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FILMS / CRITIQUES Serbie

Critique : My Morning Laughter

par 

- Le premier long-métrage du réalisateur serbe Marko Djordjević est une oeuvre de réalisme psychologique très originale comprenant une scène qui est probablement la meilleure scène d'amour de l'année

Critique : My Morning Laughter
Filip Djurić et Ivana Vuković dans My Morning Laughter

L'oeuvre qui a remporté le Grand Prix du 25e Festival du film d'auteur de Belgrade et vient d’être présenté en ouverture du Festival de Pančevo, est la surprise la plus agréable de l’année en termes de cinéma des Balkans, avec Honeyland [+lire aussi :
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. Marko Djordjević's My Morning Laughter [+lire aussi :
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, premier long-métrage du scénariste, réalisateur et monteur serbe Marko Djordjević, pourrait être qualifié de film de réalisme psychologique, et offre ce qui pourrait bien être la scène d’amour la plus naturelle et romantique qui ait été projetée sur grand écran cette année. On espère que les programmateurs des festivals internationaux auront l’intelligence de reconnaître ce petit joyau pour qu’il puisse percer en dehors des frontières nationales, ce qu'il mérite vraiment.

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Contrairement à la plupart des films que font en ce moment les jeunes réalisateurs serbes, celui-ci ne se passe pas à Belgrade mais à Kragujevac, une ville du centre de la Serbie qui était jadis connue pour son industrie automobile, et qui n'est à présent plus que l’ombre de ce qu’elle fut. Dejan (incarné par le fantastique Filip Djurić), 18 ans, vit dans une maison de style campagnard avec sa mère Radica (Jasna Djuričić) et un vieil homme constamment ivre qui s’appelle Rajko (Bratislav Slavković). Le film ne dit pas si c’est son père ou son grand-père, quoiqu'on puisse raisonnablement déduire que c’est sans doute le premier.

Après une altercation avec Rajko, Dejan se blesse la coup sous le coup de la colère et appelle sa mère en lui demandant de revenir à la maison. Sur le champ, elle quitte le travail pour venir lui bander la main. Les contours d’une dépendance œdipienne affleure déjà, avant même que la mère et le fils n'aillent ensemble consulter un diseur de bonne aventure (joué par l'acteur des Balkans le plus formidable de sa génération, Nebojša Glogovac, qu'on voit ici dans son dernier rôle avant sa mort en 2018).

Le voyant leur dit les choses telles qu’elles sont, dans une scène à la fois audacieuse, sensible et inattendue qui laisse à penser qu'on devrait le croire. Dejan est frustré sexuellement et c’est la faute de Radica, qui lui dédie trop de soins d'attention. Dejan est timide et Radica dans le déni, alors ils quittent tous les deux brusquement la séance.

Dejan, qui travaille comme enseignant à l’école élémentaire du coin, reçoit alors l'appel d’une collègue qui lui demande de venir la remplacer, parce qu’elle s’est fait mal au dos. C’est à ce moment-là qu’on rencontre Kaća (la merveilleuse Ivana Vuković), et la scène qui suit prouve que le voyant avait raison à propos de Dejan.

Quelques jours plus tard, à l’école, Kaća invite Dejan à un petit raout chez elle, événement qui culmine dans une scène d’amour dont le naturel frôle l'incroyable, tellement maladroite qu'on en a le visage qui se crispe, ce qui la rend encore plus romantique. La caméra de Stefan Milosavljević, fixe, est placée dans une position qui va contre toutes les règles de la mise en scène , et filme ainsi ce qui est sans doute la meilleure scène de sexe de 2019.

My Morning Laughter pourrait être décrit comme une oeuvre s'inscrivant dans la lignée du réalisme social, avec ses intérieurs post-communistes glauques et les motifs qui vont avec, mais ce n’est pas une saga de la misère noire. C’est plutôt un récit sérieux mais néanmoins joueur sur une génération qui a été surprotégée par ses parents, et qui se retrouve de fait non-préparée pour la vie adulte, dans une société bien pire que celle que les parents ont connue.

Malgré son romantisme fondamental, ce film est psychologiquement hyperréaliste, avec les pieds sur terre. Ceci est soutenu par l’absence de musique et le design sonore subtil de Stevan Milošević, qui parvient à faire en sorte que le spectateur "entende" le silence pendant tout le film : le bourdonnement d'appareils électroménagers qu’on ne voit pas, le bruit lointain des couloirs de l’école quand Dejan et Kaća discutent maladroitement dans la salle des profs.

My Morning Laughter est une coproduction entre les sociétés serbes Altertise e Cinne Rent.

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(Traduit de l'anglais)

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