec de sombres secrets, ou qui ignorent que ne pas prêter d'importance à des "histoires pour faire peur aux enfants" soit une erreur comparable à celle que font les personnages de slashers qui disent "je reviens tout de suite". Cependant, malgré ces traits reconnaissables, Davison compose une atmosphère intéressante : elle parvient à trouver de la tristesse dans cette histoire sur le mal qui domine dans la plus banale des petites villes de province, où les gens n’oublient pas et ne pardonnent pas. Ils ne font jamais.

Mandrake a été produit par la société nord-irlandaise Village Films.

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(Traduit de l'anglais)

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