email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Royaume-Uni

Critique : Communists!

par 

- Le programmateur et critique gallois Christopher Small se lance dans la réalisation et propose un séduisant quasi-thriller qui se passe pendant un festival de cinéma

Critique : Communists!
Poppy Rivers-Vincent dans Communists!

Communists! [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Christopher Small
fiche film
]
, qui se pose en véritable "portrait de l'artiste en festivalier exténué", marque les débuts à la réalisation de longs-métrages du critique de cinéma et programmateur respecté Christopher Small, qui a travaillé pour Locarno, Sheffield Doc/Fest et pour le festival pragois Doc Alliance. Il s'aventure avec ce film derrière la caméra, en tant que scénariste et réalisateur, perpétuant une riche tradition d’observateurs du cinéma devenus cinéastes. Son travail, qui a fait sa première la semaine dernière au BAFICI, en Argentine est un travail modeste, avec un côté "fait main", réalisé avec un micro-budget et une troupe d’acteurs inexpérimentés, mais il fait de ces potentiels écueils des points forts.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Ça semble une scie, pour les aspirants-scénaristes, de dire "écris sur ce que tu connais", mais le film est incontestablement un travail complètement immergé dans l'univers des festivals de cinéma et la culture cinéphilique, entre les sacs-festival en toile "Il Cinema Ritrovato Bologna", les rencontres entre professionnels autour de tables éclairées à la chandelle et jonchées de bouteilles de vin à moitié vides, les accusations de népotisme autour de la sélection compétition et l'aura d'hyperstimulation et d’épuisement qui se crée après une semaine d'un régime fait de films d'auteurs et d'échanges de banalités entre festivaliers. Et pourtant, le film ne donne jamais l’impression d’être élitiste ou imposant, parce que Small est clairement conscient du rapport faussé entre ces événements et la société normale, et de la vulnérabilité des créateurs comme des travailleurs de la culture qui les peuplent. Le titre est à la fois une manière de trahir le propos de fond, une plaisanterie et une question existentielle : y a-t-il une once de conscience sociale révolutionnaire à ces manifestations, en dépit de tous les films politiques qui remplissent leurs sélections ?

Le film dans le film de Communists!, l'histoire du créateur coincé face à une page blanche, évoque Adaptation de Spike Jonze, mais l'auteur de ces lignes a trouvé une meilleure comparaison encore : on y retrouve les récits observationnels de Jacques Rivette sur des jeunes gens isolés, et les intrigues conspirationnistes qui les engloutissent comme du lierre une maison abandonnée. Sacha (Poppy Rivers-Vincent) est une réalisatrice de films d'animation expérimentaux de 21 ans qui présente son deuxième (!) long-métrage à un festival fictif, très prestigieux, au sud du Pays de Galles. L'endroit a une résonance familiale pour Sacha : sa grand-mère, de gauche, très bohème, a accueilli de nombreux artistes et autres gens de passage dans sa vieille maison, et sa cousine adoptée Connie travaille poru le festival, qui se déroule non loin. Sacha se sent dans une impasse au niveau de son travail et voudrait faire un long-métrage en images filmées avec un plus fort impact social (d’où les "communistes"). Ses recherches commendent justement lors de ce déplacement pour le festival.

En se promenant dans les bois pendant son temps libre, elle est témoin d’un acte de violence effroyable, et comme si présenter au public un nouveau film expérimental n'était pas assez stressant, elle n’a pas d’autre choix que celui de se conduire comme le personnage d'un autre genre de film : le polar alimentaire. C’est comme si on devait aller à un festival sans être vacciné, et qu’on pouvait "attraper" l'aura d’un film par simple exposition ; c'est l'impression qu'on a tandis que ces stéréotypes de genre viennent se coller comme des spores sur ce drame plein de milléniaux frustrés.

L'aspect brut et minimaliste de Communists! ainsi que sa photographie numérique parfois surexposée pourrait frapper certains spectateurs comme l'oeuvre d'un amateur, et pourtant le film s'inscrit dans une lignée particulière de titres très cinéphiliques réalisés avec des moyens limités mais beaucoup de choses à exprimer. C’est comme une illusion d’optique : Small utilise énormément le hors-champ pour donner l’impression d’un festival grouillant de monde en dehors du cadre, qui se concentre souvent simplement sur des conversations à deux personnages, avec la caméra pile à leur hauteur. Mais il nous le vend bien. C'est l'astucieux artifice du cinéma à l'oeuvre, celui qui est nécessaire dans des productions de bien plus grande échelle que Communists!

Communists! est un titre britannique entièrement produit par Christopher Small à travers sa société Antinomovies.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy