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SARAJEVO 2021

Critique : Not So Friendly Neighbourhood Affair

par 

- La nouvelle comédie post-confinement de Danis Tanović prône l’amitié véritable ainsi que le respect des origines et des traditions

Critique : Not So Friendly Neighbourhood Affair

Il n’est pas évident d’appréhender la filmographie éclectique du cinéaste bosnien Danis Tanović, car elle couvre différents styles et genres, allant du film d’art et d'essai au titre grand public, du drame au thriller, et s'adresse selon le cas à différents publics. Après le film dramatique Mort à Sarajevo [+lire aussi :
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(2016), qui proposait une réflexion et se fondait sur le dialogue, Tanović a opéré un revirement et fait le thriller criminel grand public The Postcard Killings [+lire aussi :
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(2020), entièrement tourné et produit aux États-Unis. Il revient à présent dans son pays avec un film qui a fait l’ouverture du 27e Festival international du film de Sarajevo : la comédie de situation ancrée dans la culture locale Not So Friendly Neighbourhood Affair [+lire aussi :
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, dont le titre évoque davantage les mélodrames domestiques de son homophone Ines Tanovic (Our Everyday Life [+lire aussi :
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, The Son [+lire aussi :
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) que ses films à lui, quoiqu’on puisse noter à certains indices que l'objectif de cette production est d'avoir aussi un parcours international.

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Sarajevo, selon Not So Friendly Neighbourhood Affair, est un paradis sur Terre pour les amateurs de rouleaux de viande hachée, et le film fait tout pour nous en convaincre tout du long, dès les archives promotionnelles d'archives qui ouvrent le long-métrage. Les deux personnages principaux vendent des ćevapčići dans la vieille ville, et leurs boutiques se font face. Le premier, Enis (interprété par la star de la musique et du cinéma Branko Đurić), est un type d’entrepreneur moderne qui aime se lancer dans des affaires risquées et exhiber sa richesse quitte à vivre à crédit. L'autre, Izo (incarné par l’acteur bosnien encensé Izudin Bajrović) rêve d’une vie calme et honorable et espère que sa fille Lana (Helena Vuković), qui vient de rentrer d’Allemagne avec un diplôme de cheffe cuisinière, va reprendre son affaire, épouser le fils d'Enis, Orhan (Kerim Čutuna), et s'installer près de lui. Tous les matins, les deux hommes papotent sur l'actualité et leurs histoires personnelles devant un café turc, dans un bar du coin, tenu par un vétéran de la guerre plutôt soupe au lait (Goran Navojec), des scènes récurrentes qui peignent un tableau de Sarajevo comme une ville où les locaux se sentent bien et cependant cosmopolite, juste en périphérie de ce grand monde déjanté, relativement protégés du stress généré par la pandémie de Covid. Au bout d’un moment, cependant, leurs deux univers, qui co-existent à travers leurs liens de bon voisinage, vont s'entrechoquer : c'est qu'un influenceur "foodie" croate a décrété que les rouleaux de viande d’Izo sont les meilleurs de la ville. Ceci lui donne une visibilité trop grande qu’il ne souhaitait pas et lui amène une foule de clients, alors que l'affaire d'Enis se met à péricliter. Ainsi, une chose d'abord innocente vient semer la zizanie dans le quartier et rappelle de plus en plus la rivalité entre les Montaigu et les Capulet, perturbant jusqu'à la relation entre leurs enfants. Une affaire mafieuse louche intervient également, pour ajouter un peu de sel à l'ensemble, juste avant que l'intrigue culmine dans le cadre d'un concours municipal dont le but est de décider qui fait les meilleurs ćevapčići de Sarajevo.

Les événements du film se déploient à la fin du printemps qui a suivi le premier confinement mondial et, comme on peut l'attendre dans une comédie grand public légère, le développement de l’histoire est assez simple. Le conflit et le dénouement sont limpides, au point d’en être ennuyeux, et les personnages sont très stéréotypiques : la manière occidentale de penser (représentée par Lana, qui préfèrerait vivre à l’étranger) est caractérisée par un nouveau régime végétarien et le port rigoureux du masque ffp2, tandis que l’esprit des Balkans est marqué par la familiarité, la frivolité (s'agissant du respect des règles) et l'humour noir. Cependant, le film ne parvient pas à extraire le meilleur de l’humour des Balkans, de sorte que ce qui était probablement censé être une comédie de malentendus désopilante avec une touche absurde n'en est qu'une pâle tentative. Le centre historique emblématique de Sarajevo, le quartier de Baščaršija, est le décor omniprésent du film, rendu cosy et embelli par le travail à la caméra du photographe pour Reuters Damir Šagolj, qui obtient une imagerie évoquant une attrayante publicité adressée aux gourmets.

Not So Friendly Neighbourhood Affair a été produit par Obala Art Centar et TRT en coproduction avec Poetika Film.

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(Traduit de l'anglais)

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