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VIENNALE 2019

Critique : Moments of Resistance

par 

- Jo Schmeiser analyse le besoin de résistance à l'injustice et établit un parallèle réussi entre la Seconde Guerre mondiale et aujourd'hui

Critique : Moments of Resistance

Chaque époque présente une série de problèmes auxquels il faut résister, et la résistance contre la maltraitance ou la répression est une obligation éthique pour tout citoyen responsable au sein d'une société civilisée. Dans son essai documentaire Moments of Resistance, l'Autrichienne Jo Schmeiser tente d'établir un lien entre les jours glorieux de la résistance antinazie à la fin des années 1930 et au début des années 1940 et les mouvements contemporains qui font face aux formes d'injustice qui menacent la société telles que le capitalisme, le patriarcat et le racisme. Le film a fait sa première mondiale à la Viennale.

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Schmeiser combine plusieurs approches et techniques, largement dictées par les différents matériels qu'elle nous présente dans le film. Des individus représentant la société civile contemporaine sont directement interviewés davant la caméra qui détaillent leurs opinions, leurs positions et les actions entreprises par les organisations dont ils font partie. Il s'agit tantôt d'associations offrant une aide humanitaire ou juridique aux réfugiés ou demandeurs d'asile, tantôt d'entités qui proposent des cours d'auto-défense aux migrantes. De l'autre côté du spectre, comme il y a peu de témoins vivants pouvant parler du passé, Schmeiser s'appuie sur des témoignages enregistrés dans la période allant des années 1980 au début des années 2000, qu’elle confronte avec goût et intelligence à des images de personnes travaillant dans des usines et des champs, pour mettre en avant le milieu social et les tendances politiques des résistants antinazis. La réalisatrice use aussi d'autres types de documents provenant des Archives de la Résistance autrichienne de Vienne : ainsi, on peut voir les lettres que les membres du réseau de la résistance s'envoyaient entre eux ainsi qu'à leur famille, et d'autres ressources écrites, notamment des tracts manuscrits datant de la guerre et des textes de chansons et poèmes, comme le texte traduit du yiddish Notre ville flambe de Mordechai Gebirtig (1938), qui sert d’ouverture du film, ou encore des "blagues murmurées" (blagues tabous et critiques des autorités qui s'échangeaient à voix basse en Allemagne pendant la période nazie, ndlt.), qu'elle reprend sous forme de cartons.

La connexion entre ces deux formes de résistance n'est pas si évidente, puisque les méthodes pour exercer la pression et pour manifester sa résistance ont radicalement changé entre ces deux époques, de sorte que c'est au spectateur de trouver lui-même les ressemblances et différences. Toutefois, Schmeiser comble cet écart grâce à une témoin qu'elle présente très tôt : une Argentine d'âge moyen qui travaille actuellement dans le secteur civil autrichien, mais qui fut prisonnière politique pendant la dictature militaire. Son témoignage et ses conseils sur la façon d'être solidaire avec ses co-détenus constituent une pièce essentielle du puzzle qu'est ce film. L'autre connexion est la présence prédominante des femmes dans les mouvements d'antan et d'aujourd'hui, ce qui montre bien que la parité est un objectif de longue date qui n'a pas encore été complètement atteint.

Schmeiser réussit à la fois à transmettre un message clair et à réaliser un film important qui vient à point nommé. Ses compétences techniques sont impressionnantes, ses méthodes de présentation méticuleuses, et même sa façon d'utiliser le matériel réuni (les enregistrements audio ont été remis dans l'ordre en post-production et certains objets qu'elle filme apparaissent dans différents contextes) rend le produit final encore plus impeccable. Elle a bénéficié d’une aide considérable de la part de ses nombreux témoins et de sa petite équipe. La chef-opératrice Sophie Mantigneux et du monteur Michael Palm ont fait du très bon travail pour ce qui est de travailler à partir de différents matériels et de les fusionner de manière à en faire un film cohérent ayant un impact fort.

Moments of Resistance est une production autrichienne de Jo Schmeiser elle-même, avec la société Plaesion Film und Vision. Les ventes internationales du film sont assurées par Sixpack Film.

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(Traduit de l'anglais par Chloé Matz)

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