email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Suisse

Critique : Sami, Joe and I

par 

- Dans son premier long-métrage à la réalisation, l’actrice suisse Karin Heberlein dresse un tableau courageux et sincère de l’adolescence, un moment clef de l’existence où il s’agit de se (re)trouver

Critique : Sami, Joe and I
Jana Sekulovska, Rabea Lüthi et Anja Gada dans Sami, Joe and I

Sami, Joe and I [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Karin Heberlein, sélectionné au Festival de Zurich, au Festival Max Ophüls de Sarrebruck et plus récemment au BUFF de Malmö, dédié au cinéma pour enfants et adolescents, nous permet d’espionner (avec respect) un groupe de trois adolescentes confrontées à des choix décisifs qui vont les projeter dans l’âge adulte. Qu’est-ce que cela signifie, d’être adolescent aujourd’hui ? Quelles sont les dangers auxquels on peut se trouver en proie ? Quelles sont les espoirs qui leur font croire en un monde meilleur par rapport à celui de leurs parents ? Dans son premier long-métrage, Heberlein aborde ces questions clefs à travers les regards de trois jeunes filles au cœur de la tempête.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Sami, Joe et Lyla forment un groupe d’amies inséparables prêtes à tout pour défendre leur "clan". Dans un premier temps, leur quotidien semble rythmé exclusivement par des bavardages sans fin, des fous rires, des confidences et des secrets. Les jours passent, paresseusement lovés dans la nature, mais aussi parmi les barres d'immeubles où elles vivent avec leurs familles. L’école est finie et l'été promet de grandes aventures, mais hélas pour Sami, Joe et Lyla, des problèmes guettent : Samy doit affronter ses parents autoritaires (le père revient tout juste de la guerre), Joe doit s’occuper de ses frères et sœurs tandis que sa mère travaille sans répit, et Lyla aborde avec appréhension ses premiers jours d’apprentissage en cuisine. Les rêves liés à l'insouciance de l'été conçu comme un moment pendant lequel on peut profiter de la liberté retrouvée semblent disparaître peu à peu, laissant place à des décisions difficiles qui pourraient changer leur vie pour toujours. Garder la tête hors de l'eau malgré les difficultés d’un quotidien toujours plus compliqué et déstabilisant est difficile, et l’amitié qui les lie se révèle l'unique planche de salut qui leur permet de rester (péniblement) à la surface. Le monde des adultes semble vouloir les écraser en leur imposant ses règles (souvent absurdes) et ses tabous tout-puissants, mais nos trois héroïnes ne comptent pas se laisser abattre et vont chercher de toutes leurs forces à maintenir leur indépendance. Qui gagnera ? Et surtout, quel sera le prix à payer pour une liberté qui se transforme toujours plus en chimère ?

Karin Heberlein propose ici une alternative aux jeunes héroïnes stéréotypées qui dominent le grand écran. Ses trois copines sont des jeunes filles ordinaires, avec leurs problèmes et leurs rêves. Elles font figure de porte-voix d’une normalité au-delà des fantasmes créés par les réseaux sociaux et le star-system. Ce sont des héroïnes modernes aux prises avec les difficultés d’un quotidien pas toujours facile qu’elles abordent avec une authenticité étonnante. Samy, Joe et Lyla n’appartiennent pas à l’élite et elles ne sont pas non plus les typiques "petites reines" de l’école : ce qui les rend spéciales et authentiques, c’est la fragilité de leur rapport au monde, le fait qu’elles se débattent pour garder intacte leur identité (qui est en train de leur échapper). Le langage filmique utilisé ici, poétique, allant à l'essentiel (qui rappelle par moments celui de Sofia Coppola, en version helvétique), permet au public de se concentrer uniquement sur elles, en les mettant au centre du récit. Grâce au regard de Karin Heberlein, la normalité devient exceptionnelle et les problèmes du quotidien un véritable combat pour survivre. On note le travail très intéressant réalisé par Dominique Dreier et Kilian Spinnel sur la musique : elle accompagne l’été de nos trois héroïnes comme une ombre discrète, mais nécessaire, qui en souligne la poétique fragilité.

Sami, Joe and I a été produit par Abrakadabra Films (qui en assure aussi les ventes internationales) en coproduction avec la SRF Schweizer radio und Fernsehen.  

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy