email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES France

Critique : La Lévitation de la princesse Karnak

par 

- Deux amis fuient Paris évacuée et traversent la France dans une civilisation en plein crash mystérieux. Un premier long astucieux et original signé Adrien Genoudet

Critique : La Lévitation de la princesse Karnak

"Ce qu’on ressent, c’est une porte vers un monde invisible". A l’image de son titre qui fait référence à un célèbre tour du magicien Harry Kellar dans la seconde moitié du XIXe siècle, La Lévitation de la princesse Karnak [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le premier long d'Adrien Genoudet, dévoilé au festival EntreVues Belfort et présenté cette semaine en compétition (en ligne) au 33e Festival Premiers Plans d’Angers, plonge dans une atmosphère flottante au cœur d’un mystérieuse catastrophe ("des disparitions en chaîne" dont les échos résonnent fortement avec la pandémie mondiale actuelle) poussant deux Parisiens sur la route de l’exode vers l’Italie. Tirant adroitement sur un fil minimaliste faisant la part belle à un imaginaire tangible et à un quotidien très incarné (la nature, la nourriture et le vin occupent une place importante), le cinéaste signe un road movie au charme étrange, à la lisière de l’envoûtement et aux parfums de mirage sur fond de civilisation crépusculaire.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

"Il y a longtemps que je me demandais ce que ça pouvait bien pouvoir faire au corps, au cœur et à l’esprit de vivre une période où, d’une année à l’autre, tous les signaux passent au rouge. Est-ce qu’on s’en aperçoit ? Est-ce qu’on en prend la mesure ? Est-ce qu’on y pense ? Est-ce qu’on en rêve ? Est-ce qu’on en est malade ? Est-ce qu’on se laisse prendre par surprise ? Est-ce qu’on se sent condamné à l’impuissance ? Est-ce qu’on décide d’agir ? Mais alors, pour faire quoi ? Est-ce qu’on pense à partir, si on peut, et où ?" En voix-off, Paul (Louis Séguin), le narrateur du film s’interroge. Qu’elle semble loin la fête de fiançailles de Camille (Hugues Perrot), cinq ans auparavant, dans un bar parisien, dans une séquence très réussie qui ouvre le film. Tout un groupe d’amis trinquait alors "À l’amour" et reprenait en chœur Viens Fifine (chanson interprétée par Jean Gabin dans Zouzou de Marc Allégret en 1934).

Désormais, Paul et Camille sont seuls dans une voiture, le premier a été quitté par sa petite amie tandis que le second se morfond depuis la disparition de sa fiancée. Les autorités évacuant Paris, ils ont décidé de partir ensemble retrouver le frère de Paul qui habite un petit village d’Italie. En cours de route, dans des conditions de voyage assez spartiates, ils vont rencontrer deux solitaires vivant de leur plein gré dans l’isolement de la campagne française. Le premier est un inconnu croisé par hasard, le second un ancien partenaire de Camille dans un groupe de musique, mais chacun transmet des bribes de sa philosophie existentialiste à nos deux protagonistes. Puis c’est l’arrivée au terme du périple, au pays fortifié des nécropoles et des amulettes…

Flirtant avec plusieurs genres (le réalisme social, le survival post-apocalyptique, le romanesque, le film politique de réflexion "d’une génération des gens qu’on a mis gamins dans les caddies" et dont l’univers d’abondance urbaine s’effondre soudainement), La Lévitation de la princesse Karnak joue très intelligemment de son étrangeté pour contrebalancer des moyens à l’évidence limités. Une odyssée originale parsemée de touches discrètes de mysticisme qui demande au spectateur une certaine ouverture d’esprit et qui se conclut magistralement (et dans le plus grand mystère) au son de Gracia a la vida.

La Lévitation de la princesse Karnak a été produit par Hippocampe Productions qui gère aussi les ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy