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JIHLAVA 2021

Critique : Lines

par 

- Oubliez Sex and the City : dans son documentaire, grand gagnant du Festival Ji.hlava, Barbora Sliepková trouve dans la ville de la tendresse

Critique : Lines

Récemment récompensé dans la section Opus Bonum du Festival du film documentaire de Ji. hlava, où il faisait son avant-première, Lines, signé Barbora Sliepková offre des répliques telles que : "j’ai appris à errer au fil des jours et à supporter le vide insoutenable." Pourtant, le film est curieusement dénué de toute prétention. La raison principale est que l’exploration que la jeune réalisatrice slovaque fait de Bratislava, ville en perpétuelle reconstruction et en pleine croissance, est chaleureuse et drôle. Elle décrit un genre d’univers où le son des passages piétons, plutôt que de suivre un tempo ennuyeux, peut être décrit comme "andante".

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Il s’agit ici d’une fable originale, dans laquelle, en dépit de la noirceur d’une cinématographie en noir et blanc, on aurait pu, sans aucun problème, croiser Amélie Poulain. Au lieu de cela, Sliepková s’intéresse à Danko, qui arpente sa ville et peine à la reconnaître, comme il le confie à son chien. La réalisatrice se concentre également sur ces travailleurs qui assurent le fonctionnement de la ville tout en restant dans l’ombre, comme si on voulait nous faire croire que cette dernière se gère seule. Ces ouvriers tracent les lignes blanches sur la chaussée, gèrent la signalisation, et rénovent les balcons, et ce, même sous une chaleur écrasante. C’est donc tout naturellement qu’ils éprouvent une certaine frustration lorsqu’on vient marcher sur leur travail avant que celui-ci n’ait eu le temps de figer, sans se soucier des moyens déployés pour y parvenir.

Alors que la plupart des histoires urbaines s’intéressent à l’isolement, ici, les gens interagissent vraiment. Mais, peut-être est-ce l’apanage de Bratislava. Ils se plaignent des températures et partagent une cigarette avec des étrangers, ou engagent la conversation avec des chanteurs non-voyants dans la rue ou leur demandent d’interpréter un morceau particulier. Il semblerait que Sliepková choisisse ses personnages librement, simplement parce qu’elle les trouve intéressants, comme ce jeune artiste qui dessine des visages d’hommes sur un morceau de pain pour une exposition future. Elle qui doit pallier l’absence de figure paternelle, partage également avec sa mère un penchant pour les animaux insolites. On les voit notamment s’occuper d’un escargot et d’un caméléon.

De toute évidence, il y a toujours quelque chose de mélancolique dans le fait de regarder un endroit autrefois familier, et de réaliser ensuite que "ces bâtiments n’existaient pas avant". Le noir et blanc, qui confère à l’ensemble un air rétro, semble presque ironique. Dans les grandes villes, il semblerait que le passé n’a pas une grande importance, surtout lorsque des édifices entiers paraissent surgir de nulle part et que des vagues de nostalgie sont étouffées par le bruit incessant des travaux de construction. Mais les gens s’adaptent. Ils s’adaptent lorsqu’un bruit susceptible de les rendre fous résonne comme de la musique. Ou peut-être, une fois encore, est-ce simplement l’apanage de Bratislava.

Lines est une production de la société slovaque Hitchhiker Cinema, avec Soňa Horváthová et Nazarij Kľujev en coproduction.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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