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IFFR 2020 Deep Focus

Critique : An Impossible Project

par 

- Le réalisateur-producteur allemand Jens Meurer revient à ses origines documentaires avec un film qui inspire et intéresse, sur un enthousiaste visionnaire et son amour de tout ce qui est analogique

Critique : An Impossible Project
Le Dr. Florian "Doc" Kaps dans An Impossible Project

Le réalisateur Allemand Jens Meurer a commencé dans le documentaire, mais il a ensuite produit des films tels que Black Book [+lire aussi :
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d'Alexandre Sokourov. Il revient maintenant au documentaire avec An Impossible Project [+lire aussi :
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, projeté dans la section Deep Focus du Festival de Rotterdam. Il s'agit d'un tableau sur l'amour de la technologie analogique, qui fait actuellement un grand come back, en grande partie grâce au personnage principal, Dr Florian "Doc" Kaps.

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Doc est un biologiste et fan d'analogique viennois qui a joué un rôle clef dans la renaissance du Polaroid. L'entreprise l'avait invité à une fête organisée à l'occasion de la fermeture, en 2008, de leur dernière usine à Enschede, aux Pays-Bas, un an après le lancement de l'iPhone, l'année où Eastman Kodak commençait à démolir ses locaux. Doc ne voulait pas voir le Polaroid disparaître, alors il est parvenu à réunir un groupe d'amis et à récolter les 180 000 euros nécessaires pour racheter l'usine à l'entreprise, qui s'apprêtait à la vendre pour démantèlement.

À l'origine, Doc n'avait pas l'autorisation d'utiliser le nom Polaroid, alors il a appelé son entreprise Impossible et il a choisi comme siège Berlin, où il a employé un tas de créatifs, natifs du numérique. Son rêve avait de quoi inspirer, mais il était difficile à réaliser. La formule du film Polaroid avait pratiquement été perdue, car les produits chimiques nécessaires à sa fabrication n'existaient plus. Ainsi, le processus de redécouverte a commencé : les premières photos qui en sont sorties mettaient 40 minutes pour être développées, et si le résultat avait une chouette allure, il y avait beaucoup de défauts techniques.

C'est à ce moment-là que le photographe new-yorkais Oskar Smolokowski et son père, Slava Smolokowski, un joueur de clarinette et investisseur de classe mondiale, ont rejoint l'entreprise et commencé de rendre non seulement cette dernière mais aussi, et surtout, le produit, techniquement beaucoup plus aboutis et viables financièrement. Cela veut aussi dire que Doc a connu un destin similaire à celui de Steve Jobs (cité deux fois dans le film) : il a dû quitter l'entreprise qu'il avait créée.

La raison de cela n'est pas expliquée dans le film, et Doc semble ne garder aucune rancune. Évidemment, un esprit aussi actif ne pouvant tenir en place aussi longtemps, il s'est lancé dans de nouvelles aventures : Moleskine à Milan, un grand hôtel viennois de 1900, la plus grande usine de vinyle d'Europe et (revirement du sort pour le moins paradoxal) un certain géant de la Silicon Valley. Ce récent développement pourrait faire douter certains spectateurs de l'éthique de Doc et Meurer, mais ce sont des questions que pose forcément un documentaire qui aborde un tel sujet – et qui a entièrement été tourné en 35 mm, avec ARRI créditée parmi les sociétés de production impliquées.

En effet, Meurer est allé jusqu'au bout du concept, en utilisant une magnifique bande-son du Sascha Peres Orchestra et Haley Reinhart qui a été enregistrée en studio, directement sur vinyle. Au bout du compte, on a bien affaire ici à un film captivant, et souvent drôle, sur un sujet qu'il explore très bien, avec un personnage principal fascinant.

Un photographe interrogé dans le film parle des photographies physiques comme quelque chose qui permet de "faire l'expérience du réel", non comme "l'image de quelque chose de réel". Cela rend bien le changement de perception qui s'est produit au cours de cette dernière décennie, et des paradoxes comme celui-ci font de ce documentaire une source essentielle de matière à penser pour quiconque s'intéresse à la culture et aux médias et à leur développement à l'ère moderne.

An Impossible Project a été coproduit par Instant Film (Allemagne) Mischief (Autriche), en collaboration avec les enseignes allemandes ARRI et Weltkino, ainsi que la britannique Head Gear. Les ventes internationales du film sont gérées par la société viennoise Autlook.

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(Traduit de l'anglais par Chloé Matz)

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