email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2022 Panorama

Critique : Bettina

par 

- BERLINALE 2022 : Dans ce documentaire, Lutz Pehnert s’attaque au personnage de Bettina Wegner, la femme qui chantait plus fort qu’elle ne parlait

Critique : Bettina

L’auteure-compositrice-interprète (et bibliothécaire) Bettina Wenger est plutôt méconnue, surtout à l’international, même si Joan Baez a interprété l’un de ses titres. C’est pourtant ce qui fait que Bettina [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Lutz Pehnert
fiche film
]
, le documentaire de Lutz Pehnert présenté dans la section Panorama de la Berlinale, fonctionne. Pour une fois, nous avons le sentiment d’avoir découvert quelque chose, ou plutôt quelqu’un, de spécial : une femme qui, comme il est dit ici, voulait juste interpréter des chansons d’amour. Mais d’autres petites choses se sont ensuite produites.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cette phrase semble géniale, mais elle est insensée. À 70 ans, Wegner est depuis toujours une militante plus intéressée par la politique et la justice sociale que par le sempiternel et complexe "il m’aime… il ne m’aime pas". Non pas qu’elle ne se livre pas ici, bien au contraire, en fait. "J’ai cru que le monde aller imploser, mais non," déclare-t-elle, bouleversante, à l’évocation d’une histoire d’amour brusquement interrompue lorsqu’elle est tombée enceinte. Plus tard, lorsqu’elle chante le sentiment d’être un homme qui profite de ses libertés ("quand l’amour amène un bébé, pourquoi devrais-je m’en soucier ? "), il est évident que ses paroles ne sortent pas de nulle part.

La découverte de ces chansons est un pur plaisir. Certaines transmettent des émotions d’une justesse stupéfiante, d’autres, et bien, nous rappellent que les enfants sages ne mangent pas leurs crottes de nez. Mais, c’est ce qui rend la protagoniste de Pehnert si unique. Elle a traversé de nombreuses épreuves, pourtant elle est drôle.

C’est intéressant parce que, d’après certains documents plus anciens présentés ici, ça n’a pas toujours été le cas. La jeune Bettina, avec sa voix douce, n’arrivait pas à regarder dans les yeux ceux qui l’interviewaient. Elle a également dû rassurer un public un peu nerveux en précisant qu’elle avait "tendance à chanter plus fort qu’elle ne parle". C’est peut-être le bénéfice de l’âge : ce sentiment d’être bien avec soi-même et d’assumer ses erreurs passées, car Wegner sait reconnaître lorsqu’elle s’est trompée. Ou lorsqu’elle a misé sur le mauvais cheval, enfin le mauvais homme.

Visuellement, le film ne prend pas de risques. Ce qu’on y trouve se résume à une interview avec le musicien et des images d’archives. Le seul moment qui sort des sentiers battus est celui qui date de l’époque où Wegner a été jugée pour avoir manifesté contre la fin brutale du Printemps de Prague, avec l’interrogatoire retranscrit à l’écran. C’est également une histoire très régionale, une histoire berlinoise en fait. En effet, elle est contrainte de déménager en Allemagne de l’Ouest dans les années 1980 et s’est toujours sentie "déracinée" depuis.

Une fois de plus, au bout d’un moment, cela n’a plus d’importance. L’occasion nous est donnée d’écouter une fille "aux prises avec des questions philosophiques depuis son plus jeune âge", une artiste, une femme qui a épousé un homme par amour, alors que le mariage n’était pour lui qu’un moyen d’obtenir un appartement. Une femme qui a commencé par prétendre qu’il ne faut "jamais pleurer quand on est blessé" pour finir par admettre qu’en fait, il lui arrive de pleurer, même si elle se dit qu’il ne le faut pas. Et puis, les chansons d’amour de Wegner n’ont jamais vraiment bien fini, dit-elle. C’est juste que personne ne n’y prêtait attention.

Bettina est une production allemande de solo : film et RBB.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy