email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IFFR 2020 Voices Limelight

Critique : Gold

par 

- Rogier Hesp nous livre un récit d'apprentissage sur un grand gymnaste dont le passé non-résolu affecte ses chances de gagner au Championnat du Monde

Critique : Gold
David Wristers (deuxième en partant de la gauche ) dans Gold

Dans son premier long-métrage, Gold [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, Rogier Hesp raconte l'histoire d'un grand gymnaste nommé Timo qui s'entraîne avec l'équipe néerlandaise pour les Championnats du Monde. Alors qu'il travaille pour perfectionner sa spectaculaire chorégraphie, il doit gérer la pression qu'exerce sur lui son père Ward, exigeant car il voit à travers son fils l'accomplissement de son propre rêve de gagner la médaille d'or olympique. Il était jadis un gymnaste talentueux, mais un accident lui a paralysé les jambes pour le restant de ses jours. Hesp propose ici un film d’apprentissage puissant qui retrace les efforts de Timo pour se libérer de la camisole de force malsaine que représentent les attentes de son père. Gold a fait sa première mondiale au Festival international du film de Rotterdam dans la section Voices Limelight.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le film démarre avec des gros plans sur le personnage principal, Timo, joué par le gymnaste David Wisters, tandis qu'il écoute les recommandations pré-tournoi de Ward, joué par Marcel Hensema. Les plans sur leurs visages, les mains de Ward autour du cou de Timo et la cacophonie de leurs halètements font de ce passage une première scène dont le degré d'intimité gêne. Elle crée une tension et donne le ton : la proximité entre les personnages principaux nous permet de deviner combien ils se sentent mal à l'aise dans leurs propres corps. Dans le cas de Timo, c'est parce qu'il ne peut pas arriver à des performances qui correspondent aux standards irréalistes établis par son père et lui ; dans le cas de Ward, c'est parce qu'il a perdu l'usage de ses jambes. Cet inconfort est représenté visuellement dans des scènes où l'on voit Timo prendre soin de son père invalide : lui donnant son bain, le mettant au lit et nettoyant ses draps quand il les salit par accident. Leur relation est malsaine, et on en apprend davantage sur les nombreux problèmes non résolus concernant le divorce des parents. Cette intimité entre le père et le fils laisse une impression qui vous ronge, jusqu'au moment où on se rend compte qu'elle n'est pas du tout intime, mais régie par des sentiments ravalés et des émotions jamais partagées. Dire de ce film qu'il parle de performance physique ne rendrait même pas compte de la moitié de ce qui est dit ici. Le moteur de l'intrigue est le challenge psychologique consistant à se libérer des habitudes et apprendre à faire ses propres choix.

Pendant ses entraînements, Timo commence à avoir des sentiments pour la physiothérapeute Irene, jouée par Loes Haverkort. Comme Irene traite Timo, leur proximité concorde sans aucun doute avec ce qui se passe dans sa tête. Non seulement ces nouvelles évolutions l'empêchent de se concentrer pour décrocher l'or, mais elles l'éloignent aussi de son père. Ce dernier dépend de lui à un niveau malsain, et voilà que son fils le laisse gérer seul ses limites physiques.

Comme Irene le rejette également, à un moment, il renoue avec la douleur que sa mère lui a causée en l'abandonnant. Ces problèmes non résolus se manifestent par des limitations physiques, comme s'il s'était heurté à un mur invisible. Hesp réussit à restituer visuellement cette tension de manière fidèle. Les tons peu saturés et sobres de l'image font ressortir l'état mental sombre de Timo – l'imagerie du film se rapporte de manière générale aux dynamiques internes des personnages. Tout se précipite vers un dénouement dans lequel expectatives, espoir et désir trouvent une résolution frissonnante. Le Championnat du Monde ne semble soudainement plus aussi important. Juste avant le moment de vérité, Timo doit faire face à son père et à lui-même, tout en trouvant une manière de réconcilier ses contradictions internes.

Gold a été produit par Frank Hoeve et Katja Draaijer de la société néerlandaise BALDR Film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Chloé Matz)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy