email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2020 Panorama

Critique : Le Père

par 

- BERLINALE 2020 : Le Serbe Srdan Golubović a présenté son nouveau film, un mélange de drame social à la Ken Loach et de road movie à pied, au Panorama de Berlin

Critique : Le Père
Goran Bogdan dans Le Père

Après Circles [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Srdan Golubovic
fiche film
]
, qui a gagné le Prix spécial du jury à Sundance en 2013 avant de faire sa première européenne dans la section Forum de Berlin, le réalisateur serbe Srdan Golubović est de retour à l’événement allemand, cette fois dans la section Panorama, avec Le Père [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Srdan Golubović
fiche film
]
.

Contrairement à son film précédent et celui d’avant encore, The Trap [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui évoquaient tous les deux des dilemmes moraux complexes, le nouveau film de Golubović, inspiré de faits réels et co-écrit par le scénariste croate Ognjen Sviličić (The Voice [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Ognjen Sviličić
fiche film
]
, These Are the Rules [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
), est une saga sociale plus classique qui devient un road movie à pied avant de revenir à sa colère à la Ken Loach dirigée contre ce système sans cœur qui écrase complètement le simple citoyen ordinaire.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le film s’ouvre sur une scène hyper intense. Une femme entre dans la cour d’une usine avec ses deux enfants et une bouteille d’essence, menaçant de s'immoler par le feu avec eux si son mari, fraîchement remercié, ne reçoit pas sa paie pour deux années de salaire et une prime de licenciement. Et elle fait comme elle dit, parvenant à brûler tout le côté droit de son corps avant que les travailleurs présents n'aient le temps de lui sauter dessus et d'éteindre le feu avec des couvertures.

Cette femme est Biljana (Nada Šargin, impressionnante dans chacune trois courtes séquences où elle apparaît dans le film), la femme de Nikola (Goran Bogdan, un des acteurs croates les plus demandés en ce moment), qui se dépêche de revenir de son travail de journalier, à couper des arbres dans la forêt, dès qu'il est informé de ce qui s’est passé. Après avoir brièvement parlé à la police, il se retrouve face à une commission des services sociaux composée de trois membres, présidée par Vasiljević (Boris Isaković), corrompu et arrogant. Ils l'informent que ses enfants vont être envoyés dans un foyer d’adoption, car il est jugé inapte à s’occuper d'eux, n’ayant ni électricité ni eau courante à la maison.

Au départ, Nikola ne comprend pas, il est incrédule, mais quand il commence à vraiment prendre la mesure de ce qui se passe, il décide d’en appeler directement au Ministère des Affaires sociales à Belgrade. Il va ainsi faire à pied les 300 km qui séparent son village, au sud-ouest de la Serbie, de la capitale, pour "leur montrer combien c’est important pour lui". Équipé d'une couverture, d'une bouteille de plastique remplie d’eau, d'une miche de pain et de bacon, le tout placé dans un sac à dos, il se lance dans une odyssée de cinq jours.

À travers le regard de Nikola, on voit le résultat de la succession de mauvais gouvernements que le pays a eus ces vingt dernières années : routes pleines de trous, usines et stations essence désertées, maisons de campagne et logements de province décrêpis... Chacun des épisodes, durant lesquels il rencontre des gens chaleureux ainsi que des personnes moins fréquentables, sert à peindre le tableau d’une société où le système en place ne sert que ceux qui ont des privilèges et sont au pouvoir, tandis que l’homme ordinaire est laissé pour compte et doit se livrer à un combat perdu d’avance pour ses droits les plus basiques. Non que Nikola soit un guerrier de la justice sociale : il veut seulement récupérer ses enfants. Joué par Bogdan avec une intensité extrêmement naturaliste, c'est un homme de peu de mots, dont les yeux et les expressions subtiles disent tout ce qu'on a besoin de savoir sur sa nature et son état d’esprit.

Golubović, qui a travaillé ici avec le chef-opérateur Aleksandar Ilić, le monteur Petar Marković, le chef-décorateur Goran Joksimović et le compositeur Mario Schneider, nous livre ici un drame social intense et puissant dans le premier et le troisième acte alors que celui du milieu, celui où le héros marche, a quelque chose de presque hallucinatoire, qui rend bien son épuisement et sa résolution de fer.

Le Père a été coproduit par Baš Čelik (Serbie), Propeler Film (Croatie), Neue Mediopolis Filmproduktion (Allemagne), ASAP Films (France), Vertigo (Slovénie) et SCCA/Pro.ba (Bosnie-Herzégovine). Les ventes internationales du film sont assurées par The Match Factory.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy