email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2020 Marché du Film

Le European Film Forum version numérique veut sauver l’écosystème

par 

- CANNES 2020 : Il a beaucoup été question de solidarité lors de la discussion “Modeler l’avenir de l’écosystème de l’audiovisuel européen : quel rôle pour l’Union européenne ?", ainsi que d’ambition

Le European Film Forum version numérique veut sauver l’écosystème
Les participants au débat du Digital European Film Forum (dans le sens des aiguilles d’une montre à partir d'en haut à gauche) : Marjorie Paillon, Daniela Elstner, Ed Guiney, Marco Chimenz et Tatxo Benet

La conférence du European Film Forum en version numérique intitulée "Modeler l’avenir de l’écosystème de l’audiovisuel européen : quel rôle pour l’Union européenne ?", organisée en partenariat avec le Marché du Film de Cannes (qui se déroule en ligne), a essayé d'évaluer la situation actuelle, c'est-à-dire les effets désastreux de la pandémie, pour arriver à une vision commune, tout en évoquant le rôle de l'Union européenne. "Cet événement est destiné à ceux qui sont en train de remodeler l'écosystème audiovisuel européen. J'aime le fait qu'on utilise le mot 'écosystème' et non pas 'industrie'. Nous avons besoin de ne faire qu'un pour nous rétablir de ces moments difficiles", a souligné la modératrice Marjorie Paillon avant de donner la parole à Pierre Lescure, le président du Festival de Cannes. "Quel superbe symbole pour ouvrir ce marché en ligne, puisqu'il coïncide avec la réouverture des cinémas en France", a-t-il affirmé de manière optimiste.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Comme l’a indiqué le commissaire européenn Thierry Breton, "même les scénaristes les plus créatifs n'auraient pas pu imaginer ce qui s'est passé ces dernières semaines". Et pourtant, alors que tout le secteur a été durement affecté, il a exprimé la conviction qu'"ensemble, nous en sortirons plus forts qu'avant". Sabine Verheyen, députée européenne et présidente de la Commission de la culture du Parlement européen, a engagé les gens à agir. "L'Union européenne a besoin d’en faire plus, et plus vite. Nous avons adopté des programmes d'aide substantiels, notamment l'Initiative d'investissement en réaction au coronavirus, mais souvent, les petites entreprises jettent un œil au document puis s’enfuient, ou alors ne répondent pas aux conditions", a-t-elle dit, mettant l'accent sur le besoin d'adapter les aides. "La Commission continuera à faire pression pour que les bonnes mesures soient prises rapidement. Consacrer de l'argent à la culture et à l’éducation culturelle, c'est investir dans le futur du continent. Je suis très inquiète de la proposition de la Commission sur le budget et le plan de rétablissement. Les chiffres sont profondément décevants. Si nous ne soutenons pas les artistes et créateurs aujourd'hui, cela pourrait avoir des conséquences dévastatrices".

Au fil de la conférence, les participants ont partagé leurs expériences, notamment Marco Chimenz, président de Cattleya et membre du comité du European Producers Club. "Du point de vue de notre société, nous sommes chanceux d'avoir pu passer de la production presque exclusive de longs-métrages destinés aux salles à celle de séries télévisées, qui constituent aujourd'hui la majeure partie de notre production. L'incertitude est immense : les cinémas ont rouvert en Italie, mais combien de personnes s'y rendent ?" Comme l’a indiqué Paillon, avant le confinement, le niveau de consommation des cinémas européens a atteint 1,34 milliards de spectateurs. Trois mois plus tard, c'est Netflix qui établissait de nouveaux records. "Finalement, je suis plutôt optimiste", a dit le producteur Ed Guiney, président d'Element Pictures (The Lobster [+lire aussi :
critique
bande-annonce
Q&A : Yorgos Lanthimos
fiche film
]
, La Favorite [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
). "Passé le coronavirus, les gens vont savourer pleinement l'expérience collective qu'offre le cinéma. La télévision a monté de niveau, et d'une certaine façon, cela peut inspirer le cinéma à faire mieux, car les spectateurs ont besoin d'avoir une bonne raison de quitter leur domicile", a-t-il dit, en complimentant Gomorrah de Chimenz. "Il existe un énorme appétit pour les choses différentes, exprimées à travers différents regards, et nous sommes superbement positionnés en Europe pour répondre à cette demande".

"Voici quelques mots vraiment importants : ambition, solidarité, être moins naïf et avoir un projet pour l'avenir", a énuméré Daniela Elstner, Directrice Générale d'UniFrance. "Plus on travaille ensemble, mieux c'est. Il y a quelque chose qui nous réunit, tous ensemble, dans une salle de cinéma. Nous avons besoin d'argent, mais nous avons également besoin de repenser notre modèle économique et ne pas exclure l'un ou l'autre, plateforme ou cinéma". Il faut aussi trouver de nouvelles solutions créatives, telles que l'ADRAH (Additional Dialog Replacement at Home), mentionné par Tatxo Benet, président de Mediapro. L'outil a été conçu pour les comédiens confinés dont les voix étaient nécessaires pour terminer les films et séries. "Nous avons besoin de mieux nous intégrer au marché numérique et de convenir d'un cadre réglementaire. Notre atout principal, en tant que producteurs, est la propriété intellectuelle. Mais il est difficile de la maintenir quand on fait face à des entreprises internationales dont le pouvoir économique est incroyable. La façon dont le marché fonctionne en Espagne, et presque toute l'Europe, fait que les diffuseurs nous obligent à céder si nous voulons leur vendre nos séries."

Chimenz concorde : "Nous avons face à nous des organisations avec des ressources telles que c'est du jamais vu. Quand j'entends l'idée de créer un championnat européen de la distribution numérique, je me demande si c'est bien sensé. Ce train, s'il a existé, est parti depuis longtemps". Mais il existe toujours un écosystème vibrant. "Nous devons nous assurer que ces plateformes, ainsi que tous les diffuseurs, mettent les producteurs indépendants européens au centre. Pourquoi ? Parce que nous sommes proches d'Armani, Valentino, Louis Vuitton, des concepteurs qui, grâce à leur capacité à allier art et commerce, ont contribué au prestige de l'Europe, a dit Chimenz. Nous produisons des projets de haute qualité pour beaucoup moins d'argent qu'aux États-Unis, mais on peut quand même se retrouver avec une partie du budget qui manque. Il serait intéressant que cela puisse être couvert par un financement public, également sous forme de prêt remboursable. Une des choses qu'on a apprises de cette crise, c'est à quel point le monde est interconnecté. Le European Producers Club a validé une charte pour la production verte. Est-elle facile à bien respecter ? Non. Est-ce un domaine dans lequel la Commission pourrait décider d'investir ? Certainement."

Heureusement, la demande actuelle de contenus crée de nouvelles opportunités. "Le montant d'argent disponible pour le développement de projets grâce à Europe créative est en réalité très maigre. Nous sommes à la traîne par rapport à nos créateurs et leurs réussites. Il est dommage que nous ne puissions pas leur fournir des foyers en Europe pour qu'ils y réalisent des travaux audacieux et de grande échelle", a dit Guiney, qui a suggéré la mise en place d'une banque d'investissement européen qui aiderait au financement du développement ou de la production. "Il s'agit de dire : 'regardez, on a ici quelque chose de potentiellement très profitable'. Les Américains le financent convenablement, et les Chinois et les Indiens aussi". En Europe, à l'inverse, les choses sont encore trop fragmentées. "À l'heure où je vous parle, nous ne sommes pas des producteurs indépendants, nous sommes des producteurs dépendants".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Chloé Matz)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy