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VARSOVIE 2021

Critique : The Albanian Virgin

par 

- Le nouveau film de Bujar Alimani parle de révolution féminine et d’une curieuse étude ethnographique des coutumes albanaises

Critique : The Albanian Virgin

The Albanian Virgin de Bujar Alimani, lauréat du Prix du jury œcuménique et d'une mention spéciale lors de la compétition internationale au Festival du film de Varsovie (lire la news), est le genre de film au début un peu maladroit, dont le rythme lent aboutit à une fin pleine d'émotion et de délicatesse. L’histoire se déroule dans l’Albanie des années 1950-1960, un pays alors dirigé par probablement l’un des pires dictateurs de la période de la guerre froide, Enver Hoxha. L’histoire s’articule autour de Luana, une jeune femme déterminée et rebelle. Selon une règle tribale très stricte, elle doit épouser un homme choisi par sa famille, mais également obéir aux anciens et à son mari. Or, après sa rencontre avec Agim, qui lui apprend à lire et à penser par elle-même, elle remet en question les traditions ancestrales. Pour le réalisateur Bujar Alimani, et plus tard pour le public, Luana est un guide dans le code difficile des tribus montagnardes, qui a d'ailleurs inspiré le film polonais Eastern [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Piotr Adamski
fiche film
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 de Piotr Adamski, mais également dans les règles communistes albanaises. Ces deux entités visent à contrôler la vie des gens, les privant de leur liberté de choix et de leur indépendance. Les communistes ont également confisqué la religion et les livres afin que personne ne puisse imaginer une alternative à leurs règles. Luana, qui a la chance d’avoir appris à lire, trouve le moyen de se battre pour sa liberté tout en obéissant aux lois du village, mais le prix à payer est lourd.

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The Albanian Virgin est un western féminin (ou plutôt un eastern, un western oriental), mais avec l'idée implicite, heureusement révolue, qu'une femme doit être égale à un homme pour sortir du système patriarcal. Le film fonctionne également comme une étude ethnographique du code strict des tribus des montagnes d'Albanie, qui, comme nous le rappellent les médias du monde entier, n’ont pas complètement disparu. Les femmes sont encore mariées de force et tuées si elles bafouent l'honneur de leur famille.

Ici, le passé et le présent s'entremêlent. En effet, le directeur de la photographie Jorg Widmer fixe souvent sa caméra sur des paysages montagneux, qui sont un refuge pour l’héroïne, mais peuvent aussi se révéler d'une beauté sauvage et impitoyable. Si le destin de sa famille pèse sur les épaules de Luana, l'impact émotionnel du film repose sur le charisme de l'actrice Rina Krasniqi (qui incarne Luana adulte) à l'écran. Son interprétation féroce et puissante laisse entrevoir la fragilité émotionnelle de son personnage. Telle une fleur qui éclot sur un rocher, sa seule mission consiste à survivre dans cet environnement hostile. Inconsciemment, elle ouvre également la voie aux prochaines générations de femmes qui s'enracineront de plus en plus profondément pour briser le rocher de l'intérieur.

The Albanian Virgin est une production d’Elsani Film et Elsani & Neary Media GmbH, coproduite par Potemkino, 90 Production Company, Circle Production et ZDF/ARTE. Les ventes à l’étranger sont assurées par The Playmaker.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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