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THESSALONIQUE DOCUMENTAIRES 2022

Critique : The Devil's Drivers

par 

- Ce documentaire de Daniel Carsenty et Mohhamed Abeguth sur les passeurs exerçant dans les Territoires palestiniens occupés est vraiment une expérience folle et émouvante

Critique : The Devil's Drivers

Un film documentaire accompli sur la vie dans les Territoires palestiniens occupés est forcément complexe, mais quand il s’étale sur une période de neuf ans et suit plusieurs travailleurs clandestins forcés dans cette situation pour nourrir leurs familles, entre les mains de Daniel Carsenty et Mohammed Abugeth, il devient un immense travail à plusieurs niveaux de lecture qui requiert un certain niveau d'engagement de la part du spectateur. The Devil's Drivers, vainqueur du Prix spécial du jury au Festival du documentaire de Thessalonique, rend cet engagement facile : c’est vraiment un parcours trépidant, un véritable thriller riche en action sous forme de documentaire qui vous maintient rivé à votre siège.

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Hamouda et Ismail sont deux cousins qui vivent dans le village de Yatta, au sud d'Hébron. Ils gagnent leur vie en faisant passer des travailleurs illégaux à travers la partie étroite de la frontière entre la rive ouest et Israël, là où le mur de 500 km n’est pas encore terminé. Il est difficile pour un Palestinien d’obtenir un permis de travail en Israël, et pour les hommes célibataires sans enfant, c’est littéralement impossible : ils sont considérés comme des terroristes potentiels. Sur la rive ouest de la Palestine, les emplois sont rares et mal payés, de sorte que beaucoup de gens mettent en jeu leur liberté tous les jours en allant travailler illégalement en Israël, dont les données disent qu’il y a plus de 60 000 travailleurs clandestins dans le pays.

Quand le film commence, en 2012, Carsenty est en voiture avec Hamouda et deux travailleurs. Ils foncent, sur la route et en dehors, pour éviter les jeeps de l’Armée Israélienne. Avec l’aide de guetteurs répartis dans les collines qui les informent de la position des véhicules militaires, ils naviguent entre checkpoints et patrouilles, et frôlent l'arrestation à chaque voyage. Dans le désert, l'image filmée caméra à l’épaule tressaute constamment et la poussière vole.

Après cette ouverture haletante, qui se termine sur l'arrestation d'Hamouda et Ismail, le public a l'occasion de respirer et d'assister à un récapitulatif de l'histoire récente de l’occupation israélienne consistant en un passage en animation simple et élégant évoluant au fil du temps, accompagné par du texte inscrit à l'écran. On fait aussi la connaissance d’un des guetteurs, le vieux berger Ali, et Issa, un autre ancien passeur qui dit qu’il a arrêté de conduire quand des informateurs ont infiltré la communauté.

Hamouda et Ismail sont replacés après deux mois en liberté conditionnelle. Hamouda cesse immédiatement de conduire (son troisième enfant est né pendant qu’il était en prison). Le fils d'Issa, qui a 20 ans, vient de rejoindre les rangs des travailleurs clandestins et Ismail se fait embaucher dans le bâtiment. Après avoir eu son premier enfant, il voudrait tout faire légalement, mais son travail ne suffit pas, de sorte qu'il se remet à conduire. Un seul coup va le mettre dans le danger le plus grave auquel il ait jamais été confronté.

Ces segments riches en adrénaline sont contrebalancés par les histoires intimes émouvantes des personnages, mais les deux tiennent au contexte d'ensemble, dominé par la répression. Le gouvernement israélien resserre son emprise sur la région en ajoutant encore plus de patrouilles et de checkpoints, et continue de barrer toute possibilité de vie normale dans les territoires occupés.

Certains détails dans le film semblent contradictoires, mais c'est probablement dû à la volonté de condenser une histoire s’étalant sur une période aussi longue, avec des circonstances qui changent constamment, sur 90 minutes : la monteuse Laia Prat parvient à tout lier ensemble, même quand il semble que le film est prêt d'exploser au niveau des coutures. La musique dramatique composée par Henning Buch (qui alterne entre des morceaux dominés par les percussions et des airs joués par des instruments à cordes) aide aussi à compléter le film.

The Devil’s Drivers a été produit par Propellerfilm, CHUNK Filmproduktion et Mark It Zero. Les ventes internationales du film sont gérées par Films Boutique.

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(Traduit de l'anglais)

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