01/10/2019 - Ce film d'Anna Thommen et Lorenz Nufer repasse la tradition humanitaire de la Suisse en soulevant des questions parfois inconfortables

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fiche film], écrit et réalisé à quatre mains par les Suisses Anna Thommen et Lorenz Nufer, présenté en première mondiale au Festival de Zurich dans la section dédiée à la Suisse, l’Allemagne et l’Autrich, suit cinq personnages très différents qui sont cependant tous confrontés avec la même réalité : celle des nombreux migrants qui débarquent sans arrêt sur les côtes méditerranéennes.

Si le sujet n’est certainement pas nouveau (il suffit de citer les plus célèbres Fuocoammare, par-delà Lampedusa [+lire aussi :
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fiche film] de Markus Imhoof), c’est le point de vue qui change : c'est l’expérience de bénévolat vécue par les cinq personnages du film qui le rend particulièrement intéressant. La question des migrants, déjà précédemment observée sous bien des coutures, notamment du point de vue des secours et des habitants des côtes méditerranéennes, n’a toutefois jamais été abordée en donnant la parole aux nombreux bénévoles qui se sont engagés pour aider sans rien demander en échange. Quelles sont les conséquences d’une telle expérience ? De quelle manière le fait de vivre directement et volontairement la tragédie peut nous changer ? Voilà les questions autour desquelles gravite le nouveau documentaire d’Anna Thommen, eéalisé avec Lorenz Nufer.

À travers les témoignages directs d’un groupe hétérogène de Suisses partis comme bénévoles sur les côtes méditerranéennes, en particulier en Grèce, sur l’île de Lesbos – un couple d’agriculteurs, un ancien commandant de l’armée, une riche vieille dame, un célèbre acteur et animateur (Michael Räber) – , les réalisateurs cherchent à reconstruire l’expérience qu’ils ont vécue en mettant en avant les conséquences que cela a eu et continue d'avoir sur leur vie une fois rentrés dans leur pays.

Volunteer se fonde autant sur les témoignages directs des personnages, qui s’expriment sans pudeur devant la caméra, que sur les documents qu’ils ont recueillis (images tournées avec leur téléphone portable, photographies, petites vidéos ready made) pendant leur mission, deux perspectives intéressantes qui mettent face à face l’instantanéité du moment présent avec un discours plus longuement réfléchi. Si, d’un côté, c’est indubitablement l’émotion, et certain sentiment d’indignation qui accompagne désormais tous les gens qui ont fait physiquement l’expérience de la douleur de ceuc qui ont été arrachés à leurs terres, dans le film se font jour aussi des réactions moins prévisibles et avouables (un léger besoin d’héroïsme et d’omnipotence). Ce sont justement ces dernières qui nous donnent les informations les plus intéressantes sur ce que la tradition humaniste (de la Suisse mais pas seulement) est devenue dans un monde 2.0.

Si personne ne met en discussion les conséquences d’une telle expérience, il est impossible de ne pas s'indigner (ou du moins s’interroger) devant l'abîme qui sépare la vie des cinq personnages (tout spécialement la vieille dame, qui observe la vie de sa villa au bord d'un lac) et de celle des gens qui vivent dans les villages de tentes prévus pour accueillir les migrants débarqués en Grèce. Si la dame est la première à en avoir honte, la réalité reste ce qu’elle est : in juste. En définitive, Qu’est-ce qui les a amenés à aller jusqu’à Lesbos si ce n’est un besoin profond et thérapeutique d’expier la culpabilité d’être né au bon endroit ? Des questions inconfortables qui touchent beaucoup de nous et affleurent dans ce film de manière subtile mais précise, sans jamais cependant se transformer en leçon de morale.

Volunteer a été produit par Sulaco Film, qui en assure aussi les ventes internationales.

(Traduit de l'italien)