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SARAJEVO 2021 Compétition Documentaires

Critique : Disturbed Earth

par 

- Dans un documentaire extrêmement émouvant, Kumjana Novakova et Guillermo Carreras-Candi dépeignent la souffrance collective à travers les tragédies individuelles autour de Srebrenica

Critique : Disturbed Earth

Les guerres détruisent les pays, les communautés et les vies, même celles des survivants. La guerre en Bosnie-Herzégovine dans les années 1990 a aujourd’hui encore des répercussions. Le sujet reste difficile, surtout à l’approche de dates importantes comme le 11 juillet, date du génocide de Srebrenica, mais la couverture médiatique, de médias de tous bords, concerne presque exclusivement les nations, les groupes ethniques ou religieux, et rarement les individus et leur destin.

Ce n’est pas le cas de Disturbed Earth [+lire aussi :
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, signé Kumjana Novakova et Guillermo Carreras-Candi, l’un des films présentés en avant-première dans le cadre de la compétition Documentaire du Festival de Sarajevo. Comme indiqué dans la séquence d’ouverture, la douleur collective est faite de pertes et de chagrins personnels. Compte tenu de l’importance de son sujet et de la fraicheur de son style, le film s’adresse aisément à un public international, et il est probable qu’il sera présenté dans d’autres festivals.

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Le film commence par une courte introduction tournée à l’occasion du 20e anniversaire commémorant le génocide (en 2015). Un camion décoré d’un drapeau et de fleurs, transporte des cercueils contenant les restes récemment exhumés de personnes tués 20 ans auparavant. S’ensuit la rencontre entre le véhicule et les familles des défunts, puis l’inhumation appropriée des restes afin d’assurer aux disparus la paix éternelle. Le duo de cinéastes s’intéresse ensuite aux trois survivants, dont le quotidien difficile est empreint d’une tristesse causée par la perte et le dur labeur. Srećko est un homme qui est revenu vivre de la forêt qui entoure sa maison, sur une colline au-dessus de Srebrenica. Enrôlé par l’armée de la république serbe de Bosnie pendant la guerre, il a donc été contraint de prendre part aux crimes de guerre contre ses voisins. Mirza a survécu au génocide en parcourant à pied la montagne jusqu’à Tuzla. Il est désormais de retour dans son ancienne maison avec sa femme pour vivre de la terre, car il n’y a pas de travail. Mejra a perdu son mari et ses enfants. Âgée de 85 ans, elle continue à vivre de la terre.

Le récit de leur routine est entrecoupé documents d’archives datant de la période des crimes de guerre et de la suivante, dont certaines sont célèbres et d’autres non, ainsi que par deux types d’intertitres. Certains, écrits par Kumjana Novakova, font office de narration poétique, leur ton est lyrique, voire élégiaque. Le second groupe de cartons est plus factuel, car les auteurs sont les protagonistes eux-mêmes. Ils partagent leurs réflexions, leurs pensées et leurs souvenirs sur la vie et la mort.

Les émotions sont concentrées dans un format très compact de 70 minutes, mais Disturbed Earth ne semble pas bâclé pour autant. Le film est en fait méditatif, en partie grâce l’association d’images analogiques et numériques signée Novakova et carreras-Candi et au montage hypnotique de Jelena Maksimović. Le choix des images d’archives est chargé de symbolisme alors que la conception sonore finement réglée d’Oriol Gallart Miret et son utilisation modérée de musique inquiétante, si ce n’est aux moments opportuns, contribuent à l’atmosphère de malaise et de tristesse. Disturbed Earth plonge le spectateur dans un état mental et émotionnel particulier, indispensable pour comprendre et ressentir les tragédies personnelles et la douleur collective.

Disturbed Earth est une coproduction entre la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord et l’Espagne, des sociétés Atzucac Films et Pravo Ljudski, en coproduction avec la Televisió de Catalunya.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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