email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SÉVILLE 2021

Critique : ¡Dolores, guapa!

par 

- Le documentaire de Jesús Pascual, qui a triomphé au Panorama Andaluz de Séville, démontre qu’il n’y a pas tant de distance que cela entre les processions de la Semana Santa espagnole et la gay pride

Critique : ¡Dolores, guapa!

Le documentaire ¡Dolores, guapa! [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Jesús Pascual (Alcalá de Guadaíra, 1997), qui a joué à guichet fermé à toutes ses séances au 18e Festival du cinéma européen de Séville, a été un des titres les plus commentés de l'événement. Il a été primé par le jury de la section Panorama andalou, qui l'a élu meilleur film "pour sa combinaison de fraîcheur et de solidité, et parce qu'il porte un regard neuf sur la Semaine sainte de Séville, qui parvient à transcender le local et le religieux".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Ce documentaire, fièrement sous-titré "Histoires de pédales à la Semaine sainte de Séville", montre indéniablement une chose que les autochtones savent bien, mais dont on ne parlait pas en public jusqu'ici, et encore moins devant une caméra : le fait que la communauté LGTBIQ+ locale participe de manière active et passionnée aux festivités, aux processions et à toute la mise en scène de la Semaine sainte la plus célèbre, théâtrale et débridée du monde. Ainsi, Pascual interviewe des personnes qui, depuis l’enfance, adorent avec ferveur la Macarena, une vierge que ces gens considèrent comme une deuxième mère voire une star pop, au même niveau que la Madone.

Tout n'est pas religion pendant ce moment paradoxal et double qu'est la Semaine sainte sévillane : lors de ses processions noires de monde se côtoient toutes les classes sociales, croyances et préférences sexuelles – quoiqu'on entende parfois, comme l'indique quelqu’un dans le documentaire, des commentaires homophobes. Cela dit, l’esprit festif (entre les banquets, les flirts et l'alcool qui coule à flots) domine l'événement, que ne peut attrister que la pluie, jamais bien accueillie.

Comprendre la Semaine sainte sévillane dans toute son ampleur et la grande influence qu'elle a sur la population locale dès l'enfance est bien rendu par les moments uniques qu'offre ce premier long-métrage, par exemple quand il montre que certains enfants du coin préfèrent même organiser de petites processions que jouer avec des petites voitures, des ballons ou des poupées. Dans ce film divisé en fragments dédiés à différents intervenants (des personnages dont on nous donne le nom, l'âge, la profession, le quartier et la confrérie à laquelle ils appartiennent), le fil conducteur est le récit de la vie, de l’œuvre et des facéties d'Antonio, la célèbre Palomita de San Gil, qui, à 88 ans, se remémore ses amours, les fêtes qu'elle a faites et ses travestissements, dans une ville qui pèche en tout, sauf par ennui.

On ne s'ennuie pas non plus en regardant cet intéressant documentaire anti-plumophobe qui tire son titre d’une vidéo qui est devenue virale en 2019, où de jeunes gays pleuraient en applaudissant et en louant la vierge de leur quartier. ¡Dolores, guapa! leur donne la place qu'ils méritent, sans occulter quoi que ce soit, sans honte, donnant ainsi amplitude et lumière à beaucoup de voix qui ne se font presque jamais entendre... bien que lors des processions, ces mêmes gorges hurlent leur amour pour les figures saintes, parmi la foule et en pleine lumière du jour.

¡Dolores, guapa! a été produit par Antonio Bonilla et Antonio Rosa Lobo.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy