email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SARAJEVO 2019 Compétition

Critique : The Son

par 

- Le deuxième film de la Bosnienne Ines Tanović, qui a fait l'ouverture du 25e Festival de Sarajevo, est vraiment un film de Sarajevo et de génération

Critique : The Son
Dino Bajrović et Lidija Kordić dans The Son

Le deuxième long-métrage de la réalisatrice bosnienne Ines Tanović, The Son [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Ines Tanović
fiche film
]
, a fait l’ouverture du Festival de Sarajevo (16-23 août). L’événement commence généralement par un film assez grand public pris dans une section parallèle, alors quand c’est un film de la compétition qui est placé dans cette position, cela signifie que les programmateurs veulent faire passer un message.

Le film s’ouvre sur une scène où le personnage d’Arman (Dino Bajrović, pour la première fois à l'écran) dit au revoir à ses parents Senad (Uliks Fehmiu) et Jasna (Snežana Bogdanović) et à son petit frère Dino (Hamza Ajdinović) avant d’aller à l’aéroport pour se rendre à Zagreb. Une fois là-bas, il attend en vain une personne dont on va apprendre après qu'il s'agit de sa mère biologique. Abattu et seul, ce jeune homme en colère qui va bientôt avoir dix-huit ans retourne dans la vieille maison de famille que son père, architecte, est déterminé à rénover malgré un manque de moyens, au grand désespoir de sa femme, déléguée syndicale de la compagnie de transport public de la ville, qui connaît beaucoup de difficultés.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Arman, constamment en conflit avec son entourage, est impliqué dans une rixe avec un élève de son école qui malmène les autres et qui vend des drogues pour protéger la fille dont il est amoureux, Analuna (Lidija Kordić). À mesure que l’histoire progresse, les deux jeunes gens vont se rapprocher et on voit le garçon adopter une attitude complètement différente de celle qu’il a avec ses parents : on voit qu'il peut être gentil et ressentir des émotions, autres que la colère et le désir de rebellion. Il se montre aussi très protecteur par rapport à son frère, qui a quatre ans de moins que lui et qu’il amène avec lui pour traîner avec ses copains, mais auquel il interdit de fumer ou de boire.

À la maison, Senad et Jasna se disputent souvent, frustrés par la manière dont la situation économique et politique désespérée affecte leurs emplois et incertains de la manière dont il faut qu’il traitent leurs enfants. Arman se sent plus le bienvenu et plus aimé chez ses grands-parents, interprétés par Jasna Ornela Bery et Emir Hadžihafizbegović.

Cette décision de casting est ce qui connecte l'intrigue et le propos social du film : les deux acteurs jouent des parents au cinéma depuis vingt ans, ensemble ou individuellement, et voilà qu’à présent, ils incarnent des grands-parents. Un glissement similaire s'opère avec Fehmiu, qui jouait plus un personnage de fils dans le premier film de Tanović, Our Everyday Life [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Ines Tanović
fiche film
]
, et qu'on voit à présent en père.

Cet élément, à savoir le conflit des générations, est la fondation sur laquelle la réalisatrice construit son tableau d’une jeunesse sans but dans la vie, qui se fiche bien de l’histoire sanglante récente de son pays et qui, comme tous les autres jeunes dans le monde, passe la plupart de son temps collée à leurs smartphones, quand ils ne sont pas en train de boire, de se battre, de prendre des drogues ou de tomber amoureux. Une scène dans laquelle un des amis d’Arman met la main sur un sac plein d’armes et va les vendre en Syrie, pour ne revenir que dans un cercueil, laisse anticiper le dénouement intense du film.

Alors que Our Everyday Life restait fidèle à son titre, The Son a une intrigue centrale plus concentrée. Visuellement, Tanović montre de nouveau son penchant pour les images à plusieurs niveaux (grâce ici au travail du chef-opérateur slovène Mitja Ličen) : chaque image contient des détails significatifs au premier plan et au second plan. Fehmiu et Bogdanović excellent dans leurs rôles et les jeunes acteurs, pour la plupart débutants, mettent bien en avant les attitudes des jeunes : si on a, au début, l'impression que Bajrović surjoue un peu, on se rend vite compte que c’est un trait de son personnage, et non pas de l’acteur.

The Son a été coproduit par Dokument (Bosnie-Herzégovine), Spiritus Movens (Croatie), Luna Film (Roumanie), Monoo (Slovénie) et Cut Up (Monténégro), avec la participation de HBO Europe et Cinema City.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy