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HOFF 2020

Critique : Chasing Unicorns

par 

- Cette comédie de Rain Rannu, distinguée par une mention spéciale au Festival de Haapsalu, affirme que si tous les Américains ont une voiture, tous les Estoniens ont une start-up

Critique : Chasing Unicorns
Henrik Kalmet et Liisa Pulk dans Chasing Unicorns

Une nouvelle recrue vient de rejoindre les rangs des films qui commencent par une définition de dictionnaire (en l'espèce pour clarifier d'entrée de jeu ce qu'est une "licorne", et on ne parle pas ici du genre de licorne qui est attiré par les jeunes vierges). Chasing Unicorns [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le deuxième long-métrage de Rain Rannu après Chasing Ponies en 2016 (qui reste donc sur le motif équestre), se penche sur une nouvelle race d'outsider : celle de l'aspirant-entrepreneur qui a grandi avec les histoires d'ascension sociale des guenilles à la richesse, ou plutôt du garage à la grande villa, qui circulent autour de Steve Jobs et ses disciples, espérant réussir dans le monde des start-ups technologiques et gagner gros. Le film a gagné une mention spéciale au récent Festival du film d'horreur et du cinéma fantastique de Haapsalu (abrégé en HOFF en anglais), qui s'est tenu du 8 au 10 mai.

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Situer l'histoire en Estonie n'est à vrai dire pas si tiré par les cheveux que ça, car comme on nous le rappelle ici, Skype a été créé par un compatriote de Rannu, après tout. Quoique dans leur tête, tous les rêveurs sont déjà aux États-Unis, de préférence à Palo Alto, lieu tant vanté par celui dont tout le secteur se moque, vers, Un endroit dont fait la pub à celui dans toute l’industrie se moque, Tõnu (Henrik Kalmet), à qui on a conseillé d’arrêter une bonne fois pour toutes de monter des start-ups, mais qui s'entête malgré tout à porter des pulls à capuche avec son nom dessus. En dépit de son incapacité à faire des profits, sans compter qu’il ne se comporte vraiment pas comme un être un humain normal avec au moins une moitié de cerveau en bon état de marche, Tõnu finit par s’associer avec Õie (Liisa Pulk), qui vient de se retrouver au chômage, sur une nouvelle initiative : le premier casque à vélo d'Estonie qui soit joli. Très vite, ils se mettent à viser plus haut, à attirer des investisseurs potentiels, à parler aux heureux élus qui ont réussi en affaires, et ils évitent de penser à la théorie selon laquelle les start-ups sont comme un addictif jeu de tir à la première personne du type Doom : tu combats, tu meurs, tu recommences.

Bien que cette nouvelle réalité toute scintillante semble par moments augmentée, mystère et boule de gomme pour ce qui est de savoir comment une telle histoire a pu intégrer la toute première compétition de films de genre estonienne du Festival de Haapsalu, qui est qui plus est un festival consacré à l'horreur et au fantastique. Ce qui ressemble le plus à du sang dans ce film, c'est un smoothie qui s'est renversé, mais le jeune jury, composé d'élèves du Lycée Läänemaa, a néanmoins décidé de le distinguer, arguant que "le film était unique et très drôle, et il a aussi une forte fonction motivante puisqu'il dit : si tu veux vraiment quelque chose, eh bien agis et n’abandonne jamais !".  Le truc c’est qu'au bout d'un moment, on voudrait vraiment fort que les personnages fassent précisément cela, car bien que Chasing Unicorns soit un film relativement sans douleur, il est aussi fatigant, faisant l'effet d'une imitation européenne trop longue de Silicon Valley, ornementée avec beaucoup trop de personnages qui évoquent des versions pas forcément plus claires dans leur propos, mais en tout cas plus propres, de James Franco dans Pineapple Express – d'ailleurs son personnage émettait à un moment l'idée de tuer une licorne "avec, genre, une bombe"... Longue histoire.

Le film serait inspiré d'histoires réelles (ce qui signifierait, au vu des pitches qu'on entend dans le film, qu'avoir des relations sexuelles sur Mars ne sera bientôt plus un problème) et son réalisateur est lui-même un entrepreneur établi, mais il n'en fait pas moins l'effet d'une série de sketches autour de blagues d’initiés que personne en dehors de l’Estonie ne va jamais comprendre – à commencer par l’apparition d'un ancien Premier Ministre. Bien que sa tentative d'aller sur le terrain du "une femme forte tête essaie de réussir dans un milieu dominé par les gars" trébuche parfois, au moins le rythme est rapide, de même que le camion de pompier transformé en sauna. Mais pour ce qui est du rêve de s’agrandir à l'échelle internationale, cette fois, il serait sans doute plus sage de rester à la maison.

Chasing Unicorns a été produit par Tõnu Hiielaid et le réalisateur lui-même pour Tallifornia.

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(Traduit de l'anglais)

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