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CANNES 2020 Marché du Film

La blockchain est-elle la solution pour répertorier les films européens ?

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- CANNES NEXT : Le premier débat Cannes NEXT a exploré le rôle de la technologie blockchain pour créer un registre unifié dont bénéficieraient les producteurs indépendants

La blockchain est-elle la solution pour répertorier les films européens ?
Les deux intervenants au débat : Alan Milligan (à gauche) et Magnus Jones

Une fois de plus cette année, le Marché du Film de Cannes (qui pour cette édition se tient entièrement en ligne du 22 au 26 juin) explore le futur de l’industrie à travers Cannes NEXT. La discussion d’ouverture de cette année à examiné le sujet "Valoriser l’industrie du cinéma grâce à la technologie : le potentiel d’un registre européen du cinéma" et Sten Saluveer, qui dirige NEXT, a accueilli les invités et intervenants.

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La présentation a commencé par une allocution du producteur et entrepreneur dans la création de logiciels Alan Milligan, qui a exposé quelques données et chiffres par rapport aux différentes sources de revenu du cinéma aujourd’hui. Les deux sources principales (les sorties "traditionnelles" en salle, qui génèrent des recettes au box-office et de la visibilité, et la diffusion TV à budget limité) sont à présent en concurrence avec les nouveaux acteurs du secteur : les plateformes de streaming, qui, de leur côté, jouent le rôle de portiers entre les producteurs, les auteurs et le public à travers des transactions limitées et restreintes qui s'effectuent dans un écosystème clos. Dans les faits, ils transforment petit à petit les producteurs indépendants en producteurs exécutifs. Ayant posé cela, Milligan a présenté plus en détail certains des objectifs liés au besoin de créer un registre des droits sur les films. Selon ses recherches, cela permettrait de fournir un accès universel à la distribution numérique avec laquelle fonctionnent à présent tous les cinémas. Par ailleurs, ce registre devrait être un bien public régi par le secteur de l’industrie du cinéma. L'idée est de fournir des revenus de manière directe et transparente pour les créateurs et les producteurs et, dans le meilleur des cas, même les films qui ne finissent pas sur les services par contournement et applications décentralisées (dApps) bénéficieraient ainsi d'une méthode alternative profitable pour leur financement et leur distribution.

Sur le plan pratique, un registre des droits sur les films fonctionnerait en quatre étapes. D’abord, une vérification de la chaîne des droits pour chaque film serait soumise par les détenteurs. Ensuite, à travers la technologie blockchain, ces données seraient encodées de manière à produire un contrat intelligent (smart contract). Ces deux étapes réalisées, différentes dApps pourraient avoir accès au registre et exécuter des opérations commerciales à travers ce contrat intelligent. Ce même contrat permettrait aussi d'exécuter les paiements en chute de chaque film à travers plusieurs transactions.

Ce registre fournirait avant toute chose aux détenteurs des droits, ceux qui en possèdent la licence de manière vérifiée, à un seul produit intégrant le film, ses droits, et les paiements en chute. En rendant cette blockchain publique, les dApps seraient capables de se connecter aux produits et d'offrir des services. À travers ce processus, les financements publics aussi seraient accessibles, et la gestion du registre pourrait être confiée à des institutions publiques, des agences de recouvrement et des détenteurs de droit, à condition que l’industrie du film indépendante soit activement engagée. Un groupe de partenaires comprenant Binge Media, LeapDAO, Nectar, White Rabbit, K5 Film, Sharp House, The Bureau Films, Elzévir Films et EYont décidé de collaborer sur cet aspect.

Sur les niveaux juridique et pratique, Magnus Jones, responsable Blockchain nordique et Innovation au sein de la société d'audit EY, a mentionné que cette dernière est présentement impliquée dans plus de 800 projets liés à la blockchain, avec plus de 900 professionnels formés en la matière et 14 hubs au niveau mondial. Il a aussi expliqué que la blockchain fonctionne comme un niveau supplémentaire qui se superpose aux infrastructures existantes et souligné l’importance d'ajuster finement les protocoles en place de manière à ce qu’ils puissent fonctionner pour les contrats intelligents. Comme exemple de blockchain publique, il a cité le cas de Vienne où, en collaboration avec EY, la Ville a créé un réseau blockchain accessible aux citoyens, ce qui garantit transparence, efficacité et sécurité, puisque tout est ici "question de confiance".

Pour ce qui est du paiement des royalties, Jones a partagé l'expérience d'EY avec Microsoft, qui gère les droits sur les contenus et royalties à travers la blockchain. Pour rendre les choses plus claires, il a précisé que normalement, les royalties seraient disponibles sous environ 45 jours alors qu'avec la blockchain, la chose peut se produire en quatre secondes seulement et permettre à toutes les parties concernées de recevoir leur paiement. EY a aussi développé une blockchain avec l’entité italienne ANSA pour traquer les fake news et les signaler si nécessaire.

Les attentes concernant cette technologie sont extrêmement élevées, car dans environ dix ans, estime-t-on, plus de la moitié des nouveaux contrats d'affaires seront faits en utilisant la blockchain. En outre, en ce moment, les géants de la technologie comme Facebook, Microsoft, etc. sont en train de développer leur propre système de base à partir de leurs propres cryptomonnaies, ce qui permettra aux micro-paiements de s'effectuer instantanément – une fois que l’écosystème sera prêt et que les clients auront établi un lien de confiance, cela sera mis en place, possiblement d’ici deux ans à peine.

La présentation s’est poursuivie sur une démo par Milligan de la manière dont sa société, White Rabbit, qui développe des solutions décentralisées basées sur la technologie blockchain pour les transactions relatives au cinéma et facilite et la vente directe au public, et des revenus instantanés pour tous les détenteurs de droits. Idéalement, cette blockchain, qui est présentement en train d’être beta testée, va opérer parallèlement à un registre des films remis à jour, qui pourrait fluidifier et élargir les collaborations dans le secteur du cinéma et possiblement constituer une manière de mettre fin aux recherches de contenus piratés, puisque tout le monde serait en mesure de payer le bon prix aux détenteurs de droits à chaque fois qu'on consomme du contenu, sur n’importe laquelle des plateformes disponibles.

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(Traduit de l'anglais)

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