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FILMS / CRITIQUES France

Critique : Les Grands Voisins, la cité rêvée

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- Privé de salles, ce documentaire de Bastien Simon à propos du projet éphémère des Grands Voisins à Paris, est diffusé sur la plateforme 25eheure.com

Critique : Les Grands Voisins, la cité rêvée

Le documentaire de Bastien Simon Les Grands Voisins, la cité rêvée [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
s’ouvre sur une séquence onirique qui saisit par son étrange beauté. Un homme vêtu du "drâa", le boubou maure traditionnel, chantonne dans une salle d’opération abandonnée. Au centre de la pièce se trouvent un lit chirurgical et des plafonniers : le curieux personnage manipule les éclairages, comme pour mettre en lumière des souvenirs. Il déambule dans les couloirs décrépis. Le ton est donné : ces lieux, où fourmillaient il n’y a pas si longtemps médecins, infirmières et patients, ont connu des heures de gloire désormais révolues.

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Une impression de crépuscule qui a envahi le cinéaste à sa découverte de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul situé au cœur de Paris. Au 17e siècle, cette institution dénommée " Hospice des Enfants-Assistés" accueillait des orphelins. Entre 2015 et 2017, l’espace désaffecté connaît une nouvelle mission : avec l’aval des autorités publiques, l’hôpital est reconverti en lieu d’hébergements pour personnes en difficulté. Intitulé "Grands Voisins – Fabrique de biens communs", le projet est monté avec une rapidité éclair, accueillant 600 résidents dans le besoin, et 260 associations, artistes, artisans ou start-ups portés par la volonté d’inventer d’autres manières de vivre ensemble. Un véritable petit village au cœur du 14e arrondissement, mais surtout un laboratoire social où transitent pas moins de 2 000 personnes par jour.

Pour contrer la morosité des attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, Bastien Simon veut retrouver des liens d’espoir et de solidarité. Il est de suite fasciné par ces bâtiments pourvus d’une seconde vie. Le projet le passionne et l’attire pour la joie de vivre de ses habitants, ces "gens de la marge", et l’engagement sans borne des acteurs associatifs comme William (directeur des lieux) et Aurore (de l’association Yes We Camp).

Le réalisateur, qui est également celui qui filme, s’est inspiré d’Ici Najac, à vous la terre de Jean-Henri Meunier (2006). Les Grands Voisins, la cité rêvée évoque en effet une certaine façon d’être citoyen et parle d’humanité. À travers sa belle galerie de marginaux, comme les membres du groupe de musique Kacekode : Mira dit "le miraculeux" et Thierry pour qui la musique est une force anti-précarité. Mais c’est Maël la grande trouvaille du film, l’artiste mauritanien aperçu en ouverture. Réfugié politique sans-papiers, l’homme inspire la joie de vivre. Pourtant, ce père de famille séparé des siens n’est pas au bout de ses peines. Il y a cet instant, particulièrement fort, où il interpelle le Premier ministre français et lui demande humblement de mettre fin au "déni de nationalité" dont il se dit être victime…

Car il est souvent question de politique : à travers les mots de Kamel, le chargé de la sécurité, qui commente en direct les résultats des élections présidentielles ; ou encore lors des assemblées générales dans l’amphithéâtre. François Hollande, Édouard Philippe, Anne Hidalgo : tous font des apparitions furtives pour vanter les bienfaits du projet. Simon filme avec distance cette valse politicienne, sans apriori. Un positionnement qui ne le prive pas pour autant d’intervenir en voix-off derrière sa caméra : une façon pour le cinéaste lorrain de revendiquer son adhésion totale au lieu et à son mandat.

En définitive, le film est un témoignage riche sur une utopie éphémère qui aura duré deux ans. Aujourd’hui, l’ancien hôpital sert à d’autres fins. De quoi susciter le débat et nourrir les aspirations.

Produit et distribué par La Vingt-Cinquième Heure, le film, privé de salles, est diffusé sur la plateforme 25eheure.com.

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