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HOT DOCS 2020

Critique : Reunited

par 

- Le documentaire de la Danoise Mira Jargil raconte clairement et avec émotion l’histoire d’une famille de réfugiés syriens éparpillés sur différents continents qui font leur possible pour être réunis

Critique : Reunited

Le nouveau documentaire de la réalisatrice danoise Mira Jargil (Dreaming of a Family), Reunited [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui a fait sa première mondiale à CPH:DOX et qui se trouve à présent au programme de Hot Docs, dans la section The Changing Face of Europe curatée par European Film Promotion, est un rare exemple de documentaire dans lequel la clarté du récit et l'émotion vont de pair.

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Les membres de la famille Faras, originaires d'Alep, se retrouvent échoués sur des continents différents. Comme ils ont fui la Syrie chacun de son côté, le père, Mukhles, s’est retrouvé à Ottawa, la mère, Rana, à Assens au Danemark, et les deux fils, Nidal (17 ans) et Jad (11 ans), à Mersin en Turquie. Jargil suit leur histoire dans leurs nouveaux habitats respectifs, ainsi que leurs communications régulières sur internet, et à partir de cela, elle construit un récit solide et fort sur l'importance de la famille, les horreurs de la vie de réfugié, leur lutte pour trouver leurs repères au sein des nouvelles cultures dans lesquelles ils sont forcés de s'immerger et résister à l'humiliation qui est le corollaire de la bureaucratie, des préjugés et de la xénophobie, pour tenter de se réunir.

Rana doit ouvrir la marche. Ayant obtenu un permis de séjour au Danemark, elle a fait une demande de réunification familiale. Quand le film commence, elle attend la réponse depuis déjà huit mois. C'est une situation angoissante pour cette pédiatre, autrefois estimée, à présent obligée de se contenter d'un internat à l'hôpital d'Assens – une opportunité dont elle est très reconnaissante qu'on la lui ait accordée.

Mukhles, autrefois médecin de l'équipe nationale de football syrienne, travaille désormais en cuisine dans un restaurant d'Ottawa. On le voit préparer des falafels avant de montrer fièrement des photos de lui avec l'équipe nationale à ses collègues, qui semblent le respecter et l'apprécier, ainsi qu'une image de ses deux fils quand ils étaient plus petits, car c'est trop douloureux pour lui de voir combien ses garçons ont grandi depuis la dernière fois qu'il les a vus.

Nidal et Jad semblent être ceux qui pâtissent le plus de la situation. Ils vont dans une école pour réfugiés syriens, où on les harcèle et où on les ostracise au quotidien. Jad avait trouvé un copain avec qui jouer, mais la mère du garçon a tout de suite éloigné son fils de lui, en lui interdisant de côtoyer un Syrien. De son côté, Nidal a dû grandir d'un coup, et on est touché de le voir cuisiner le plat que leur maman leur faisait avant, et son frère commenter les différences, sans se plaindre pour autant.

Rana est prise dans l'étau de la bureaucratie tandis qu'elle essaie de se procurer un document de voyage danois spécial qui lui permettrait d'aller rendre visite à ses fils. Et ce n'est que la première étape : elle doit aussi obtenir un visa de l’Ambassade de Turquie, et il n'est pas garanti qu'elle y parvienne.

L'approche de Jargil est à la fois nette et émouvante. Les récits alternés sont utilisés de manière efficace afin de présenter les sentiments des membres de la famille et leur frustration face à la situation. En Syrie, ils étaient respectés et jouissaient d'un statut social élevé ; en tant que réfugiés, ils sont comme tout le monde : abandonnés, seuls, effrayés et bouleversés. Le film, lourd de souffrance, montre combien des choses que nous tenons pour acquises peuvent s'évanouir facilement, pour des raisons qui échappent totalement à notre contrôle.

Mais malgré toutes ces épreuves, cette famille reste digne et garde espoir, et le film avec eux, qui arrive à générer exactement l'émotion qu'il faut chez le spectateur quand on arrive au dénouement – qu'on ne saurait dévoiler au risque d'en gâcher l'effet.

Reunited a été produit par la société danoise Moving Documentary Aps. Les ventes internationales du film sont gérées par l'enseigne autrichienne Autlook Filmsales.

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(Traduit de l'anglais par Chloé Matz)

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