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LOCARNO 2019 Cinéastes du présent

Critique : Ivana the Terrible

par 

- Dans son deuxième long-métrage, Ivana Mladenović joue de la vulnérabilité et du narcissisme

Critique : Ivana the Terrible
Luka Gramic et Ivana Mladenovic dans Ivana the Terrible

Après Soldiers. Story from Ferentari [+lire aussi :
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, un premier long-métrage solidement ancré dans la réalité, la réalisatrice serbe Ivana Mladenović reste sur un ton extrêmement personnel dans son deuxième long-métrage, Ivana the Terrible [+lire aussi :
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, un parfait exemple de cinéma qu’on adore ou qu’on déteste. Le film, projeté au Festival de Locarno, où il a remporté le Prix spécial du jury Cinéastes du présent (lire l’article), est présentement au programme du Festival de Sarajevo.

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Inspiré par une crise personnelle survenue à l’époque où la réalisatrice terminait son premier long-métrage, Ivana the Terrible nou présente Ivana (Mladenović), une actrice serbe qui vit à Bucarest et qui arrive en train dans sa ville natale, Kladovo, sur la rive serbe du Danube. Il devient vite clair que la jeune femme ne va pas bien et, même si les tests ne montrent rien et que les docteurs insistent sur son bon état de santé, la manière qu'à Ivana de gérer sa crise sème le chaos dans sa famille. Une liaison avec un homme beaucoup plus jeune (Luka Gramic) et une proposition inattendue d’être le visage d’un festival local censé célébrer l’amitié serbo-roumaine pousse Ivana encore plus loin dans des eaux troubles.

Ivana the Terrible est un de ces films qui force le spectateur à faire un choix : ne prendre en compte que le film lui-même ou également considérer le processus de sa réalisation. Si on choisit la première option, Ivana the Terrible n’'évoque hélas pas plus que les folies d'une actrice délirante qui souffre de maladies liées au stress et de différents manques de confiance en elle. Les choses deviennent plus complexes si on prend en compte le fait que le film rejoue des événements réels et que les personnages qui entourent Ivana sont joués par ses parents et amis dans la vraie vie, dans des versions semi-fictionnalisées d'eux-mêmes. À mesure que cela devient plus évident, le film devient un exercice de vulnérabilité et de narcissisme, et le public est invité à prendre part à une séance de psychothérapie qui a des proportions gigantesques. Mais est-ce efficace ? Est-ce que la séance est intéressante et pertinente pour le spectateur ? Y a-t-il une vérité plus vaste là-dedans ? Notre réponse immédiate serait que non.

Pour ce qui est Satan d’être amusé, plusieurs personnages atypiques fournissent des moments suffisamment absurdes, parfois même à en éclater de rire, notamment quand Ivana s'entend demander par le maire de Kladovo si elle peut inviter des artistes roumains pour qu’ils participent au festival, et qu'arrivent l'ancien amant de l’héroïne (Andrei Dinescu) et sa nouvelle petite amie féministe (Anca Pop), qui vont présenter un spectacle que personne n’oubliera. Au-delà de Mladenović, les deux acteurs sus-mentionnés sont parmi les plus regardables du film, car il faut dire que la plupart des performances des acteurs amateurs d'Ivana the Terrible sont plutôt forcées ou trop hésitantes.

Le film fonctionne bien mieux quand il analyse la manière dont la célébrité peut devenir à la fois un avantage et un fardeau. Personne n’a jamais entendu parler d’Ivana dans la ville de Kladovo, mais dès que les gens se rendent compte qu’elle est actrice en Roumanie, elle devient une célébrité locale, selon une logique assez douteuse qui est qu'elle est actrice, et que donc elle doit être célèbre. Et comme elle est célèbre, ce qu’elle fait doit être pertinent ou important. Peu importe le fait que personne n’a jamais vu son travail ; c’est comme si le titre devenait la personne. Et ici, il y a beaucoup d’espace pour que la réalisatrice joue de manière intéressante sur la différence entre la réalité et la perception, ou l'opposition compliquée entre la réalité et les attentes qu'on en a.

Ivana the Terrible a été produit par la société roumaine microFilm en coproduction avec la maison serbe Dunav 84. Les ventes internationales du film sont gérées par l'agence canadienne Syndicado Film Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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