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CANNES 2021 Hors compétition

Critique : BAC Nord

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- CANNES 2021 : Cédric Jimenez fait parler la poudre dans le sillage de trois policiers marseillais de Brigade anti-criminalité. Un film très punchy à l’américaine et à l’idéologie manichéenne

Critique : BAC Nord
François Civil et Karim Leklou dans BAC Nord

Il est assez étonnant de voir dans la Sélection Officielle du 74e Festival de Cannes deux films sur les quartiers Nord de Marseille aussi dissemblables que Bonne mère [+lire aussi :
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(apprécié à Un Certain Regard) de Hafsia Herzi (qui a filmé une chronique familiale dans l’environnement où elle a elle-même grandi) et BAC Nord [+lire aussi :
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de Cédric Jimenez, présenté hors compétition. Il faut dire que les deux titres ne boxent absolument pas dans la même catégorie, le second étant dopé aux amphétamines du film d’action avec poursuites, fusillades, méchants cagoulés en meute régnant sur leurs territoires et manœuvres illégales d’un trio de policiers de la BAC (Brigade anti-criminalité) afin de démanteler le coeur d’un réseau de distribution de drogue dans un quartier inexpugnable. Des ingrédients chauffés à blanc ayant séduit Netflix qui a annoncé à Cannes l’achat des droits pour le monde entier (hormis la France).

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Greg (Gilles Lellouche), Antoine (François Civil) et Yass (Karim Leklou) forment une équipe de policiers en civil chevronnés et de très proches amis, le troisième étant sur le point de devenir père avec Nora (Adèle Exarchopoulos) qui travaille aussi dans la police. Ne versant pas vraiment dans le côté ripoux (sauf pour les cigarettes de contrebande et autres cafés) contrairement à certains de leurs collègues, le trio fait du chiffre comme le demande sa hiérarchie et enchaine les petites arrestations diverses, mais ronge son frein car on lui interdit de rentrer dans les cités, tenus par des dealers impunis, surarmés et très bien organisés pour contrôler les entrées et sorties de leurs zones de trafic. "C’est Bagdad là-bas, ils se font la guerre entre eux. Il n’y a plus de règles, c’est la jungle" affirme d’ailleurs Amel (Kenza Fortas), une indic secrète d’Antoine qui réclame 5 kilos de résine de cannabis en échange d’un renseignement capital pour une opération enfin autorisée par la hiérarchie. Problème : on ne pourra pas les prélever sur la prise (car c’est un shit très reconnaissable qui mettrait la vie de l’indic en danger), ni se servir dans les scellés ce que refuse l’officier en charge de l’affaire qui accepte néanmoins de fermer les yeux quand notre trio hyper motivé (bientôt aidé par toute la BAC Nord) se met à collecter le matos en rackettant les petits clients. Une entorse à la loi qui se retournera contre ses auteurs au terme d’un raid très spectaculaire dans les entrailles de la cité…

Côté scènes d’action et adrénaline, BAC Nord remplit parfaitement son contrat, le film tirant aussi un bon parti de la qualité de ses trois interprètes principaux. En revanche, et ce même s’il s’appuie sur des événements qui se sont réellement déroulés en 2012, époque où les quartiers Nord de Marseille avaient le taux de criminalité le plus élevé de France, le film déroule un tapis très caricatural sur l’ambiance locale et véhicule un substrat politique assez douteux. On pourrait penser que ce n’est pas bien grave puisqu’il ne vise pas la sociologie, mais la détente à coup de poings et de rafales de kalachnikovs, mais sa réhabilitation du travail policier en dehors des clous de la légalité afin de pouvoir lutter contre "le zoo" manque trop clairement de nuances pour s’élever au-dessus d’un très efficace rentre-dedans qui trouvera facilement son public international.

BAC Nord a été produit par Chi-Fou-Mi Productions et coproduit par France 2 Cinéma et StudioCanal (qui le vendait à l’international).

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