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BLACK NIGHTS 2019 Compétition

Critique : Gutterbee

par 

- Le 2e film d'Urlich Thomsen explore le choc qui se produit entre un fabricant de saucisses allemand et la bigoterie américaine

Critique : Gutterbee
Ewan Bremner dans Gutterbee

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, le deuxième long-métrage en tant que réalisateur de l’acteur danois Urlich Thomsen. Ce film est à la fois une satire, une comédie grand public et un drame sur le racisme et les saucisses qui flirte également, étant situé dans une petite ville américaine délabrée, avec le néo-western. Ce film a fait sa première européenne en compétition officielle au Festival Black Nights de Tallinn, un mois après sa première mondiale au Festival de Sao Paulo.

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Le personnage de Shérif Brown (Chance Kelly) sert ici également de narrateur, et nous guide à travers des événements qui se sont passés dans la petite ville du titre, au Sud-Ouest des États-Unis. Tout a commencé quand la brute raciste locale, Jimmy Jerry Lee Jones Jr. (joué par W. Earl Brown), qui se prend pour le boss de la ville, n’a plus d'ennemis à se mettre sous la dent et tourne son attention vers un Allemand tranquille, Edward Hofler (interprété par l'acteur écossais Ewan Bremner), fabricant de saucisses et universitaire, déterminé à ouvrir un restaurant de saucisses appelé Gourmet House of Refuge dans une ancienne chapelle qu’il a achetée en ville. Jimmy déteste tout ce qui est étranger, les gens comme leurs cuisines. Il se sert d’ailleurs du slogan de Trump America First comme manière de dire bonjour et place une confiance aveugle dans le talent divinatoire de son coq, qui peut sentir la présence des étrangers en ville. Personne n’aime Jimmy, à vrai dire, et personne n'est d’accord avec sa manière de voir le monde, mais personne n’ose lui tenir tête, sachant qu’il est soutenu par le prêtre évangélique cupide de la ville (Clark Middleton), du moins jusqu'au moment où Edward refuse d’abandonner son projet et de partir. En plus du shérif, qui reste plus ou moins passif, le film adopte parfois le point de vue d’un autre personnage, Mike (Antony Starr), un filou de profession et ancien homme de main de Jimmy qui est devenu le nouveau partenaire d'Edward dans son affaire après être sorti de prison et qui essaie de jouer les médiateurs avant que la confrontation ne s'envenime, ce qui, d'incident en incident, ne va pas manquer d'arriver.

Le grand problème de Gutterbee, c’est que le scénariste et réalisateur Thomsen ne semble pas certain de ce qu’il cherche à faire ici : une comédie dont l’humour va du drôle à faire rire à gorge déployée au dégoûtant en passant par le juste bizarre ; une satire ; un examen du paysage social de l’Amérique rurale ; un drame sur le racisme ou même un pamphlet contre lui ; quelque chose de totalement différent encore. Le film nous présente une galerie de personnages, mais chacun n'est défini que par un ou deux traits particuliers, et l’histoire dérive souvent dans trop de sous-intrigues qui tendent à n’aller nulle part et ne servent qu’à passer le temps, ou à décrocher un rire ou deux de plus, quand l'intrigue centrale ne se contente pas d'aller d'avant en arrière entre les deux parties en conflit.

La troupe, qui réunit une majorité d'acteurs anglophones issus du cinéma indépendant et de la télévision, a la tâche difficile de trouver et maintenir le dosage entre étrangeté et caricature qui convient le mieux à chacun de leurs personnages, mais le gros souci est que chaque comédien doit pour ce faire se débrouiller de son côté, seul. En tant qu'ancien acteur, Thomsen devrait être capable communiquer ses intentions à ses interprètes, et pourtant il ne semble pas qu'il l'ait fait, pour des raisons qu'on ignore : est-ce par manque d’intérêt, par manque de talent pour la mise en scène ou simplement le fait d'une absence totale d'idée quant à quoi faire de tous ces personnages.

Après, Gutterbee se laisse regarder. C'est un film facile, léger et drôle, finalement, en particulier quand Edward se lance dans de grands monologues sur l’histoire et sur les différents types de saucisses. Ce sont les meilleurs moments du film, avec ceux où il étrille la droite évangéliste pour son avarice et sa bigoterie. Les images aussi sont belles, grâce au travail de photographie d'Anthony Dod Mantle (Antichrist [+lire aussi :
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) dans des couleurs vives et estivales, et les oreilles se réjouissent également, la plupart des chansons de la bande originale ajoutant un autre niveau d’humour à l’ensemble.

Gutterbee est une production de la société danoise Pro Tempore Film.

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(Traduit de l'anglais)

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