email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2019 Compétition

Critique : Gloria Mundi

par 

- VENISE 2019 : Robert Guédiguian amène dans la compétition vénitienne un humour dont elle avait besoin, mais c'est tout à fait involontaire

Critique : Gloria Mundi
Anaïs Demoustier dans Gloria Mundi

Difficile de dire où ça a déraillé dans le nouveau Robert Guédiguian, Gloria Mundi [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Robert Guédiguian
fiche film
]
, un film dont l’action se déroule à Marseille et qui a été projeté en compétition à Venise (à ne pas confondre toufefois avec le film réalisé par Nikos Papatakis en 1976, un titre qui semblait suggérer, entre autres, qu'il n'y a rien de mal à s’électrocuter pour devenir un meilleur acteur). Surtout si on considère qu’il y a seulement deux ans, il présentait sur le Lido le charmant La Villa [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Robert Guédiguian
fiche film
]
et que pour son nouveau film, qui marque sa quatrième visite à Venise, il a embauché des gens qu’il connaît comme sa poche, notamment ses réguliers Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, plus Anaïs Demoustier, qui après le film précédent, a été acceptée dans la famille.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Et cela vaut en dehors de l’écran et sur l’écran, car de nouveau, c’est un récit très intime. Sauf que cette fois, l'angle est beaucoup plus sombre : chaque personnage ici a besoin d’argent, parle d’argent, rêve d’argent et tente de collecter le moindre centime, qui s'avère de plus en plus difficile à trouver. Et bien que Guédiguian ouvre le film sur une scène de naissance triomphale accompagnée de musique d’opéra, celle de la petite Gloria, par la suite, les choses vont aller de mal en pis : sa grand-mère a besoin de soutenir les demandes de salaire équitable et de solidarité de ses compagnons de travail en grève, sa mère s’attend à être licenciée d’une minute à l’autre et son père (supposé) perd soudain ses revenus comme chauffeur Uber, après un passage à tabac par des chauffeurs de taxi locaux. Le grand-père, un ancien détenu, fait alors son entrée en scène, planqué dans un motel bon marché où il passe le temps en composant des haïkus.

À cause de phrases comme "mon cœur est violet comme une iris", injectées de temps ne temps dans l’histoire, ce qui était clairement censé proposer une approche touchante d’un combat épuisant pour avoir une vie digne, combat qui domine toute la vie des personnages (surtout que le manque d'argent finit par corrompre l'âme autant que n’importe quel excès), se met à tourner en roue livre jusqu'à une perte totale de contrôle. Chaque échange touchant (et il y en a quelques uns, notamment à chaque fois qu'Ascaride est à l’écran) est empesé par du sentimentalisme, de la bêtise pure et simple (comme cette scène de sniffage de coke enthousiaste dans la pièce-livraison) et des dialogues désolants – qui atteignent leur sommet avec cette phrase désespérée prononcée par Demoustier "Mon patron me laisse pas pisser", immédiatement suivie d'un "Embrasse-moi" et d'un petit coup rapide, tant qu'à faire. Dans quel but, on ne saura jamais.

Paraphrasant Marx dans sa note de réalisation, Guédiguian essaie de formuler un avertissement contre le néo-capitalisme, mais il semble avoir oublié d'un coup comment les vrais gens parlent vraiment. Et non, en toute probabilité, lesdits vrais gens n'ont pas nécessairement envie de regarder les vidéos porno amateur de leur sœur quand ils sont au lit. Enfin on espère. Mais le plus gros problème ici, c'est le fait que le tableau qui est dressé ici des difficultés économiques finit par devenir un tableau du privilège des blancs, comme quand un des personnages principaux déplore sa pauvreté (perçue) parce que son mari et elle "n’ont même pas de scooter". Qui sait, peut-être que c’est précisément ce que l’auteur essayait de parodier ici. Avant de se laisser distraire par tous ces haïkus.

Gloria Mundi a été produit par Marc Bordure, Robert Guédiguian et Angelo Barbagallo pour les sociétés françaises Ex Nihilo et Agat Films & Cie, en coproduction avec France 3 Cinéma et Bibi Film (Italie), avec la participation de Canal+, France Télévisions et Ciné+. En France, le film sera distribué par Diaphana Distribution. Ses ventes internationales sont assurées par mk2 films.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy