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LOCARNO 2021 Compétition

Critique : A New Old Play

par 

- Lauréat du Prix spécial du jury, le film de Qiu Jiongjiong exige un certain engagement, mais offre entre autres, en guise de récompense, une vision amusante de la vie après la mort

Critique : A New Old Play

Dans son premier long-métrage de fiction lauréat du Prix spécial du jury au 74e Festival de Locarno A New Old Play [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui, compte tenu de sa complexité semble plutôt extraordinaire, Qiu Jiongjiong ne se pose aucune limite. Il livre une saga de trois heures sur les aventures et (surtout) les mésaventures des interprètes de l’opéra du Sichuan dans la Chine du 20e siècle. Empêtrés dans leurs propres batailles, leurs ambitions et les troubles politique du pays, ils tentent encore de faire la seule chose qu’ils aiment vraiment, c’est-à-dire jouer, même si ce n’est que pour brièvement détourner l’attention des asticots "volés", avant que la famine ne frappe durement à nouveau.

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Apparemment inspiré par la vie de son propre grand-père, lui aussi acteur de l’opéra du Sichuan, Jiongjiong semble particulièrement affectionner ce corps de métier. Une profession parfois prestigieuse ou très douteuse en fonction des changements politiques, une profession caractérisée par un emploi du temps pénible, des règles strictes, des rassemblements familiaux et la joie de faire vibrer les autres grâce à un talent maîtrisé. Mais c’est une histoire pleine de mélancolie, une histoire qu’il décrit comme une prébiographie, consacrée à quelque chose qui n’est plus, en commençant avec Qiu Fu (Yi Sicheng) en route pour la Cité fantôme au moment où sa vie d’acteur, passée à camper de grands rôles de clowns, arrive à son terme. Il se souvient de tout ce qu’il s’est passé depuis ses débuts dans la troupe New-New. Cette troupe a fini par être la seule famille qu’il n’ait jamais connue, alors qu’il n’était qu’un petit vaurien qui se démenait pour survivre et, avec un peu de chance, pour avoir un repas chaud aussi.

L’histoire court sur une cinquantaine d'années au cours desquelles il est question de déceptions passées, d'expériences violentes et de pertes douloureuses. Et franchement, un seul de ces événements suffirait à faire un excellent film, Guan Nan, elle-même une survivante, apportant une toute nouvelle perspective dans le rôle de la femme de Qui Fu, par exemple. Pourtant Jiongjiong continue de raconter des histoires, partagées par les vivants et par les revenants, qui semblent tout aussi affamés dans l’au-delà et tout aussi bavards aussi.

Cette richesse rend le film un tantinet épuisant, mais même en se frayant un chemin à travers tant de voix différentes, A New Old Play reste un plaisir, souvent drôle et toujours tendre, évoluant dans un monde à part entouré du genre de décor facile à repérer et qui ne cherche jamais à dissimuler ses racines théâtrales. Et si quelqu'un se plaint une fois encore de la durée du film, Jiongjiong semble avoir une réponse toute prête qu’il livre par le biais de ses talentueux interprètes :

- "Certains critiques ont protesté."

- "Quelle importance ? "

À la bonne heure !

A New Old Play est une production d’Uluka Productions, coproduite par Midnight Blur Films et Hippocampe Productions. Les ventes internationales sont gérées par Parallax Films.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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