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FILMS / CRITIQUES Bulgarie

Critique : Do Not Argue with the Staff at the Baths

par 

- Ce septième long-métrage au titre excentrique par Ivan Cherkelov est un film mélancolique qui se penche sur les motifs du retour et du renoncement à la vie

Critique : Do Not Argue with the Staff at the Baths
Alexander Triffonov et Silva Milkovska dans Do Not Argue with the Staff at the Baths

Comme la plupart des films d’Ivan Cherkelov, qui sont à peine connus hors de la Bulgarie, son dernier aussi a eu du mal à être distribué, cette fois-ci à cause de la pandémie. Bien que complété en 2020, Do Not Argue with the Staff at the Baths [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
n’a été projeté qu'à l'édition récente du Golden Rose Film Festival à Varna et ne sort dans les salles bulgares que maintenant, à partir du 12 novembre. Dans tous les cas, le succès public n’a jamais été le but principal de Cherkelov, qui est probablement l’auteur le plus intransigeant et hermétique du cinéma bulgare, des caractéristiques qui lui ont suscité bien des critiques localement.  

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Avec Do Not Argue with the Staff at the Baths, il continue ses dérives artistiques à travers les relations humaines et les dilemmes existentiels avec l’aide d’images maussades et contemplatives, créées par des motifs visuels et stylistiques qui se retrouvent dans chacuns de ses films et tournées par le directeur de photographie talentueux Rali Ralchev (Christmas Tree Upside Down, Crayfish [+lire aussi :
critique
fiche film
]
), avec lequel Cherkelov travaille souvent.

Après avoir passé plusieurs décennies dans un autre pays, Andrey (Alexander Triffonov) est de retour dans sa ville natale triste et déserte afin de retrouver sa sœur qui est en phase terminale. Dans la journée, il parcourt seul les rues, les ponts et les maisons funéraires, tandis que la nuit, il s’adonne à des monologues ivres et solitaires et, bien sûr, se repasse ses souvenirs. Il se souvient des samedis passés dans les bains publics, dirigés par son grand-père, ainsi que du pin qu’il avait planté, et qui, d’après les experts municipaux qui ont expropriés la propriété familiale, coûte 10 € aujourd’hui. Sa sœur Dora (Silva Milkovska) marche sur des chemins parallèles, seule elle aussi : elle nage, allume des allumettes, et contemple leur flamme ainsi que l’automne, du point de vue de plus en plus distant de sa vie qui s’évanouit. 

Un jour, inévitablement, Andrey et Dora se croisent et commencent à se disputer à propos de vieilles histoires de famille, mais ils se souviennent aussi de leurs meilleurs moments ensemble. Les paysages urbains déprimants et les portraits simples des visages tristes des passants forment un contexte d’existence dévaluée, qui suggère un adieu à venir. Quelques images d’archive, des scènes en noir-et-blanc tournées pendant la période communiste, montrent des temps plus heureux et dynamiques, mais longtemps disparus. Cela renforce le contraste entre les espoirs brillants au début de la vie, et le sens de délabrement vers sa fin. 

Le retour d’Andrey est physique autant qu’il est métaphysique : alors qu’il explore à nouveau les lieux maintenant méconnaissables de son enfance pendant, il digère ses souvenirs effrités et ses associations éphémères du passé, imprimés sur sa mémoire émotionnelle. La récit est fragmenté et inégal, tout comme ces éclats capricieux et illogiques du souvenir. Le tissu poétique du film est une combinaison d’états d’esprit instables plutôt qu’un scénario en soi, changeant au cours de la bande sonore éclectique de valse, de rock, et de musique tsigane, tandis que la caméra de Ralchev crée un parallèle judicieux entre la mélancolie de l’automne et l’adieu à la vie. Le film est probablement le plus nostalgique dans l'œuvre de Cherkelov, évoquant le désir de simplement se laisser sombrer et de se faire absorber par les brumes du temps. 

Do Not Argue with the Staff at the Baths fut produit par la compagnie bulgare Nach-Zach Vision.

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(Traduit de l'anglais)

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