email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LONDRES 2019

Critique : White Riot

par 

- Le groupe d'activistes Rock Against Racism, acteur clef du punk britannique des années 1970, fait l'objet d'un hommage documentaire par Rubika Shah qui vient à point nommé

Critique : White Riot

Le premier long-métrage de Rubika Shah, White Riot [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, nous parle de Rock Against Racism, un groupe qui promeut la solidarité raciale sur la scène punk britannique. RAR (c'est l’acronyme utilisé constamment dans le film) a été au centre d’un groupe vivant et multiculturel de musiciens, d’artistes et d’organisateurs, un vrai rempart contre les forces conservatrices dans la société britannique de l’époque. Le film a fait sa première mondiale au Festival BFI de Londres cette semaine. Il est en compétition pour le Prix Grierson du meilleur documentaire.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

White Riot, bâti principalement à partir d’images d’archives rares, commence par souligner les étonnantes opinions politiques des stars du rock plus établies à l’époque. Eric Clapton en a outragé beaucoup en exprimant son soutien au politicien britannique notoirement raciste Enoch Powell sur scène, lors d’un concert à Birmingham. L’Angleterre était soi-disant "surpeuplée" et en danger de devenir une "colonie noire". David Bowie, auquel le film n'épargne pas un examen attentif, est montré en train d’affirmer, en 1976, que "la Grande-Bretagne pourrait bénéficier d’un leader fasciste" – plus tard, il est revenu nettement sur cette affirmation. En dépit de la large portée de l'éthique sociale qu'il prône, Rock Against Racism est né comme une protestation contre un phénomène touchant uniquement le monde de la musique. Son fondateur, Red Saunders, s’est senti trahi en voyant les grandes figures du rock faire cause commune de leurs opinions réactionnaires.

RAR a vraiment représenté une contre-culture, née d’une défiance profonde par rapport à pensée dominante. Saunders était auparavant surtout connu comme photographe pour les journaux anglais, mais il a aussi travaillé de nuit dans un théâtre de militants radicaux (un de ses rôles étant "Monsieur Oligarche"). Shah souligne qu'arriver à la musique à partir d'autres formes artistiques, peut-être plus élevées, est une grande partie de l'âme punk. A suivi la création du fanzine influent Temporary Hoarding, plus de nombreux concerts caritatifs dans Londres.

La gauche comme la droite ont été attirés par l’énergie perturbatrice du punk. Saunders et ses co-conspiratrices, Kate “en colère” Webb et Lucy Toothpaste, savaient qu’ils devaient faire basculer la balance et ouvrir le champ à des styles de musique plus diversifiés, représentés par des artistes venant principalement des communautés immigrées installées en Grande-Bretagne. On s’est alarmé de la manière dont le punk associé au Front National d’extrême-droite dure a canalisé la colère du mouvement. De la chanson “White Riot” des Clash, Ils n’ont entendu que son refrain, à entonner le poing levé, mais pas son message.

RAR a élargi da base, y incluant des artistes de reggae comme Steel Pulse et Matumbi. On peut aussi citer Alien Kulture, un groupe né au sein du mouvement RAR, formé uniquement pour mettre sur le devant de la scène des Britanniques d'origine asiatique. L'énergie de cette scène est venue des marges, de l’esthétique de collage de la presse underground que le film évoque amoureusement à travers plusieurs séquences d’animation stop motion.

Shah conclut le film par l'événement Carnival Against Racism organisé par RAR, une manifestation qui est partie de Trafalgar Square pour aller jusqu'à une salle de concert de Victoria Park, dans le quartier East End (alors un chantre du Front National). En tout, 100 000 personnes ont participé à cette marche, dont beaucoup de jeunes d'à peine vingt ans qui sont venus de loin pour rallier Londres. White Riot est galvanisé par son soutien au punk, ce qui crée un effet de contraste avec les salles miteuses où tout a commencé sur l’idée qu’une campagne par une groupe anti-racisme "fait maison" pourrait attirer l’attention du grand public.

Nous observons ici la passion des réalisateurs pour une sous-culture qu’ils ont découverte dans les annales de l’histoire de la musique, qu’ils voient comme un guide de bonnes pratiques pour les musiciens du présent. Il y a quelque chose du style d’Asif Kapadia dans la manière dont le film assemble différents niveaux de matériel d’archives et dont il rend l’Histoire totalement vivante. On peut l’accuser d’être nostalgique, car ce n’était qu’un concert de rock, mais ce sifflement dans vos oreilles est peut-être le vrai son de la résistance.

White Riot est une production britannique d'Ed Gibbs pour Smoking Bear Productions.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy