email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IFFR 2021 Compétition Tiger

Critique : Gritt

par 

- Dans son premier long-métrage, la Norvégienne Itonje Søimer Guttormsen défend l'idée d'être toujours Lilith, jamais Ève

Critique : Gritt
Birgitte Larsen dans Gritt

Au départ, on a l’impression d’être devant une énième histoire de comédienne ratée, car Gritt [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Itonje Søimer Guttormsen
fiche film
]
d'Itonje Søimer Guttormsen, présenté dans la section Tiger Competition de Rotterdam et au Festival de Göteborg après sa première mondiale à Tromsø, tend d'abord à se noyer dans le genre de dialogues prétentieux (et ce pas seulement les interlocuteurs) où l'auteur aurait désespérément essayé d'insérer du "méta-" au détour de chaque phrase. Heureusement, le film se débarrasse promptement de toute cette prétention, et des mentions d'une monstruosité intitulée Trois couleurs d'Ibsen, pour se lancer dans une quête qui fait l'effet d'être assez folle, mais qui est aussi authentique et captivante.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Non que l’héroïne cesse d'un coup d'être agaçante : frustrée comme elle est, tout en étant complètement fauchée, à errer dans la ville avec rien de plus qu'un petit bagage et à s'aliéner illico tous ceux qui lui offrent temporairement le logis, le personnage de Gritt incarné par Birgitte Larsen est indéniablement pénible. Désespérée de reconnaissance, sans être non plus totalement vaine, cette héroïne du genre à essuyer sans ciller son sang menstruel sur un mur est fascinante à regarder. Elle a le regard nerveux, des membres maigres et de grandes idées, notamment un projet sur "l’inflammation blanche" (une apathie et une incapacité à agir dont, supposément, la Scandinavie se voile) qui n''intéresse absolument personne.

Quoique Gritt, d'ailleurs déjà divisé en plusieurs chapitres, fonctionnerait probablement mieux dans le format mini-série, ce film reste le portrait assez drôle, tout en étant un peu triste, d’une femme qui est une catastrophe et qui, la plupart du temps, en prend totalement son parti. Tout se passe presque comme si Guttormsen avait décidé de s'inscrire dans la lignée d'une tendance très enthousiasmante, celle qu'a perfectionné la délectable série Fleabag, par exemple. En l'espèce, autant s'attendre à un petit salon de thé autour du thème du hamster qu'à un signe qu’un futur stable est en vue, même si pour le coup, il n'y aura pas de micmac sentimental pour tout venir compliquer. Gritt, pour le dire brutalement, a déjà assez de choses en tête comme ça. Elle "travaille sur un rituel", puis sur son projet avec des réfugiés, qu'elle essaie de faire décoller, et puis les choses prennent un tour nouveau qui fait presque une volte complète, et elle s'adresse à une alliée étonnante pour avoir ses conseils : Lilith, l'entité démoniaque connue comme la première femme d’Adam, qui a choisi de fuir au lieu de passer une journée de plus avec lui au Paradis. Oh, Adam.

Beaucoup, vraiment beaucoup de choses se passent ici, parfois beaucoup trop, mais grâce à Larsen, on n'a aucun mal à oublier qu'on est devant une interprétation de comédienne et non une vraie personne, le genre de copine qu'on ne supporte pas très longtemps mais qui est malgré tout impossible à oublier, et qui réussit des coups auxquels la plupart des gens n'oseraient même pas se risquer. On peut appeler ça de la détermination, ou de l'incompétence, mais quoiqu'il en soit, elle fonce dans le tas comme un rouleau-compresseur.  Et une fois qu'elle arrive à une sorte de sérénité (fleurs dans les cheveux et tout le toutim), elle devient encore plus complexe. Comme Guttormsen a l'intention de retrouver cette héroïne par la suite, après ce film et le court-métrage qui l'a précédé, où elle apparaissait pour la première fois, on se demande bien où la tranquillité que Gritt finit par trouver ici va l’emmener ensuite. Elle et son petit bagage, bien sûr.

Gritt a été produit par la société norvégienne Mer Film (qui s'occupe aussi de ses ventes internationales) en coproduction avec la réalisatrice pour Andropia.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy