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LOCARNO 2021 Semaine de la Critique

Critique : A Thousand Fires

par 

- Ce documentaire par Saeed Taji Farouky raconte l’histoire intime d’une famille birmane, avec pour épique toile de fond l’extraction manuelle de pétrole

Critique : A Thousand Fires

La première image de A Thousand Fires [+lire aussi :
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, le nouveau documentaire du réalisateur britannique-palestinien Saeed Taji Farouky (Tell Spring Not to Come This Year [+lire aussi :
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interview : Saeed Taji Farouky |
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), qui vient de faire sa première mondiale dans le cadre de la Semaine de la critique du Festival de Locarno, compte parmi les films les plus épiques de cette année. C’est une flamme filmée comme David Lynch a filmé l'explosion nucléaire dans Twin Peaks: The Return, qui place le spectateur au centre du feu. Cependant, bien que ce documentaire situé en Birmanie soit visuellement splendide, son histoire et son approche intime se concentrent sur une seule famille.

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Thein Shwe et Htwe Tin, mari et femme, gèrent un des nombreux champs de pétrole non-régulés de la région de Magway, qui accueille une des plus vieilles industries pétrolières du monde. Non qu'ils soient propriétaires et riches, au contraire : ils ont déjà du mal à produire un baril tous les quelques jours, avec un système de forage  manuel. Il y a un moteur, des cordes et des roues actionnant le piston, mais tout doit être contrôlé manuellement – comme dans There Will Be Blood de P.T. Anderson, dont l'histoire se passe il y a cent ans.

L’objectif principal de nos personnages est que leurs enfants aient une vie meilleure. Ils forment une famille aux liens très étroits : deux fils adolescents vivent encore avec leurs parents et la fille aînée leur rend visite avec son bébé, une petite fille. Ils placent beaucoup d'espoirs sur leur aîné, Zin Ko Aung, qui ne veut pas mener la dure vie qu'implique l’extraction du pétrole et joue au football, de sorte que la famille a tout investi sur son talent.

Ce type d’opérations manuelles représentent en effet un dur travail. Les puits de pétrole qu’ils ont creusés sont situés autour de leur cabane dans le village. Les deux chefs-opérateurs/assistants réalisateurs, les locaux Than Win Han et Joshua Min Htut (qui était un des personnages de Burma VJ [+lire aussi :
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), ainsi que les ingé-son et mixeurs Maxence Ciekawy et James Bulleycaptent magnifiquement cet univers souvent contradictoire. Le jour, ce monde est plein de bourdonnement, de sons de martèlement et de coups lourds ; la nuit, tout est silencieux. La boue et le pétrole, qui sont partout, jouxtent une végétation tropicale luxuriante. Le spectateur peut presque sentir la chaleur et l'humidité qui accablent les deux personnages tandis qu'ils vaquent à leur labeur. Et puis il y a les feux, avec leur puissance bouillonnante, indéniable.

Tandis que ces contrastes se superposent et s'enchevêtrent, la même chose se passe avec la religion et la superstition dans la vie familiale. Ils rendent visite à deux diseurs de bonne-aventure, et "nourrissent le dragon", un rituel sublime autant qu'effrayant en lien avec les puits de boue brûlants, mais ils prient aussi Buddha et emmènent leur petite-fille pour qu'elle soit initiée à la religion. Un des diseurs de bonne-aventure dit que Htwe Tin est cupide parce qu'elle est une femme ; l'autre lui dit que c'est elle, la cheffe de famille. Cependant, Farouky se s'étend pas sur la question. Le réalisateur nous montre, au lieu de ça, une image intime, les petits détails dans leur relations et les grandes décisions qu’ils doivent prendre ; le commentaire social ou de l’activisme restent au second plan tandis qu'on partage cette histoire profondément humaine.

L’intimité de l’ensemble est accentuée par le choix du format 4:3, ainsi que par les transitions, accompagnées par la musique composée par Fatima Dunn, qui unit violoncelle mélancolique et harmonium. Ces segments permettent au spectateur de réfléchir au sens de la parentalité et de la famille, et il est frappant de constater combien il est facile de se sentir en empathie avec ces gens issus d'une civilisation complètement différente.

A Thousand Fires a été coproduit par Point du Jour-Les Films du Balibari (France), Akka Films (Suisse), Bind (Pays-Bas) et la productrice palestinienne May Odeh. Les ventes internationales du film sont assurées par Square Eyes.

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(Traduit de l'anglais)

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