email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2022 Encounters

Critique : A Little Love Package

par 

- BERLINALE 2022 : Le cinquième long-métrage de Gastón Solnicki propose une expérience stupéfiante, rendue encore plus déroutante par le fait que le film est présenté comme une "comédie classique”

Critique : A Little Love Package
Angeliki Papoulia (à gauche) et Carmen Chaplin dans A Little Love Package

Le cinquième long-métrage de l’Argentin Gastón Solnicki, A Little Love Package [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Gastón Solnicki et Angelik…
fiche film
]
, est l’occasion pour la Berlinale de montrer la direction que souhaite prendre la toute nouvelle section Encounters. Voilà pourquoi qualifier le film de "comédie classique" est un peu déconcertant, le film n’ayant pas grand-chose de drôle, encore moins de classique, si ce n’est la photo de Rui Poças et quelquefois la musique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Angeliki (Angeliki Papoulia) veut acheter un appartement à Vienne, elle est accompagnée pour cela de son architecte d’intérieur, Carmen (Carmen Chaplin). Nous sommes en 2019, l’année où la loi antitabac entre en vigueur dans les bars de la capitale autrichienne, qui avait jusque-là héroïquement résisté au phénomène. Solnicki dépeint la fin d’une époque en nous montrant un café vide, mais un café bien réel, propriété de la famille Weidinger depuis quatre générations. À l’intérieur, nous voyons le nouveau propriétaire, Nikolaus, y manger un œuf.

Carmen emmène Angeliki à travers la ville historique. Elle lui montre toutes sortes d’endroits, mais Angeliki semble avoir quelque chose contre chacun des lieux qu’elle visite. Voilà, à peu de choses près, l’étendue de l’histoire au sens strict du terme. À partir de là, il va y avoir de nombreuses digressions. Le narrateur (l’auteur mexicain Mario Bellatin, qui à un moment donné se met à chanter son texte de manière si caricaturale qu’il devient incompréhensible) nous parle d’une météorite provenant de Mars retrouvée au Maroc. C’est à ce moment que nous retrouvons Nikolaus et Carmen au muséum d’histoire naturelle. Au beau milieu de fragments colorés de minéraux, Nikolaus raconte à Carmen que la première réaction nucléaire naturelle a eu lieu au Gabon, deux milliards d’années auparavant. S’ensuivent des images de ce qui semble être les savanes du Gabon, puis des scènes tournées dans ce qui ressemble à un marais salant, où un homme et un drôle suivent une ombre mystérieuse.

Angeliki a enfin choisi un appartement et le narrateur nous informe alors que Carmen a été contrainte de rentrer chez elle avec "Uma", pour se rendre au chevet de son père malade. On se souvient qu’il y avait effectivement une enfant, mais pas qu’une d’ailleurs, il y avait des enfants qui allaient et venaient sans raison apparente. Et en effet, la famille de Chaplin est là, à Malaga, semble-t-il. La raison pour laquelle Solnicki a décidé de nous montrer leurs discussions houleuses autour de la responsabilité et de la générosité, est impossible à dire, si ce n’est pour faire le lien avec l’incompréhension de Carmen face à la difficulté d’Angeliki à dépenser de l’argent.

La scène finale, magnifique, nous ramène à Vienne auprès d’Angeliki. Il s’agit d’une rencontre entre la nostalgie et la reconnaissance de la beauté, une scène remarquablement montée par Alan Martín Segal sur "Wonderful Life" de Black. Mais le mal est fait. Cela arrive trop tard pour un film de 80 minutes. Sans la présence de deux actrices de renom, le film aurait pu n’être qu’un documentaire expérimental. Il y a de nombreux acteurs non professionnels dans le film, mais qu’importe puisque nous ne savons pas vraiment quel est le rôle des actrices. À moins qu’elles interprètent leur propre rôle ?

La principale qualité rédemptrice de ce long-métrage est le travail de l’un des plus illustres directeurs de la photographie de notre époque, Poças. Il fait le choix d’une approche très classique, avec une caméra fixe ou dolly, certainement la meilleure façon de filmer Vienne. Chaque plan est magnifiquement composé, et la lumière est toujours parfaite. Quel plaisir de voir un maître à l’œuvre ! Pourtant le sentiment d’inconstance qui imprègne le film fait que l’on a du mal à l’apprécier.

A Little Love Package est une coproduction de Little Magnet Films (Autriche) et Filmy Wiktora (Argentine).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy