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LOCARNO 2021 Compétition

Critique : Heavens Above

par 

- La nouvelle comédie grinçante du Serbe Srdjan Dragojević, en compétition à Locarno, est probablement le meilleur film qu’il ait fait depuis le début de ce siècle

Critique : Heavens Above
Goran Navojec dans Heavens Above

Le réalisateur serbe Srdjan Dragojević revient le film à succès The Parade [+lire aussi :
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(2011) et le flop de Holidays in the Sun en 2014 avec ce qui est sans doute son meilleur travail depuis Wounds en 1998. Heavens Above [+lire aussi :
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interview : Srđan Dragojević
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, une comédie sombre et surréaliste divisée en trois chapitres, qui traite de beaucoup trop de sujets pour qu’on puisse en dresser une liste, mais se concentre sur la religion et la corruption de l'âme humaine, est sans conteste trop chargé, et tout ne s’imbrique pas parfaitement. Cependant, c’est de la mise en scène de première classe, avec un dénouement captivant. Le film vient de faire sa première mondiale en compétition au Festival de Locarno.

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Le premier segment, intitulé "Péché", se passe en 1993 parmi les réfugiés de la Guerre de Croatie. Stojan (Goran Navojec), sa femme Nada (Ksenija Marinković) et leur fillette Julija vivent dans un quartier délabré de la périphérie de Belgrade avec leurs anciens voisins et la communauté rom locale. Stojan est un vrai saint, un homme totalement dévoué aux autres et notamment à sa famille, mais après un accident complètement improbable avec une ampoule électrique, il se réveille avec un halo autour de lui.

En tant que communiste, il ne veut rien de tout cela, et sa femme voit la chose comme une malédiction ou une maladie. Après avoir consulté un prêtre exerçant à la télévision, elle le force à pécher, sauf que non seulement le halo ne disparaît pas, mais il devient un homme méchant et sans scrupules.

Dans le deuxième chapitre, qui se passe en 2001 et s'intitule "Grâce", un semi attardé mental du nom de Gojko (interprété par Bojan Navojec, le frère de Goran) est condamné à mort après avoir tué l’homme d'affaires Petar (Miloš Timotijević) et sa femme par téléphone portable. Gojko croit que son saint, Saint Petka, lui parle par voie de téléphone mobile (alors qu'à l'époque, l'objet est encore une rareté). Quand le Père Atanasije (Miloš Samolov), le prêtre corrompu typique de cette époque, vient lui donner l’absolution, il trouve la preuve que les miracles existent et quand Stojan, entretemps devenu gardien de prison, arrive pour l’amener au peloton d’exécution, il trouve en lieu et place de Gojko un nouveau-né.

Dans la troisième histoire, intitulée "Le Veau d'or" et située en 2026, Julija (à présent jouée par Nataša Marković) est galeriste et Gojko, reconnu schizophrène et contraint à un traitement médicamenteux, est devenu peintre. Ce futur proche est apocalyptique, l'écart entre les riches et les pauvres est immense, comme c'est typiquement le cas dans les sociétés en transition, et les sans-abris sont partout. Parmi eux se trouve un gardien de prison de la deuxième histoire (Radoslav Milenković) et Nada. Le garde découvre que regarder une des peintures de Gojko assouvit sa faim. Il s’avère que l’art de Gojko est nutritionnel et Stojan, à présent président, le proclame (ainsi que le peintre) propriété de l'État.

Comme toujours avec Dragojević, les personnages sont des archétypes, des caricatures ou des métaphores. En dépit de cela, le travail d’artisanat du réalisateur à lui seul, et son talent inspiré, font de ce film un titre incroyablement captivant. Il a été filmé de manière assez classique par Dušan Joksimović, avec beaucoup de plans en balayage riches en détails visuels et en oeufs de Pâques, et des chorégraphies alambiquées comprenant souvent beaucoup de figurants et d’acteurs. Parmi ces derniers se démarquent Samolov et Marinković, ainsi que Goran Navojec, comme toujours diaboliquement drôle, évidemment.

Une partie du message est assez claire et directe, évidente même, en particulier celle que communique la trajectoire de Stojan, mais d’autres aspects donnent l’impression de n'être tout à fait accomplis. Cela dit, l’esprit d’ensemble du film et son univers surréaliste mais convaincant sonne vrai, et promet de plaire tout particulièrement au public est-européen. Dragojević n'avait jusque là pas traité directement de la foi et de la religion, même si des aspects de ce propos sont saillants dans nombre de ses films, mais ici, les principes de la chrétienté trouvent un paroxysme dans un final qui monte en flèche.

Heavens Above a été coproduit par Delirium Film (Serbie), ma.ja.de (Alemagne), Sektor Film (Macédoine du Nord), Forum Ljubljana (Slovénie), Studio Dim (Croatie), Montenegro Max Film (Monténégro), Novi Film (Bosnie-Herzégovine) et ZDF/Arte (Allemagne). Les ventes internationales du film sont assurées par Pluto Film.

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(Traduit de l'anglais)

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