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ROME 2020

Critique : After Love

par 

- Cet excellent premier long-métrage par Aleem Khan aborde sous un angle neuf le motif du choc culturel musulman-britannique

Critique : After Love
Joanna Scanlan dans After Love

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a été sélectionné à la Semaine de la critique du Festival de Cannes annulé, et il a joué récemment au Festival de Londres ainsi qu'à la Fête du cinéma de Rome. C’est un premier long-métrage marquant de la part du réalisateur britannique Aleem Khan, qui explore les thèmes du deuil, des vies secrètes et de l’assimilation culturelle.

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On ne verra Ahmed qu’un bref instant avant qu’il ne tombe d'un coup et ne meure, laissant derrière lui une veuve, Mary Hussain (une excellente Joanna Scanlan). Alors qu'elle trie les affaires de son défunt mari, essayant d'y mettre de l'ordre, elle voit la photographie d’une autre femme. Cette femme est Geneviève (Nathalie Richard), qui vit à Calais, en France, de l’autre côté de la Manche par rapport à la maison de Mary à Douvres. Par un effet de coïncidence un peu trop bien agencé, Mary, qui s’est convertie à l’Islam pour épouser Ahmed, prend justement un emploi de femme de ménage pour une patronne française farouchement indépendante. Mais cette épisode initial, où intervient le hasard, est bientôt remplacé par un regard de plus en plus complexe sur la culture et l’identité, dans cette remise à jour excellente et surprenante des histoires sur le lien britannique-musulman racontées au cinéma.

Les conversion à l’Islam pour des raisons de mariage sont plus communes en Europe qu’on a pu le voir dans le cinéma du Vieux Continent jusqu'ici, de sorte qu'il est d’emblée intéressant de voir un tel personnage dépeint à l’écran, surtout sans connexion avec une menace terroriste. Cette histoire religieuse est juste une toile de fond (une saveur ajoutée) dans un récit qui se concentre surtout sur deux femmes apparemment très différentes qui vont en venir à se comprendre dans un moment de douleur partagée. Pour ajouter un peu de sel au mélange, il y a la révélation que Geneviève a eu un fils d'Ahmed, Solomon (Talid Ariss), et qu'elle a poursuivi sa liaison avec lui ces deux dernières décennies, tout en sachant pertinemment qu’il était marié.

Marie cache le fait qu’elle est la femme d'Ahmed à Geneviève, tandis qu’ elle essaie de réconcilier la révélation choquante que son mari avait une autre famille et le fait qu’elle ait elle-même abandonné sa vie et ses traditions pour un homme qui lui a caché d'énormes secrets. Elle n’est pas la seule à avoir une crise d’identité. Solomon est un adolescent troublé par l'étrange relation qui existait entre ses parents, qui doit qui plus est concilier ses héritages pakistanais et français. Il en est venu à en vouloir à sa mère et s'attend à ce que son père débarque à n’importe quel moment. Il adore le fait que Mary ait quelques connaissances sur son patrimoine culturel et qu’elle parle un peu le urdu. À chaque scène, le film présente différentes perspectives et différents points de vue sur les personnages, en parvenant à ne jamais tomber dans le mélodrame. Au début, l'histoire est racontée selon la perspective de Mary, mais l'angle s'élargit à mesure que de nouveaux personnages entrent dans sa vie, et le cadrage des plans imite ce mouvement. Le moment pivot du film est une scène de dîner dans laquelle les interactions entre les trois personnages principaux soulignent leurs similarités et leurs différences.

After Love, qui arrive sur les talons de Mogul Mowgli [+lire aussi :
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, est un nouvel exemple du mouvement britannique du cinéma Doosra, dans le cadre duquel une nouvelle génération de réalisateurs abordent autrement les histoires de choc culturel. Ces nouveaux travaux interrogent et font le jour sur le problématique cantonnement dans des stéréotypes qui est devenu dominant pendant le premier siècle d'existence du cinéma et dans la culture européenne en général, s'agissant de questions d’assimilation. Le mouvement crée un cinéma intersectionnel qui ouvre les yeux, qui est complexe et rafraîchissant, et se rattache à la complexité de la vie dans le village mondiale. After Love est un film qui n’a pas peur d’aborder, d’analyser et d'élaborer de nouvelles manières de penser à la culture et à l’héritage européens.

After Love a été produit par la société britannique The Bureau avec le soutien de BBC Films et du BFI. Les ventes internationales du film sont gérées par The Bureau Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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