email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

HAUGESUND 2020

Critique : My Favorite War

par 

- Dans ce film complexe, Ilze Burkovska Jacobsen, clairement pas fan des récits en noir et blanc, revendique 50 nuances de gris

Critique : My Favorite War

My Favorite War [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Ilze Burkovska Jacobsen
fiche film
]
d’Ilze Burkovska Jacobsen, remarqué à Annecy et à présent au programme du Nordic Focus de Haugesund, semble bien parti pour devenir une des découvertes des festivals de l'année. Ce “documentaire animé”, réfléchi, intelligent et dans le même temps incroyablement regardable, est (avec le récent Kill It and Leave This Town [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Mariusz Wilczyński
fiche film
]
de Mariusz Wilczyński) un parfait exemple de la façon dont une histoire profondément personnelle peut soudain englober beaucoup de monde, même des gens qui n’ont pas grandi avec la chanson du générique de la série polonaise Four Tank-Men and a Dog faire beugler tous les téléviseurs du quartier (ou avec le visage de son actrice principale, Pola Raksa), une chanson si emblématique qu’elle en est devenue la chanson de toute une génération.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Jacobsen ne craint pas les références qui pourraient facilement s’avérer trop spécifiques, trop locales ou trop subtiles pour qu'on les relève comme ça d'emblée, mais il faut reconnaître qu'elle les manie bien : le récit ne renonce pas à son identité pour voyager plus facilement dans les autres pays et reste incroyablement facile à suivre. Tandis qu'elle se replonge dans sa propre enfance en Lettonie, pendant l’occupation soviétique (une période pas si joyeuse que ça dans ce pays qui s'est auto-proclamé "le plus heureux du monde"), Jacobsen ne regarde pas de haut l’enfant qu'elle était et qui avait réellement une guerre préférée (la Seconde Guerre mondiale, bien sûr, avec cette division simple entre “nous” et “eux” qu'on a continué d'exploiter toutes les décennies suiventes). Au lieu de cela, elle accepte tel quel ce qu'elle observait et imaginait alors. Elle s’intéresse en particulier au moment où, malgré toute la propagande, on commence petit à petit à remettre les choses en question, ce qui n'est pas facile à vivre, pour les enfants comme pour les adultes, ni spécialement plaisant dans ce monde gris et résigné.

My Favorite War, presque totalement vidé de toute couleur vive à l’exception du rouge des foulards fièrement portés par les jeunes pionniers, semble obscurci par une fumée épaisse et désagréable qui reflète bien, sans doute, la difficulté des personnages à respirer. L'animation, entrecoupée par quelques inserts filmés, ne cherche pas vraiment à faire dans le mignon, malgré les jolis noeuds dans les cheveux des petites filles, ni à susciter l’émerveillement. Les gens qu'on y voit, auxquels on a collé des petits cailloux noirs assez perturbants à la place des yeux (des personnages créés avec l’aide de l’illustrateur norvégien Svein Nyhus) ne laissent jamais tout à fait transparaître ce qu’ils pensent, et encore moins quand des dépouilles de soldats allemands se retrouvent dans le bac à sable des enfants.

Malgré toutes ces histoires enfouies qui refont surface, le film est finalement plutôt intime : il se concentre sur les difficulés d’une seule famille autant que sur les mensonges et la politique. Cependant, Jacobsen, qui est clairement une réalisatrice généreuse, s’aventure également hors de son propre esprit et ajoute d'autres voix qui racontent des histoires, parfois tristes, parfois brutales, et parfois simplement conclues par un chuchotement qui dit qu’"une cigogne, c’est une bénédiction pour une maison". Quoi que ces voix disent, ça vaut le coup d’écouter.

My Favorite War, écrit et réalisé par Ilze Burkovska Jacobsen, a été produit par Trond Jacobsen et Guntis Trekteris pour Bivrost Film & TV et Ego Media, qui s'occupera également de la distribution du film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Julie Maudet)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy