email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Pays-Bas / Grèce

Critique : Do Not Hesitate

par 

- Shariff Korver livre un film captivant sur trois soldats hollandais qui perdent pied avec la réalité quand leur mission au Moyen-Orient prend un tour inattendu

Critique : Do Not Hesitate
Joes Brauers, Spencer Bogaert, Tobias Kersloot et Omar Alwan dans Do Not Hesitate

Bien que les personnages principaux de Do Not Hesitate [+lire aussi :
interview : Shariff Korver
fiche film
]
de Shariff Korver soient trois soldats, il ne s’agit pas d’un film de guerre classique, comme le confirme le fait qu'on n'y entend presque aucun coup de feu sur les 90 minutes que dure le film. Au lieu de cela, ce récit dramatique se concentre sur ce qui se joue dans les esprits des jeunes militaires hollandais quand leur mission se met à mal tourner. Korver parvient à livrer un film captivant dans lequel, en tant que spectateur, on est témoin de la manière dont naissent les traumatismes. Do Not Hesitate a fait sa première mondiale au Festival de Tribeca, et il arrive à présent dans les salles, ce 11 novembre. Il a également été sélectionné comme candidat hollandais pour les nominations dans la catégorie meilleur film international aux 94e Academy Awards (lire l'article).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Erik (Joes Brauers), Roy (Spencer Bogaert) et Thomas (Tobias Kersloot) sont en pleine mission de paix dans un pays du Moyen-Orient non spécifié. On leur ordonne de rester derrière un camion qui a est tombé en panne et d’attendre de l’aide. Rapidement, ils commettent l’erreur de tuer par accident une chèvre et de l’enterrer, ils se mettent à développer une relation tout à fait instable et imprévisible avec son propriétaire : un jeune autochtone de 14 ans. L'instabilité mentale des soldats affleure à la surface quand on voit qu’ils ne savent que faire face à cet enfant dominateur, qui ne cesse de leur demander de l’argent et de la nourriture en arabe, or ils ne comprennent pas cette langue. Tandis que la tension monte, leur désemparement se mue petit à petit en agressivité vis-à-vis les uns des autres. Comme l'eau vient rapidement à manquer, et qu'aucune assistance ne se présente sur les lieux, ils deviennent dépendants de la connaissance qu'a l’enfant de cette zone. En même temps, ils hésitent à lui faire confiance.

La peur qu'ils ressentent et leur manque de perspective les détachent de la réalité, ce qui se ressent à travers les visuels, qui montrent de vastes paysages et des nuages qui passent, et presque aucune vie autour d'eux. L'endroit pourrait tout aussi bien être une autre planète. La situation entre dans une spirale incontrôlable quand leurs émotions primales arrivent à la surface et que leurs valeurs se brouillent, ce qui va faire du garçon une victime de leur situation tiraillée.

Le film porte sur l’exposition des soldats à des situations extrêmes comme celle où se retrouvent Erik, Roy et Thomas. Il soulève des questions sur le stress que cela crée et la manière dont ils l'appréhendent. La musique participe également de cela, en soulignant l’approche rectiligne à laquelle on pourrait s’attendre de la part d’un soldat professionnel. Le film commence derrière une batterie, quelque part aux Pays-Bas, quand Erik est encore chez lui et veut en jouer une dernière fois, avant de partir en mission. Il tape intensément sur les caisses et cymbales, et son excitation est clairement visible dans son regard absorbé par son activité et son rire, qui trahit son innocence d’enfant. Plus tard, on se rend compte qu’il n’avait aucune idée de ce à quoi cette mission ressemblerait réellement. À mesure que l’intrigue s'intensifie, Erik a de moins en moins la situation en main. Les battements qu'on continue d'entendre tout au long du film rappellent à Erik, et au spectateur, combien il avait fermement les choses en main, avant.

Le film se conclut sur le débrief des soldats en Crète, une étape qui est principalement considérée comme une occasion d'évacuer la pression avant de retrouver le monde réel. Les scènes où l’on voit les garçons aller d'une boîte de nuit à l'autre sont juxtaposées à d'autres où on les voit pendant leurs timides séances avec les psychologues. La débauche d'alcool, la dance et le déchaînement des garçons est à l'opposé du silence pendant les séances de groupe, où personne ne parle de ses sentiments. "C’est notre métier, nous sommes entraînés pour ça", résume l’un d’entre eux.

Do Not Hesitate a été produit par la société hollandaise Lemming Film, en coproduction avec le diffuseur hollandais NTR et l'enseigne grecque Heretic. Les ventes internationales du film sont gérées par TrustNordisk.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy