email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VIENNALE 2019

Critique : This Movie Is a Gift

par 

- Le nouveau documentaire d'Anja Salomonowitz dessine le portrait très personnel d'un artiste et son travail, présenté comme un cadeau et à Daniel Spoerri, et au public

Critique : This Movie Is a Gift
Daniel Spoerri dans This Movie Is a Gift

Daniel Spoerri est un artiste suisse pluridisciplinaire avant tout connu pour son travail dans le domaine des arts visuels et comme moteur des mouvements Nouveau Réalisme, Fluxus et Eat Art. Au fil de sa vie longue et fructueuse (il est né en 1930 et il est toujours vivant et actif), il a également écrit de la poésie, été danseur de ballet professionnel, metteur en scène de théâtre d’avant-garde et réalisateur expérimental. Il constitue le sujet du nouveau documentaire d'Anja Salomonowitz, This Movie Is a Gift [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui a fait sa première festival dans le cadre de la Viennale.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

C'est un spécimen de documentaire atypique auquel on a affaire ici, et c’est évident dès le départ. Salomonowitz est également présente parmi les narrateurs et personnages actifs du film : elle déclare ses intentions directement dans le micro. Elle ouvre son film sur le court-métrage de Spoerri Resurrection (1969), un travail qu'elle passe dans son intégralité où l'artiste explore un motif qui l'a toujours préoccupé, le cycle de la vie, mais à l’envers.

Ce n’est qu’après ce court-métrage, qui prend huit minutes sur les 72 minutes que dure le documentaire, que la réalisatrice a placé le générique de début et présent ses personnages et sujets. Parmi eux, nous avons d’abord son propre fils, Oskar, qui brise la glace en lançant une plaisanterie avant d'adopter le rôle d’un narrateur chargé de relater les souvenirs d’enfance de Spoerri, ainsi que celui d’un personnage d’étudiant qui s’intéresse au travail de l’artiste. Ce genre de procédé pourrait sembler une faute de goût partout ailleurs, mais ici, il fonctionne très bien pour plusieurs raisons, l’une d’elle étant l’intérêt sincère qu'Oskar semble porter au travail de Spoerri et à la technique et à la logique derrière cela, ainsi que leur manière détendue d'interagir dans deux scènes qui interviennent plus tard. Une autre raison qui fait que cela fonctionne, c’est que Spoerri en impose par sa présence à la fois quand il parle de son art et quand il réfléchit sur son enfance de garçon juif non-pratiquant dans une Roumanie fasciste et de fils mal-aimé par son père, avec la sagesse et l’attitude d’un vieil homme riche de toute son expérience, et une absence totale de sentimentalisme qui complète bien la naïveté sincère, sans forcer, qu'affiche Oskar.

Salomonowitz est ici une narratrice active, qui explique les raisons pour lesquelles elle a voulu faire un film sur Spoerri et le formuler comme un cadeau à l’artiste. C'est qu'elle souhaite lui retourner le geste, un cadeau qu'il lui a fait à elle : un travail artistique ayant en son centre un objet qui appartenait à son père à elle, récemment décédé. Le sujet-artiste comme la réalisatrice sont définis par leurs relations avec leurs pères, bien que celles-ci soient complètement différentes.

À l’approche de la réalisatrice, qui est celle de la narration franche, correspond très précisément le style de réalisation qu’elle a choisi : l’équilibre délicat qu’elle trouve entre les plans fixes et les plans à l’épaule de Martin Putz, le design sonore direct mais décalé de Veronika Hlawatsch, souligné par les douces compositions musicales de Bernhard Fleischmann (dominées par un piano qui joue par-dessus une boucle électronique), et les coupes franches très nettes obtenues grâce au montage d'Eleonora Camizzi et Petra Zöpnek font de ce film un travail agréable à regarder et un beau cadeau, en effet, et à Daniel Spoerri, et au public.

This Movie Is a Gift a été produit par Anja Salomonowitz elle-même avec la société autrichienne Virgil Widrich Film- und Multimediaproduktion. Le film est déjà sorti dans son pays, avec Stadtkino Filmverleih. Ses ventes internationales sont assurées par Sixpack Film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy