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SHEFFIELD DOC FEST 2021

Critique : From the 84 Days

par 

- Ce film de Philipp Hartmann suit un groupe de musiciens boliviens expérimentaux en Allemagne en 2020

Critique : From the 84 Days

L’année dernière, les rues désertes sont devenues la norme. Il ne semble donc pas trop inhabituel de voir que From the 84 Days [+lire aussi :
bande-annonce
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, projeté en compétition internationale au Sheffield Doc/Fest, commence sur l’image d’un taxi roulant dans des rues complètement vides la nuit, avec à bord le réalisateur Philipp Hartmann qui vient d'atterrir à l’aéroport de La Paz. Ce qui est inhabituel, c’est que ces scènes ont été tournées en décembre 2019, avant que les mots "coronavirus" et "confinement" ne soient dans toutes les bouches, et avant que le couvre-feu et la consigne de rester à la maison ne deviennent la norme.

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L'atmosphère étrange, fantomatique de la ville se reflète dans la discussion politique qui se tient dans cette voiture, au sujet du nouveau gouvernement d’intérim en Bolivie, qui a apparemment envoyé tout son or à l'étranger et conclu des contrats sur le lithium. Mais Hartmann n’est pas là pour faire un film sur la politique en Amérique du Sud, aussi fascinantes que ces bribes d’information puissent être. Il est venu pour filmer l’Orchestre expérimental d'instruments indigènes (OEIN). Dans la voiture avec lui se trouvent Carlos Gutierrez, le directeur de l'OEIN, et Timo Kreuser, qui dirige la formation berlinoise PHØNIX16. Ils préparent deux concerts communs censés avoir lieu trois mois plus tard à Berlin et Dresde.

L'OEIN est de ces orchestres qui mélangent des instruments traditionnels avec une musique moderne faite avec des objets de tous les jours, remaniés pour produire des sons. La musique que fait cette formation évoque pour certains les films de science-fiction, pour d’autres, c'est un enfer auditif. Ce qui est révélé sur les Boliviens par la voix-off du réalisateur, c’est qu’ils aident les enfants de familles défavorisées à apprendre la musique. Ce sont les "gentils" de ce documentaire, qui ne démarre vraiment que quand ces 25 musiciens se rendent en Allemagne pour les concerts, qui se retrouvent annulés trois jours plus tard à cause de la pandémie. Ils ne peuvent plus ressortir du pays parce que leurs vols ont été annulés aussi, du fait de la décision du gouvernement bolivien de fermer les frontières. Les musiciens sont logés dans une académie de musique sans savoir combien de temps ils vont être coincés en Allemagne. Ils y resteront 84 jours, et Hartmann continuera de les filmer tout au long de cette période tandis les Boliviens et Kreuser font de la musique ensemble.

"L'improvisation, c’est une conversation en temps réel", dit un des Boliviens pour expliquer pourquoi ils adorent jouer à partir de sentiments plutôt qu’en lisant des partitions. La musique est la manière dont la plupart de ces artistes communiquent le mieux entre eux. Quand ils échangent des sons, ils se sentent à l'aise. Ce qu’ils jouent est aussi conceptuel, et de fait, une des premières compositions qu’on les voit jouer est le Des sept jours de Stockhausen, une oeuvre intuitive avec une influence théorique sur l'intitulé de laquelle le titre du film a été calqué.

Il y a aussi quelque chose d'intuitif dans le documentaire lui-même, dans la manière dont il entreméle des propos sur les coupes opérées en Bolivie dans les budgets destinés à la culture et à l'OEIN avec des récits sur la vie pendant le coronavirus et de la théorie de la musique. Hartmann parvient à faire tout cela tout en offrant à l'OEIN une plateforme aussi vaste que celle qu'a donnée Wim Wenders au Buena Vista Social Club. Son film n'aura certainement pas le même impact auprès du grand public, mais on ne doute pas qu'il saura se faire beaucoup d’admirateurs.

From the 84 Days est une coproduction entre l’Allemagne et la Bolivie qui a réuni les efforts de Philipp Hartmann pour flumenfilm, de l'OEIN et de PHØNIX16.

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(Traduit de l'anglais)

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