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VISIONS DU RÉEL 2022 Latitudes

Critique : Silent Love

par 

- Ce documentaire de Marek Kozakiewicz, coproduit par la Pologne et l’Allemagne, est un récit tendre sur les différentes manières qui peuvent exister de grandir

Critique : Silent Love

La Pologne est un pays qui aime la notion de famille – enfin, si tant est que cette "famille" soit constitué d’un homme, d'une femme et leur progéniture. Pour les autres, eh bien dommage, surtout dans les petites communautés provinciales, régies par les enseignements de l’Église catholique et cette crainte très polonaise du qu’en-dira-t-on. De fait, Agnieszka – l'héroïne trentenaire de Silent Love [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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de Marek Kozakiewicz, qui a été projeté dans la section Latitudes de Visions du Réel et sera prochainement présenté à Hot Docs et Millennium Docs Against Gravity –, a peu d’autres choix que de cacher sa relation avec Majka quand elles sont en Pologne.

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Quelques années plus tôt, elles sont parties en Allemagne, où elles ne sont pas tout le temps surveillées ou critiquées pour ce qu'elles sont, mais voilà qu'Agnieszka doit rentrer en Pologne pour obtenir la garde de son frère de 14 ans, Miłosz, après la mort de leur mère (le père étant mort avant la naissance de son fils). L'ensemble de la procédure fait l’effet d’une enquête criminelle, avec des audiences et des questions à n'en plus finir sur la vie privée d’ Agnieszka. Elle garde le secret sur sa relation (à présent à distance) avec Majka.

Pendant ce temps, Miłosz et sa classe se préparent pour la fête de fin d’année de son école en répétant une "polonaise" traditionnelle. Le professeur d'EPS qui leur enseigne cette danse donne aussi à la classe des leçons sur la manière de se mouvoir comme un garçon ou comme une fille. Il prétend que les garçons devraient être forts et fermes, et le même type d’endoctrinement est ensuite répété par un prêtre à l’église. Miłosz subit d'une certaine manière un lavage de cerveau. C'est du moins ainsi que le présente Kozakiewicz (dont c’est le premier long-métrage et qui a également fait chef opérateur sur ce film) dans la façon dont il filme une longue séance de répétitions où de pauvres gamins écoutent sans savoir ce qui se joue là les commentaires du prêcheur d'EPS... euh, du professeur d'EPS. Miłosz ne comprend même pas ce que signifie le mot gay, mais il sait que ce mot peut être utilisé comme une insulte. Kozakiewicz filme de très près Agnieszka et Majka aussi, dépeignant leur tendre relation au moment où elles doivent décider de leur avenir. Tandis que des manifestations LGBTQ+ sont montrées à la télévision, les deux jeunes femmes décident de rester discrètes sur leur vie pour qu'Agnieszka puisse devenir la gardienne légale de son frère.

Silent Love pourrait aussi s'appeler Soft Love (litt. amour doux), compte tenu de son style et de son ton délicat et élégant, qui montre la vie privée des personnages, mais ne fait jamais l’effet d’être voyeur. L'amour que dépeint ce film doit rester silencieux pour survivre, contrairement à ce qui se passe dans les films de fiction, où surmonter ses plus grandes peurs est souvent la mission du personnage central. Le fait que Silent Love arrive sur les écrans quelques années après avoir été tourné (probablement le temps que Miłosz atteigne sa majorité) en dit long sur la réalité de la menace. La Pologne adore la famille.... mais certaines plus que d’autres.

Silent Love a été produit par la société polonaise Koi Studio, en coproduction avec Lekko Films et l'enseigne allemande Tondowski Film. MDR/ARTE est également citée à la coproduction.

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(Traduit de l'anglais)

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