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FILMS / CRITIQUES France

Critique : Chanson douce

par 

- Karin Viard délivre une performance d’actrice exceptionnelle et vertigineuse dans l’adaptation par Lucie Borleteau du roman de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016

Critique : Chanson douce
Karin Viard dans Chanson douce

"J’étouffe. Depuis leurs naissances, j’ai peur de tout et surtout qu’ils meurent". Pour une femme, l’irruption des enfants dans le quotidien est à la fois source de joie, d’angoisse et de nouvel équilibre à trouver dans sa vie individuelle, de couple et désormais de famille. Tel est l’état d’esprit de Myriam (Leïla Bekhti), jeune avocate parisienne voulant reprendre son travail pour s’extraire de la spirale (couches, poussette, entrées et sorties de maternelle, machine à laver, préparation des repas et nuits agitées) dans laquelle elle est plongée par ses deux enfants, Mila (cinq ans) et Adam (11 mois), ce qui dérange beaucoup moins son compagnon Paul (Antoine Reinartz), producteur artistique dans la musique. Bref, il s’agit maintenant de trouver une nounou à domicile et, au fil d’un casting de candidates, apparaît alors celle qui semble la perle rare, Louise (Karine Viard), le personnage-clé de Chanson douce [+lire aussi :
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de Lucie Borleteau, lancé aujourd’hui dans les salles française par StudioCanal. Mais les apparences sont trompeuses, voire dangereuses…

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Adaptation par la réalisatrice, Jérémie Elkaïm et Maïwenn du roman éponyme de Leïla Slimani, couronné par le prix Goncourt 2016, le film dresse un véritable piédestal à Karine Viard qui s’empare avec une maestria redoutable du rôle de cette nounou désaxée sous une perfection qui se lézarde peu à peu. Une menace que les parents mettent un temps infini à pressentir tant leur existence est facilitée par cette employée hyper professionnelle, serviable, plus que ponctuelle et disponible, maniaque du ménage, excellente cuisinière, complice et très à l’aise avec les enfants. Quasiment une nouvelle membre de la famille qu’on emmène même en vacances à Formentera et dont on pardonne les brusques petits accès de raideur qui ne sont en réalité que des signaux d’alarme de la grave dépression dans laquelle se débat cette veuve vivant très loin dans une banlieue économiquement défavorisée et s’astreignant chaque jour à de longs trajets en transport en commun afin de rallier son travail. Peu à peu, en secret, puis en présence des enfants dont elle manipule l’aînée dans le secret espoir que ses parents fassent un troisième enfant, la nounou commence à dérailler…

Au-delà de la performance extraordinaire de Karin Viard (qui avait d’ailleurs acquis elle-même les droits du roman, preuve qu’elle savait combien ce rôle lui irait comme un gant), suffisamment contrastée pour susciter une réelle empathie et un minimum de tendresse envers un personnage pourtant facilement assimilable à une pure psychopathe, et qui s’offre plusieurs séquence d’anthologie (la tigresse, le lâcher-prise dans l’appartement déserté de ses patrons, le pipi au pot sous les yeux médusés des enfants), Chanson douce joue la carte du suspense dramatique à la lisière du film d’horreur. Bien emballé par la musique de Pierre Desprats, l’ensemble pêche néanmoins du côté du couple de parents qui se révèle relativement peu crédible, aussi bien en termes d’alchimie des deux comédiens à l’écran que pour le manque de vigilance (ou le trop-plein de confiance) dont les surcharge l’intrigue. Complètement vampirisés par la nounou, ils incarnent finalement parfaitement un film sur lequel règne une actrice très et trop puissante pour eux et peut-être même aussi pour la jeune réalisatrice (dont c’est seulement le second long après Fidelio, l’odyssée d’Alice [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Lucie Borleteau
fiche film
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) qui a récupéré en route ce projet initié avec une autre cinéaste et qui signe là une œuvre hésitant entre le film de genre et le cinéma d’auteur, ce qui n’enlève rien à sa bonne tenue globale.

Produit par Why Not Productions et Pan-Européenne, Chanson douce est vendu à l’international par StudioCanal.

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