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FILMS / CRITIQUES République tchèque / Slovaquie

Critique : The Glass Room

par 

- Cette histoire d'amour lesbienne sensuellement filmée par Julius Sevcik est un plaisir pour l'oeil mais ne propose rien de bien nouveau dans son propos

Critique : The Glass Room
Hanna Alström et Carice Van Houten dans The Glass Room

La dernière édition du UK Jewish Film Festival a accueilli la première britannique du film tchèque et slovaque The Glass Room [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Julius Sevcik. Dans cette histoire d’amour lesbienne sensuellement filmée, toute une vie de tyrannie, de censure et même le mariage vont brutalement diviser Liesel Landauer (Hanna Alström) et Hana (Carice Van Houten). Malgré un siècle de conflit continu – pendant lequel les nazis ont traqué leurs maris juifs, les communistes intercepté leurs lettres d’amour, et même leurs enfants ont du mal à les voir ensemble –, les deux femmes vont s'unir dans une structure qui avait été construite (ironie du sort) pour célébrer le premier mariage de Liesel : le chef-d’œuvre architectural de Von Abt du titre, dit le palais de verre.

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Le film commence dans les années 1930 sur la célébration du mariage heureux de Liesel et Viktor (Claes Bang), marquée par la commande de cette maison incroyable. Comme un couple riche l'aurait fait dans la Tchécoslovaquie des années 1930, ils passent leurs journées idylliques à s'adonner aux loisirs : la plupart de leur temps libre semble être passé à l'éducation des enfants sur leur vaste domaine et à recevoir de riches invités. Cependant, la vie impeccable de Liesel va vite être brisée en mille morceaux sous le poids de l’histoire. Viktor a une liaison, Hana confesse son amour pour Liesel et ensuite, la persécutions nazie va forcer Viktor et ses enfants à l’exil. Hana, loyale depuis toujours à Liesel, jure de veiller sur elle, dans cette maison, au fil des années. Pendant la période très difficile de l’occupation allemande et soviétique, les deux femmes font des choix déterminés par la nécessité de survivre plus que par leur libre arbitre, allant de l'avant comme elles peuvent pour pouvoir au moins vivre une journée de plus ensemble.

Les décennies s'écoulent, mais l’Histoire a moins d'impact après. Alors que les récits de victimes s'opposent les uns aux autres, The Glass Room souligne le fait qu’absolument rien ne devrait désormais faire obstacle à l’histoire d’amour lesbienne glorifiée qui prend le devant de la scène. Pour que Liesel et Hana soit heureuses ensemble, les occupants doivent quitter le pays, de même, suggère le film, que leurs maris juifs. Les brimades antisémites fait qu'à l'image des juifs est associée un attachement nostalgique qui doit rester dans le passé plutôt qu’apparaître dans le présent. Rien ne peut s’opposer à la fin heureuse que mérite l’amour d’Hana et Liesel, surtout pas des relations hétérosexuelles dont elles n'étaient pas heureuses dès le départ.

Les efforts de diction des acteurs en anglais semblent primer ici sur un véritable jeu d’acteur. Tandis que l’esprit libre de Hana porte Van Houten dans sa performance, la Liesel d'Alström est particulièrement insignifiante. Ses mots, soigneusement formés, semblent plus raides que contenus : elle semble accorder plus d'importance à la clarté de son énonciation qu'à une gestuelle plus naturelle.

Au-delà de ça, The Glass Room est clairement un film visuellement plaisant. Il emprunte à plusieurs prédécesseurs cinématographiques qui ont travaillé sous l’œil averti du directeur de la photographie Martin Strba, qui profite ici de la belle lumière qui passe à travers les panneaux de verre et joue des reflets. Les lieux du film jouent également très bien avec les concepts architecturaux de compression et de décompression. Comme dans un mélodrame hollywoodien des années 1950, Liesel et Hana errent toutes deux dans des espaces suffocants, tandis que leurs anxiétés restent internalisées. Il n'y a que dans un espace en expansion, la protection intérieure du palais de verre, qu'elles peuvent enfin respirer.

Alors que tout est beau dans le film de Sevcik, rien n'y est vraiment innovant. Il n'apporte rien de particulièrement éblouissant, au-delà de quelques vues magnifiques sur une oeuvre d’art brutaliste. Et peut-être qu’il y a une lueur d’espoir à la fin du film.

The Glass Room est sorti dans les cinémas tchèques le 14 mars 2019. Le film a été produit par In Film PrahaCzech TelevisionInvestito et TV JOJ. Sa distribution et ses ventes internationales sont assurées par Garfield Film.

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(Traduit de l'anglais)

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