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CANNES 2021 Séances de minuit

Critique : Oranges sanguines

par 

- CANNES 2021: Jean-Christophe Meurisse propose le film parfait pour une séance de minuit, riche en comédie et en contenus choquants

Critique : Oranges sanguines
Frédéric Blin dans Oranges sanguines

Très franchement, aller au cinéma voir Oranges sanguines [+lire aussi :
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en sachant seulement que c'est une séance de minuit du Festival de Cannes est probablement la meilleure chose qu’on puisse faire. Dans la vie en général, s'entend. Ce deuxième long-métrage par Jean-Christophe Meurisse (son premier, Apnée [+lire aussi :
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, a été dévoilé à la Semaine de la critique en 2016) commence comme une comédie décalée sur un vieux couple qui s’inscrit à un concours de danse devant des juges très passionnés pour tourner à la comédie crado plein-pot, pour finalement se muer en un film politique couillu, avec des visuels très explicités, qui fait vraiment réfléchir. Imaginez Armando Iannucci faisant un film d'horreur avec Julia Ducournau, et multipliez par dix.

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L'ouverture pose d'emblée les quatre fils narratifs que le film va entrelacer comme des ronces. Un couple à la retraite (Lorella Cravotta et Olivier Saladin) s'inscrit à un concours de danse parce qu’ils ont besoin d’argent pour rembourser leur prêt et ne veulent pas le demander à leurs enfants. Ces scènes sont marquées par une atmosphère de comédie décalée. Le ministre des Finances (Christophe Paou) est soupçonné d’évasion fiscale dans une histoire qui constitue une variation sur le scandale Jérôme Cahuzac, ministre sous la présidence de François Hollande ; les problèmes commencent vraiment pour lui quand sa voiture tombe en panne et qu'en cherchant un refuge, il frappe à la mauvaise porte et rencontre un foutraque (Frédéric Blin), qui veut montrer au politicien véreux tout le mal qu'il pense de lui. Une adolescente (Lilith Grasmug) racole un garçon timide à une fête, mais il est juste trop maladroit au lit pour devenir l’homme de ses rêves. En quittant la fête, ayant perdu sa virginité, elle va avoir quelques soucis. Enfin, on a un avocat (Alexandre Steiger) désireux de grimper l’échelle sociale, d’avancer dans sa carrière et de prouver ses mérites à ses pairs.

Voilà quatre moments de la vie de gens différents, dans la France d'aujourd’hui. Mélangés ensemble, ils offrent un regard trompeur sur trois générations et plusieurs classes sociales, permettant au réalisateur de souligner la manière dont le système, en France comme en fait dans la plupart des pays d'Europe, protège l'élite. Dans un système de ce type, pour les autres, gagner signifie juste survivre, pas obtenir justice.

Tandis que le film progresse, il y a des scènes si dégoûtantes et sauvages qu’elles feraient même vomir les mecs de Jackass, enfin disons qu'il vaut mieux avoir déjà digéré son dîner avant d'aller le voir. La violence est souvent de nature sexuelle, ce qui ne manquera pas de choquer, mais le coup de maître d'Oranges sanguines est que le réalisateur arrive à rendre cette violence pop drôle la première fois, à cause de l'identité de la victime, puis la reprend ensuite, toujours commise par la même main, mais dans des circonstances différentes qui en font une tragédie. En faisant cela, Meurisse rend le public coupable également.

On retrouve ici beaucoup de motifs classiques du cinéma d’horreur, du personnage qui frappe à la mauvaise porte au danger, pour une femme célibataire, de marcher seule dans la rue, mais de ces clichés, quelque chose de surprenant finit toujours par émerger. Il n’y a pas de gagnant ou de perdant, même si le film parvient, on ne sait comment, à trouver un dénouement politiquement chargé et à formuler un propos fort sur la société. Tout ceci force le spectateur à interroger sa propre moralité de la manière la plus divertissante qui soit. Pour ceux qui ont l’estomac bien accroché, ce film pourrait bien s'avérer être le délice surprise de ce Festival de Cannes.

Oranges sanguines a été produit par les sociétés françaises Rectangle Productions et Mamma Roman. Les ventes internationales du film ont été confiées à Best Friend Forever.

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(Traduit de l'anglais)

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